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2yeux2oreilles - Page 123

  • Carnaval de Bailleul

    C’était mon 2ème carnaval à Bailleul, une ville flamande à quelques kilomètres de la frontière belge.

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    N’allez pas leur dire qu’ils sont chtis ! J’ai appris ce week-end que les habitants de Bergues, à la sortie du fameux film, ont piqué une colère et défilé dans les rues avec des pancartes « A Bergues on est pas chez les chtis ». C’est qu’en Flandre, côté belge et côté français, on ne rigole pas avec ça.

    J’étais donc en Flandre ce week-end. J’y avais emmené ma copine Boug’ pour qui c’était la première dans le Norrrrrrr. Je vous rassure, elle est revenue avec tous ses orteils. Et quelques confettis dont elle aura bien du mal à se débarrasser.

    Samedi, nous avons profité d’une luminosité exceptionnelle pour arpenter les belles plages du Nord : Bray-Dunes, Zuidcoote et La Panne, côté belge. Dunes.JPG

    J’avais prévenu Boug’ : « Ici, ils aiment pas les français, je vais leur parler en flamand ». Sauf que je ne sais pas dire « Où est la plage » en flamand. J’ai baragouiné quelques mots et la vieille femme en face m’a dit avec un fort accent : « Mais vous ne parlez pas français ? » Gloups.

    Le soir, nous avons retrouvé une foule bigarrée et passablement imbibée dans les rues de Bailleul. Faut croire que nos perruques rouges en jetaient puisqu’un jeune homme en slip a donné un « zôt'che de Carnaval » à Boug’, en guise de bienvenue. Dans la foule, on nous repérait facilement. « Hé, les quadruplettes ! P’tain, j’adore les rousses ! » s’est écrié un jeune homme avant de nous claquer la bise.

    Dimanche, Boug’ a assisté à la messe des carnavaleux avec une pieuse femme, bien connue de Nicolas et Tonnegrande. Elle a eu sa dose d’émotions fortes puisque après avoir embarqué sur son passage  une statue de Jésus, rattrapée de justesse par Boug’, la brave femme a failli s’emplafonner un char de pingouins sur le chemin du retour.

    Un petit tour au Mont-Noir, le temps d’acheter quelques couques au sucre (oui, je dis couque et pas cramique, coquille ou pain-gâteau) et du filet américain (beurk !).

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    A 15h, un peu alourdis par le repas, nous nous sommes garés loin du centre et avons rejoint les 50 chars qui défilaient dans la ville. Une ambiance vraiment sympa et bon enfant. On a croisé des Bécassines, le char de la Soupe aux Scouts  - et la Denrée  - mais point de pingouins. 

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    « J’ai même pas mangé de frites » a dit Boug’. « T’inquiète, c’est prévu », j'ai répondu.

    Et au goûter, on a traversé la foule pour acheter trois cornets de frites à la Friterie Bailleuloise. De l’autre côté de la rue Pap’s était hilare derrière son chapeau de cow-boy. « Ben, y’a pas de picalili ? » a-t-il demandé quand je suis revenue. M’enfin, Fiso !

     

    * crédit photos : Boug'

  • Le bistrot d'Albert à Saint-Vallier

    Si vous passez par Saint Vallier, dans la Drôme, et que la faim vous titille, arrêtez-vous au 116 avenue Jean-Jaurès.

    Le bistrot d’Albert, au bord du Rhône et à 2 pas de la gare, on peut facilement le louper. Et si mon client ne me l’avait pas recommandé, sa façade de mauvaise pizzeria ne m’aurait pas tentée. Pourtant l’entrée exigüe cache une salle claire et spacieuse, sous une belle hauteur de plafond.

    Parmi les sémillantes serveuses, on croise une star du basket-ball local. J’ai laissé fondre dans ma bouche un filet de lièvre rôti aux marrons et à la poire confite, choisi sur le menu à 15 euros. Les déjeuners suivants furent un enchantement des papilles. Voilà un endroit que l’on quitte à regret.

    Le soir, j’ai traversé le Rhône pour dormir en Ardèche. A l’hôtel, j’ai demandé à la jeune serveuse. « Salade à la caillette, c’est quoi la caillette ? » « C’est une petite caille » a-t-elle répondu. C’est bon, la caillette. Mais je n’y ai pas vu l’ombre d’une plume.

  • A 2h40 de Paris

    Le quartier de la gare était déjà sinistre. L’agence de location était au bout du monde et j’ai remonté l’avenue en tirant ma valise. Au volant d’une Kangoo pourrave, je me suis perdue dans des quartiers lugubres, avant d’atterrir dans une zone industrielle déserte. On ne m’a même pas offert un café. Les problèmes techniques se sont enchaînés, le déjeuner dans un hôtel Campanile fut excitant au possible  et la journée s’est étirée à n’en plus finir dans un bureau trop sombre, entourée de 4 femmes aussi sinistres que le paysage.

