L. m'avait dit : "Tu peux venir en RER avec ton vélo". J'avais émis des doutes, me souvenant du peu de place faite aux fauteuils roulants dans cette jungle urbaine. Je vérifiai donc l'accès aux RER sur le site de la RATP et notai que je n'avais pas le droit de prendre les Escalators avec mon vélo. Je devrais donc emprunter les escaliers et le porter ... ça promettait.
Ma tourte aux abricots (ramenés le WE dernier de Valence, mais insipides, soit dit en passant) dans le panier, je pédalai jusqu'à Châtelet en vélo, histoire de réduire les correspondances et donc les tracas. Alors que j'étais sur le boulevard Saint-Michel, J., avec lequel j'avais RDV sur le quai, m'appela à l'heure convenue "Tu es déjà sur le quai ?"
"Ah non, pas du tout, je suis sur le boulevard Saint-Michel". Il me connaît depuis trop peu de temps pour savoir que me faire sortir de chez moi un samedi avant 12h - à part pour aller courir - relève de l'exploit.
Arrivée au Forum, je traverse le jardin jusqu'à la jolie église Saint-Eustache et m'enfonce sous terre, le vélo à la main. La dame au guichet m'ouvre la grande porte vitrée et tandis que je fend la foule pour rejoindre le RER A, certains voyageurs me regardent avec curiosité. Me voilà sur le quai, pas de marquage au sol pour indiquer les wagons autorisés aux vélos, enfin je me débrouille et hisse mon vélo à bord. En chemin, je raconte à J. mes vacances, mon nouveau travail.
Arrivés à Torcy, notre destination, je parviens à faire entrer mon vélo dans l'ascenseur, en le mettant à la verticale. Test concluant, en ce qui me concerne, dommage que l'été se soit fini avec deux mois d'avance, j'aurais bien testé d'autres tronçons.
A la gare, L. et S. viennent nous chercher. C'est la deuxième fois que nous nous retrouvons depuis notre rencontre en Crète,en avril dernier. Le temps de compléter le panier du pique-nique chez Carrouf et nous voilà installés sur l'herbe au bord du lac de Vaires ou l'on peut se baigner et même faire du kayak.
Qu'est-ce que je me marre avec ces mecs, comme en Crète ! On éclate de, rire pour des conneries, une adolescente qui est en train de se déshabiller et manque se retrouver les fesses à l'air, et L. qui dit "C'est toujours les thons qui montrent leur cul" ou encore cette jeune femme à côté de nous, endormie sur le ventre et qui est absolument immobile à un tel point qu'après une heure, L. demande "Elle est pas décédée, au moins, elle a pas bougé d'un orteil depuis qu'on est là" et au même, instant, elle remue le pied gauche comme pour lui dire "Chuis vivante, connard, ferme un peu ta gueule et laisse-moi dormir tranquille !" Le rosé est frais, le taboulé en boîte dégueulasse comme d'hab et ils se foutent de ma tourte aux abricots qui a fait la culbute pendant le voyage et est à moitié eventrée.
Après le repas, à ce moment précis ou je rêve d'une bonne sieste, L. lance "Bon, alors on se la fait cette petite balade sur les bords de Marne ?"
Une belle "petite balade" de 15 kilomètres ... Chelles, Gournay puis nous suivons le bien nommé quai de la Rive Charmante à Noisy-le-Grand où se trouve l'usine de traitement des eaux usées Marne Aval. Pas facile de pédaler et d'admirer la Marne, ses reflets verts, ses îles, tout en évitant les nombreux promeneurs, rollers et cyclistes. Une vraie autoroute ! Des canards peinards devisent sur une barque, les amoureux se cajolent.
A Neuilly/s/Marne, de l'autre rive nous parviennent le son de l'accordéon, beaucoup de monde en terrasse au "Bar de la Marine". Puis Bry/s/Marne et Champigny ou je reconnais les îles dans lesquelles j'avais vogué en rêvant, pendant le festival de l'Oh! et les rives ou se baladaient de drôles de personnages (p'tain, comment j'ai galéré pour la retrouver ta note, Bougre de schtroumpette, tu veux pas mettre un moteur de recherche sur ton blog ?).
Enfin, Nogent, je ne résiste pas et leur chante "le p'tit vin blanc" puis Joinville le Pont où nous faisons une pause rapide à quelques tablées de "Chez Génène". Retour en accéléré jusqu'à Vaires sur Marne où nous attend J. qui n'avait pas de vélo pour nous suivre. Il dit "Tout à l'heure j'ai entendu un truc couiner, j'ai pensé que c'était la trompette de Fiso, mais non, c'était les canards". C'est là que je me suis rendu compte que mon klaxon improvisé faisait coin-coin. Enfin, j'ai fait les bords de Marne, depuis le temps qu'on me disait que c'était magnifique, je confirme. Je me suis traînée tout le long quand même, y'a pas, mon vélo de ville, c'est qu'un vélo de ville, et je regrette mon B'Twin, sa selle remplie de gel et sa fourche suspendue, j'ai mal au cul grave et aux lombaires aussi.
Je m'écroule sur l'herbe, j'en rêvais, L. demande "Tu veux pas aller voir la base sportive?", je réponds avec un sourire angélique "Non, j'm'en tape". Nouvel éclat de rire. Alors, pendant qu'ils sont partis faire les cons sur les vélos, et tandis que les moustiques me dévorent, je me marre en échangeant des sms avec une jeune femme chère à mon coeur, que j'ai vraiment découverte depuis peu, et qui sirote du vin blanc en salivant devant le crâne nu de Bruce, la veinarde !
(hé tu m'en gardes du vin blanc, t'as promis de me faire goûter, hein, c'est pas tombé dans le portable d'une aveugle !)