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Mon Paris - Page 11

  • Ivry sur Seine

    Un quartier coincé entre les voies ferrées du RER C et les quais de Seine, un quartier populaire de tôles et de pierres, d'entrepôts, de sociétés en construction. Un quartier principalement célèbre pour sa déchetterie, dont on aperçoit les cheminées depuis le périphérique, son lugubre centre commercial Plein Ciel, son magasin de construction Batkor devant lequel, le matin, des ouvriers d'Europe de l'Est attendent qu'on les ramasse pour un boulot au noir.

    Dans cet environnement gris et froid, j'ai rencontré deux femmes lumineuses. 

    Marie, je la connais depuis l'année dernière. C'est une "gueule", comme on dit. Je me suis tout de suite sentie bien dans son resto-bistrot aux couleurs provencales. J'ai aimé sa gouaille, sa simplicité, sa façon de me claquer la bise, son allure un peu masculine qui cache une grande sensibilité.

    Mireille, c'est tout l'inverse. Un joli accent du Sud, des origines orientales, un débit calme et posé, un condensé de douceur. La première fois que j'ai poussé la porte de son bout de campagne à Paris, j'ai découvert de grandes maisons dans un paradis de verdure. Mireille vit et travaille dans la rue Elizabeth qui abrite de grands lofts, anciennes usines désaffectées, dans lesquels des artistes ont élu domicile.

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    La semaine dernière, donc, un bus nous a déposées, Honey Bunny (à qui je dois les photos de ce billet) et moi, dans le centre ville d'Ivry, en fête, qui embaumait des odeurs de grillades et de crêpes. J'enjambai les voies du RER C et les longeai ensuite pour rejoindre Mireille qui m'avait invitée à un brunch champêtre. Dans sa jolie petite maison, elle avait préparé un magnifique buffet orné des créations pleines de fraîcheur de Laurent.

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    Parmi les invités, Laurent Hartmann, un talentueux sculpteur sur fruits et légumes.

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    Il y avait aussi une artiste peintre du coin, Sylvie Sarrazin, dont les toiles colorées ornent l'atelier d'esthétique de Mireille. 

    J'ai bu des litres de café en papotant sous la tonnelle avec Gerd, un sympathique allemand qui a longtemps travaillé pour la ZDF dans plusieurs endroits du monde. On a parlé de l'Allemagne, d'écologie, de vélo, de New York, de ce quartier d'Ivry lentement envahi par les bobos. 

    Un beau moment gourmand et poétique, sous le soleil.

    Merci Mireille.

  • La Comète au Kremlin-Bicêtre

    "Une comète se compose de 3 parties : le noyau, la chevelure et la queue. Une comète importante possède au moins 2 queues."

    Je crois que j'étais le noyau, hier, et il y avait au moins un chevelu, dans ce très très très important bistrot du Kremlin-Bicêtre.

    Il y avait aussi Monsieur Jean, l' élégant patron des lieux, Jim le fringant serveur qui commence à souffrir du poignet droit, Tonnegrande, qui cherche toujours le pitch du dernier film sur lequel il a dormi au cinéma, Djibril qui n'est pas videur chez Leclerc, Michel, ancien guitariste, et Abdel. 

    Monsieur Jean n'avais pas de Guinness, j'ai donc bu des demi. On a parlé de la coiffeuse de Nicolas, de Simon le clochard, du gros Loic, des amis blogueurs (Eric, Fil Cat, Lutine et Céleste). On a aussi parlé un peu -très peu- boulot, c'est marrant, on bosse dans la même ville, Nicolas et moi.

    On a surtout raconté beaucoup de conneries et bien rigolé. Dyvyne qui voulait pas boire d'alcool en a été pour ses frais.

    Une soirée comme j'aime, simple, chaleureuse. Comme à la maison. Merci les gars !

    J'irai garer mon vélo devant la Comète de temps en temps. Mais je compte sur Nicolas pour gérer le gros Loic.

  • Vieille femme algérienne

    Station Nation, 14h15, ligne 6, je saute dans le wagon juste avant que les portes ne se ferment.

    J'avise, quelques rangées plus loin, des places libres face à un couple d'une cinquantaine d'années. Lui, en veste et pantalon bleu indigo tient un caddie à carreaux d'ou émergent une botte de poireaux et des branches de coriandre parfumée. Elle, contre la fenêtre, les mains posées sur les cuisses, silencieuse et songeuse.

