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Bouillon de culture - Page 5

  • Persepolis

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    Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l'avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah.
    Avec l'instauration de la République islamique débute le temps des "commissaires de la révolution" qui contrôlent tenues et comportements. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire.
    Bientôt, la guerre contre l'Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère.
    Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l'envoyer en Autriche pour la protéger.
    A Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l'adolescence, la liberté, les vertiges de l'amour mais aussi l'exil, la solitude et la différence.

    J'étais pas très chaude pour voir ce film d'animation, adaptée d'une bande dessinée, dont on a tant parlé et qui a obtenu le prix du Jury à Cannes. Je suis devenue méfiante envers les films "à prix". C'était pourtant drôle et triste à la fois. Emouvant. Très réussi.

  • "2 days in Paris"

    0037aa79d0c8f51871b4c33bc7991089.jpg Samedi soir, j’ai reçu un sms de ma douce Esperanza qui me proposait un dîner. Le hammam prévu, on ira à son retour de vacances. J’avais envie de me faire un ciné, nous nous sommes donc retrouvées à Odéon devant « 2 days in Paris » de Julie Delpy, dont j’ai entendu le plus grand bien.

    "Marion, photographe d'origine française, vit à New York avec Jack, architecte d'intérieur. Pour donner un nouveau souffle à leur relation, ils partent en voyage à Venise - mais leur séjour est gâché lorsque Jack attrape une gastro-entérite... Ils décident alors de se rendre à Paris où Marion a toujours des attaches.
    Là encore, l'escapade amoureuse tourne court : entre les parents envahissants de la jeune femme, ses ex-petits copains dragueurs et la manie de Jack à prendre en photo la moindre
    pierre tombale, le couple ne trouve aucun répit !
    Parviendront-ils à surmonter la tempête ? Ou passeront-ils maîtres dans l'art de la dispute ? »

    Dès les premières minutes, le cynisme du fiancé américain dans la scène du taxi m’a fait rire. Ensuite, tous les clichés sur les Français sont dépeints avec beaucoup d’humour et de vérité, à part en ce qui concerne les parents où je trouve que le côté cul est très exagéré. Ce que j’ai trouvé très fort, c’est la fin du film. Après toute cette loufoquerie, le chat, les parents, les ex, la réflexion de Julie à la fin du film est tellement vraie. L’amour est une série de débuts et de fins, jusqu’au jour où on comprend qu’il y aura toujours quelque chose qui n’ira pas et qu’on accepte enfin l’autre tel qu’il est, imparfait.

    Ensuite, nous avons marché le long des quais, une douce lumière bleue émanait en contrebas de Paris Plage. Il faisait bon, les bateaux mouche transportaient leur lot de touristes, les vélos circulaient en toute quiétude. Nous avons enjambé la Seine en savourant notre chance de vivre là. Esperanza m’a raconté que Samir et elle se tapaient le CD du Roi Lion que j’ai offert à Adam en boucle, à chaque repas. Elle me fait toujours rire quand elle me raconte les dernières trouvailles de ses fils qui la rendent chèvre. En ce moment Adam, qui a 6 ans, se plaint que son petit frère Zacharie, 2 ans, le tient « comme s’il était son amoureux ». Je suis heureuse qu’elle ait épousé un homme comme Samir. J’avais peur pour elle, tellement peur qu’elle tombe sur un homme qui brimerait son indépendance et sa joie de vivre.

    Nous avions envie de picorer et sommes allées dans le Marais, chez Hanna. C'est souvent là que nous finissons, en évitant désormais « Chez Marianne » où les serveuses font les belles au lieu de faire leur boulot. On a mangé des assiettes orientales, falafel, caviar d’aubergines, tarama et tahini, avec du thé à la menthe, j’adore ça. Du coup, hier, je suis allée chez mon boucher hallal acheter un gros bouquet de menthe pour m'en faire à la maison.

    Hier, je rentrais de la piscine en vélo quand j’ai entendu du son latino dans le stade à côté de chez moi. Chaque année, il y a un tournoi de sport dans ce stade, de la musique latino et des stands de gastronomie sud-américaine. L’occasion de retrouver un peu l’ambiance du Venezuela et de parler espagnol. Mon coloc’ et moi on s’est attablés devant des assiettes de « arroz con pato » et un tamal au porc. On a tapé la discut’ avec Armando, un péruvien qui avait fait la bouffe, parlé du Pérou, du Mexique, du Venez'. Il a essayé de me convaincre d’aller danser avec lui le soir même, et nous a invités le week-end prochain à la fête nationale du Pérou. On y sera.        

  • Cinéma en plein air à la Villette

    Paris l'été, et bien que ce dernier se fasse encore capricieux, ce sont des glaces savourées en flânant, les orteils à l'air libre dans des tongs, les jupes froufroutantes, le soleil qui caresse la peau, les langues du monde entier qui se mélangent dans l'air, les rues enfin accessibles aux vélos et piétons, l'herbe tendre dans laquelle on s'allonge pour bouquiner, sous le pépiement des oiseaux.

    Paris l'été, ce sont des films en plein air et des concerts gratuits.

    Le festival du cinéma en plein air de la Villette a commencé il y a 3 jours, le programme, c'est ici.

    J'ai noté dans mon agenda, à voir, "Lady Chatterley", "Bamako", "L'homme sans passé", "Nobody knows", "Marie-Antoinette", et revoir, en essayant de ne pas pleurer, "Million Dollar Baby".

