Il était à peine 18 heures hier soir lorsque sur la place de l’Hôtel de Ville tout illuminé, j’ai retrouvé Aïn, « le premier blogueur que j’ai rencontré pour de vrai ». Lorsque je découvris qu’il était de passage à Pari, je lui proposai, sans trop y croire car il est timide, de m’accompagner à Paris Carnet. Contre toute attente, il accepta sans hésiter. Il était caché sous un chapeau, lui aussi, le même que Marc Veyrat, d'ailleurs …
Et voilà qu’après avoir discuté de ses – nombreux – projets dans le bus qui nous déposait là ou Ménilmontant et Belleville s’épousent, nous poussons la porte de l’Assassin.
« Vous êtes les premiers », dit Hadrien. Nous tombons les chapeaux et nous asseyons, Aïn n’a pas changé, ses tempes sont juste saupoudrées d’argent, et ça lui donne encore plus de charme. Peu de temps après, la silhouette de rugbyman de Boby apparaît dans l’encadrement de la porte. Le Sud en force, ce soir !
Bientôt, les yeux bleus de Bénédicte s’installent à côté de moi. Puis Boug’ qui sort l’appareil photo à peine assise et me canarde, mine de rien. Faut faire gaffe à cette nana, moi je vous le dis, Boug’ elle tient son appareil photo comme d’autres tiennent leur clope, dans des positions improbables et donc supposément inoffensives, et avant que vous ayez le temps de dire ouf, vos amygdales, votre décolleté voire pire se retrouvent en gros plan, heureusement anonyme, sur un de ses judicieux montages.
C’est à cet instant, msieu-dames, qu’il m’arrive quelque chose de drôle. Je m’absente un instant (les dames biens disent « pour me repoudrer le nez », donc on va dire ça …) et en revenant vers notre table, j’avise un jeune homme - ma foi pas dégueulasse - attablé au comptoir. Je le regarde, marque un temps d’arrêt, il me fixe aussi, avec le même air interrogateur. J’avance vers lui « On se connaît, non ? T’es blogueur ? » Il bafouille, essayant en vain de se cacher derrière son journal « Heu, pas vraiment, enfin, oui, mais bon, je suis incognito, en fait … » Je me lance, fouillant dans mes souvenirs « Tu t’appelles … Antoine ? » « Heu, non … » Et là, illumination ! Je ne l’ai pas rencontré sur les blogs. C’est l’homme avec lequel j’ai vécu pendant 6 ans !
(nan, j’déconne !!!)
En fait, ce garçon blond à la mèche un peu rebelle, je l’ai rencontré à une soirée du café de l’amour, il me semble d’ailleurs que c’était la fameuse soirée avec Françoise Simpère. Nous avions poursuivi la discussion au Ménilmontant, avec lui, donc, ma copine Chacha et d’autres joyeux drilles qui n’avaient pas envie de se coucher tôt. Je lui avais demandé son numéro de téléphone et ne l’avait jamais appelé (je fais ça régulièrement quand je manque d’inspiration, pour ma grille de loto du vendredi).
Il sont deux comme ça à s’être planqués au bar pour observer ces groupes de blogueurs qu’ils ne connaissent pas. F. me dit qu’il a été invité par une blogueuse. Quand il me donne le nom de son blog, je souris. Il y a quelques mois, elle était entrée ici, hésitante, timide, sur mon invitation et je l’avais reconnue sans la connaître. Je les invite à se joindre à notre table. L’autre jeune homme, c’est Monsieur Pingouin. Et puis, Nichevo arrive, tout frigorifié sur sa moto. Un peu plus tard, la grande silhouette tout en longueur d’Oh !91 glisse jusqu’à nous. Embrassades, présentations, rires, comme d’habitude et puis une nouvelle, encore, décidément, c’est chouette ce soir, y’a plein de surprises, c’est PrincessOnLine ! Dans le brouhaha, on n’a pas eu le temps de vraiment faire connaissance mais on s’est promis une soirée en comité restreint. Tiens, Fauvette n’est pas là, ce soir. Un peu plus tard, d’autres yeux bleus rieurs, avec lesquels j’ai passé une soirée fort sympathique dans le Marais, à la fin de l’hiver dernier. Il n’est pas blogueur et comme son père, il m’appelle « Fizo ». Manque plus que la petite sœur et j’aurai vu toute la fratrie en moins d’une semaine.
Il est 22h30 quand je grimpe dans le bus 96 qui dévale la rue Jean-Pierre Timbaud. Bien au chaud sous mon chapeau, je voyage à peu de frais : « L’homme bleu », « Bakara Lounge », « La tontine d’or ». Le quartier regorge de restaurants sénégalais où on peut déguster poulets yassas ou mafés, celui-là par exemple, faudra que j’y emmène ma copine gourmande. Sur le trottoir, des grappes de gens, on se croirait un samedi soir. Je note avec un certain plaisir que le froid n’a pas dissuadé tout Paris de mettre le nez dehors.
Après l’effervescence d’Oberkampf, le bus emprunte la rue de Turenne, déserte. J’aime voyager en bus, la nuit, le nez collé à la vitre. Paris est tellement belle, toute scintillante, mystérieuse, je découvre ici un bar chaleureux, là un monument méconnu ou encore une statue nichée à un angle de rues. Je m’interroge « Qu’est ce que c’est ? » et me parle à moi-même « Tiens, faudra que je revienne par ici ! ». J’ai par exemple appris, depuis hier, que la rue de Turenne s’appelait la rue Saint-Louis, retrouvé la sculpture aperçue furtivement et le style de l’église illuminée. Je suis incapable de distinguer un style architectural d’un autre, tout au plus puis-je reconnaître les églises romanes des gothiques (merci grand-père). A « Hôtel de ville », je changeai de bus - heureusement sans attente - passai devant le maréchal Ney qui se dresse, prêt à charger, à l’endroit même où il fut exécuté.
« 23h22, 4°C », annonce le panneau lumineux au-dessus du périphérique. Moins de 20 minutes plus tard, je dors comme un bébé.