    Le soir, j’ai eu envie de marcher un peu. J’ai repéré sur internet une avenue qui comptait de nombreux restaurants. J’avais oublié certains paramètres : une ville ouvrière sinistrée en province, un lundi soir de février. Les restaurants montraient porte close, je n’ai croisé qu’un chat, une mobylette pétaradante et trois voitures pendant cette demi-heure. En redescendant vers mon hôtel, je chantonne « Je marche seule, dans les rues sans personne … »

    J’ai rebroussé chemin et dans un restaurant décoré de stuc, j’avale un potage aux cinq légumes et une omelette à la ciboulette. Deux hommes sont entrés, l’un d’eux m’a fait un signe de tête qui pouvait vouloir dire « bon appétit ». Je me suis fait la remarque qu’il ressemblait au chanteur de l’ex-groupe de mon frère, avec 10 ans de plus mais il est espagnol.

    Dans ce décor surréaliste, « Femmes » de Jean-Luc Lahaye résonne et me projette des années en arrière. J’ai onze ans, je suis en pension au lycée français de Baden-Baden et le soir venu, dès extinction des feux, le walkman sur les oreilles, j‘exécute avec mes copines, dans les toilettes où les « grandes » fument, des chorégraphies ridicules.

     J’aime bien ma nouvelle vie. C’est vrai, en plus. Je voyage, seule, dans des villes que je ne connais pas, je savoure les spécialités locales et je travaille, chaque semaine, avec des gens que je ne reverrai jamais.    

  • Faisait pas un temps à mettre 3 blogueuses dehors ...

    Le Café du Rendez-Vous, bel endroit pour une rencontre avec Gicerilla, initiée par Bougrenette, la fédératrice. On m'avait confié la mission (pourquoi moi, on se le demande) de dégoter un endroit "savoureux, sympathique et pas trop cher" pour un brunch paresseux.

    C'était un beau dimanche ensoleillé, j'étais d'excellente humeur et prête à dévorer un sanglier après mon jogging hebdomadaire. Le Café du Rendez-Vous, j'étais passé devant à maintes reprises, et j'avais repéré la carte, fort gourmande (j'ai appris depuis que son nom vient du fait qu'il fut un lieu de rencontre des résistants du sud de Paris pendant la seconde guerre mondiale).

    Nous fûmes d'abord prises en charge par une jeune femme aux pommettes rouges, souriante. Qu'on se le dise : le service est irréprochable au Café du Rendez-Vous. 

    Lorsque nous avons commandé un brunch comportant une farandole de festivités, elle nous a dit "Vous avez toute l'après-midi pour le savourer!"

    Réflexion plutôt surprenante vu l'affluence et quand on sait qu'habituellement, les restaurateurs ont pour principal souci de nous faire déguerpir au plus vite pour encaisser le plus de couverts possible.

    Nous ne sommes pas des femmes compliquées. La même commande pour toutes les trois. La jeune femme fut relayée par un homme fort sympathique, la cinquantaine. Quand je demandai son prénom, il répondit "Je porte chance". J'essayai de deviner ... Feràchval ? Trèfle ?

    "On me trouve à Noël"... Guy

    Guy nous apporta un panier de viennoiseries, des tartines beurrées, du pain, un « smoothie *» à la banane et une assiette d'oeufs au plat sur du bacon. Nous avons dévoré le tout, recommandé du café, bavardé, ri. Ca a bien pris une heure. Repues, on nous débarrasse pour nous amener ... des planches de charcuterie et fromage. Nous poussâmes de grands cris de surprise "Ah, on avait oublié qu'il y avait les planches ! Si j'avais su, je ne me serais pas gavée de pain". Moi j'ai réussi à presque tout finir, on dira que c'est parce que j'avais couru avant de venir...

    Après les planches, nous eûmes encore droit à de jolis gobelets en porcelaine blanche contenant de la compote de pommes, des yaourts et des Granola.

    "Faut qu'on marche", dit Gicerilla. Guy nous a raccompagnées jusqu'à la porte, distribuant au passage des cartes du restaurant (je reviendrai, pour sûr). On a remonté l'avenue jusqu'à Port-Royal, je me suis arrêté, comme à chaque fois, devant la statue du maréchal Ney, brandissant son épée, statue érigée à l'endroit même où on le fusilla . Je l'aime particulièrement, cette statue, je la trouve majestueuse.

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    Presqu'en face, le bâtiment si laid du CROUS, puis le surprenant édifice en briques rouges abritant l'Institut d'Art et d'Archéologie, classé monument historique. 

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    Il s'y tenait une petite fête, à en juger par les mélodies de zouk que j'ai entendues en collant mon oreille aux portes d'entrée. La lumière baignait les toits de Paris de reflets dorés, le froid était vif et rougissait le nez de Boug'. Plus loin encore, nous sommes entrées dans le jardin du Luxembourg. Sur le boulevard Saint-Michel, mon oeil alerte fut attiré par un drôle de bonhomme. Juché sur de curieux patins à roulettes, un type en culotte rouge, avec une sorte de képi sur la tête, était plongé dans des BD. J'appelle discrètement les filles, et paf! en photo, le papy. Intriguées par ses patins à roulettes, Gicerilla l'aborde pour lui demander ce que c'est. Ce sont des freins, dit-il, ça me permet de freiner les pieds en parallèle, comme avec des skis. La classe !