    Vous les avez vu ? Vous voulez les voir ?

  • Fragile(s)

    7aee9a3d2ce754b195ae3810f8c7fb27.jpgFragile(s), divertissement sympathique mais décevant malgré un casting prestigieux : François Berléand, Caroline Cellier toujours aussi sexy, Jean-Pierre Daroussin, Marie Gillain, Jacques Gamblin. Ces solitudes qui se croisent, si elles ne m'ont pas émue, m'ont fait penser à un autre film qui lui, m'a bouleversée et fait partie de ma collection de films "mythiques".

    Ce film dont j'ai envie de vous parler, c'est Magnolia, de Paul Thomas Anderson, sorti en 2000. 

    Earl Partridge, âgé et malade, va bientôt mourir. Il demande à son fidèle infirmier de retrouver le fils qu'il a jadis abandonné. Sa jeune épouse, qui convoitait sa fortune, devrait se réjouir mais n'y parvient pas. Frank Mackey, jeune gourou cathodique de la séduction masculine, s'est construit un passé et une vie. Mais combien de temps le masque peut-il résister? Toutes ces vies s'entrecroisent le temps d'une journée comme les autres sous le soleil de Californie.

    Magnolia est un film qui m'a émue et me serre le coeur à chaque fois que je le visionne. Tous les acteurs sont magnifiques mais j'ai surtout été surprise par le jeu de Tom Cruise, que je n'appréciais pas beaucoup jusque là. Il y tient un rôle très intéressant de gourou sexuel, cynique et arrogant, loin de ses habituels rôles de gendre idéal.

    J'y ai découvert Philip Seymour Hoffmann, bouleversant, qui a ensuite été récompensé pour son rôle dans "Truman Capote". Et la superbe Julianne Moore qui réalise, alors qu' elle va le perdre, qu'elle aime son mari à en crever. Des scènes étonnantes, décalées, une pluie surréaliste qui s'abat sur la ville, Julianne Moore qui nous offre un formidable pétage de plombs dans une pharmacie, un gamin qui donne une leçon magistrale aux adultes, en direct à la télé. 

    C'est un film magnifique sur les regrets, les non-dits, les blessures enfouies qu'on colmate à coup d'alcool, de drogue, de cris, les carapaces qu'on se forge et qui se fissurent, les apparences trompeuses. Un film magnifique sur l'amour.

  • L'avocat de la terreur

    fe04aefccac08c1d947e771efe3ea9bd.jpgVu hier le documentaire sur la vie de Jacques Vergès. Ces 2h15 passent sans qu'on s'en rende compte. La vie de ce personnage si controversé est comme un thriller sur fond d'espionnage et de terrorisme.

    Dès le début du flim, lorsque Vergès évoque le 8 mai 1945 qui commémore, pour lui, les massacres de Sétif en Algérie, le malaise s'installe. Vergès le dit, né d'une mère vietnamienne et d'un père réunionnais, il comprend parfaitement la lutte des Algériens pour l'indépendance et ne condamne pas leur violence. Né colonisé, en colère, il n'a jamais pu oublier les images de son enfance, celles d'êtres de couleur qui devaient s'écarter sur le passage des blancs. Il en gardera pour toujours l'incapacité à supporter "qu'un homme soit humilié". J'ai trouvé la première partie passionnante, et très romanesque son histoire d'amour avec Djamila Bouhired, jeune poseuse de bombes du FLN et héroine du peuple algérien. Beaucoup d'émotion aussi lorsqu'il visite la prison d'Alger avec les anciennes condamnées à mort. J'ai en revanche eu un peu de mal à comprendre, ne connaissant pas le contexte et surtout ses motivations, ses liens avec la bande à Bader et Carlos. Des moments forts aussi : Bouteflika sur le tarmac de l'aéroport d'Alger avec Carlos, la résistance palestinienne financée par un nazi suisse, Vergès qui dit "J'aurais défendu Hitler et même Bush (sic) à la condition qu'ils plaident coupables." De l'humour avec les anecdotes de Siné qui se désole de la conversion à l'islam de son pote bouffeur de cochon. Et aussi des questions restées sans réponse. Pourquoi a-t-il protégé Moïse Tshombé, assassin de Lumumba ? Pourquoi, lui qui s'était illustré en défenseur des opprimés, a-t-il défendu des dictateurs africains sanguinaires ? Le jeune homme révolté et profondément humaniste ne s'est-il pas transformé en personnage cynique motivé par l'appât du gain ? Et pourquoi avoir abandonné Djamila Bouhired et ses enfants en Algérie ?

    Vergès reconnaît avoir éprouvé de la sympathie et même de l'estime pour des ordures notoires. Cela me semble tout à fait humain, car pour ce que j'en pense, les bourreaux sont souvent d'anciennes victimes. J'ai trouvé le personnage sympathique et immensément brillant. Il a poussé son métier à l'extrême, risquant la mort, sacrifiant sa vie personnelle, haï par tant de gens et décrié par ses confrères. Et je retiens cette phrase de lui, qui pour moi, justifie ses choix : "Tout homme a le droit d'être entendu et un avocat a le droit d'accepter ou non d'assurer sa défense. Mais si on l'accepte, alors on doit le défendre avec toutes ses tripes."