     

    Nous sommes maintenant frigorifiées, la balade n'est plus agréable, les bouts de pied gelés, il est temps de rentrer se mettre au chaud. 

    Le Café du Rendez-Vous, c'est au 2, avenue du général Leclerc (01.43.21.34.05)

    Note : Toutes les photos chez l’inimitable Boug’

    * A propos des smoothie : Je ne supporte pas cette nouvelle mode d’appeler « smoothie » des cocktails de jus de fruits ou légumes !

  • J'me fais pomper régulièrement moi aussi

    Samedi, 8h30, le réveil sonne. Moins d’une heure plus tard, je pédale sur une des avenues les plus défoncées de Paris. Y’a des trous et des bosses tous les 10 mètres. Tacatacatac sur les pavés, je salue le lion de Belfort qui détourne le regard. Il scrute l’ouest, le con. On l’aura mal renseigné.

    Quelques minutes plus tard, je suis à la cafétéria où un jeune homme en blouse blanche, bouc finement taillé, me sert une boisson chaude en m’affublant de grands « Madame ». La radio diffuse un air familier. « C’est Nova ? » demandai-je. Oui, répond-il. S’ensuit une discussion passionnée sur la musique et les inepties de certaines rubriques. Nova, c’était mieux quand ils ne parlaient pas. Jérôme, puisque c’est son prénom, me conseille FIP. Un docteur jovial vient me chercher. Je fais l’innocente « C’est moi que vous attendez, docteur ? ».

    Tandis qu’une machine sophistiquée trie mes plaquettes, au chaud sous des couvertures, je visionne « 7 ans ». Un peu tordu mais pas mal, franchement. Vu sa gueule, je comprends qu’elle soit prête à l’attendre 7 ans, son taulard. Presque 2 heures après, je retourne à la cafétéria. Jérôme demande « Qu’est ce que je vous sers madame ? ». J’ai envie de lui dire d’arrêter de me servir du madame. « Une pinte de Guinness » je réponds inocemment, en détaillant la carte du menu, que je connais pourtant par cœur.

    Il dissimule un sourire. « On a pas ça, c’est un hôpital, ici, Madame ». Je réponds, avec un sourire malicieux « Et alors ? C’est très bon pour la santé, la Guinness. »

    Autour de la table, ceux qui sirotent un thé sourient. Jérôme regrette, pas de Guinness en stock. « Vous avez tort, Jérôme, vous devriez en parler à vos patrons, et moi je vais le mettre en suggestion sur votre livre d’or. La Guinness c’est plein de minéraux, un excellent reconstituant. A boire et à manger tout à la fois ».

    Comme il insiste, je me résigne à boire un thé. Jérôme tient absolument à ce que je m’asseye. « Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié, on est bichonnés ici ». Sur ces mots, la brune chargée de l’accueil rapplique et corrobore mes propos. « Vous savez que dans les années 70, on proposait un quart de rouge ou une bière + quatre cigarettes aux donneurs ? » Je triomphe « Ah ben, vous voyez, Jérôme, que je raconte pas de conneries ! Franchement, c’est déprimant votre jus d’orange et vos biscuits, là ! Offrez-nous de la rillette, un truc qui tient au corps quoi …» La brune est super sympa. Je la connais bien. On discute, on rigole. Elle dit qu’elle est bientôt en retraite, j’aurais jamais cru.

    Plus d’une demi-heure plus tard, je suis toujours là à discuter avec passion de musique. Jérôme est amateur d’afrobeat et de musiques électroniques. On détaille ensemble la relève des fistons de Fela. Il connaît l’album « Trouble Man » de Marvin, et aussi Sporto Kantes, Wax Tailor et Metronomy. Mais pas Anthony & the Johnsons. Comme j’ai quelques années d’avance sur lui, il n’a pas connu l’époque où radio Nova ne diffusait que du zouk. Ni celle où Dee Nasty passait du bon rap old school. Comme moi, il s’irrite du détournement du terme R & B pour désigner la soupe de pleureur qu’on entend sur les radios commerciales. Otis Redding ne méritait pas ça.  Sur un bout de papier, Jérôme liste des labels et des noms de chanteurs que je ne connais pas. Me conseille d’aller danser un soir à la Bellevilloise.

    Quand mon téléphone sonne, la voix dans mon oreille dit « Je suis à 4 stations de chez toi ». « Oh merde, chuis à la bourre », je lâche. Je chope la liste de de Jérôme au vol, au revoir tout le monde, à bientôt et je file sur mon vélo, pas trop vite quand même, faudrait pas que je fasse un malaise.