    Je m’assois face à elle en esquissant un sourire auquel elle ne répond pas. Ses yeux noirs me scrutent.

    Elle porte une robe jaune soleil sous un gilet en acrylique bleu ciel qui souligne sa poitrine alourdie par les maternités. Sur son plastron et au bas de sa robe, des croquets multicolores et des broderies bigarrées lui donnent un air endimanché. Un foulard à franges retient sa chevelure noire et un facétieux pompon rouge roule sur sa tempe au gré des secousses. Elle ressemble à un tableau de Delacroix et je ne peux pas détacher mes yeux d'elle. Je la trouve touchante.

    Le pompon rouge frangé lui donne un air espiègle en contradiction avec son visage fermé. J’imagine un parfum piquant, poivré. Ne voulant pas l'embarrasser, je regarde à travers la vitre et je surprends ses yeux noirs qui me fixent, sans aucune gêne. Nous passerons le trajet à nous observer avec curiosité.

     

    De temps à autre, le métro ressort à l'air libre et nous levons toutes deux les yeux vers le ciel bleu. Derrière moi, je sens des effluves de vanille et de crème solaire. Sur le quai, des africaines en boubou marchent d'un pas nonchalant. Deux touristes allemandes, enlacées, hèlent leurs amis.

    Paris, mosaïque de cultures ...

     

  • Toritcho

    medium_toritcho_78434.jpgMardi soir, je suis allée rendre visite à ma copine "Honey Bunny" pour lui donner la boîte de thé rapportée de Tokyo. Thé non indentifié, la seule chose compréhensible sur la boîte étant "Ume Konbucha". A l'ouverture, nous découvrons d'étranges vermicelles colorés, je suppose qu'il s'agit de thé instantané. Comme nous n'avons pas encore dîné, je lui propose d'aller manger des sushis dans notre cantine japonaise, Toritcho, que j'ai déjà mentionné sur cet espace. Ce sera aussi l'occasion de leur montrer mes photos de leur pays et de leur donner les drôles de friandises que je leur ai ramenées.

    Nous poussons la porte du restaurant, par chance, il reste des places au comptoir, nous saluons le patron, le serveur ainsi que les maîtres sushis et nous y installons, entre un couple d'occidentaux et 2 vieillards japonais. Nous commandons 2 soupes de udon qui ne figurent pas sur le menu, ce sont de grosses nouilles de blé de couleur blanche. Je montre mes photos de Tokyo au patron et un des vieillards à côté de moi se mêle à la conversation et m'apprend qu'il est né juste à côté de Shinagawa, le quartier ou j'étais. J'apprend que c'est un quartier riche. Je lui montre les photos. Nous commençons à discuter, il m'apprend qu'il est peintre ainsi que son compagnon qui a exposé au British Museum. 

    Il s'appelle M. Sumiya Michio et le peintre célèbre s'appelle M. Kenji Yoshida. M. Yoshida vit en France depuis 42 ans et aura 82 ans le 24 mai prochain; il s'est engagé comme kamikaze sous la seconde guerre mondiale juste avant que la guerre ne se termine. Ce sont 2 vieillards très élégants et souriants, M. Yoshida a un pantalon large à bretelles et une chemise en coton. L'ambiance est très détendue, Honey Bunyy est hilare, la petite fille du patron court dans l'entrée en riant aux éclats et M. Michio nous offre une bouteille de saké que nous buvons avec eux et l'équipe du restaurant. Quand je leur confie que je rêve de retourner au Japon et en particulier à Kyoto, le maître sushi, Isao, m'apprend qu'il est né à Kyoto. Après notre savoureux bol de udon, dans lequel baigne un oeuf, une grosse crevette, du canard et des légumes, M. Yoshida et M. Michio nous font goûter des oeufs de daurade et des oeufs de mulet fermentés. J'ai bien aimé la deuxième proposition. Nous parlons du Japon avec le patron, je les fais bien rire en leur parlant des toilettes japonais. J'apprend aussi que laisser un pourboire n'est pas insultant mais qu'en fait c'est un concept totalement inconnu au Japon et qu'ils ne comprennent pas de quoi il s'agit. Il me dit aussi qu'il est très difficile pour eux d'apprendre des langues étrangères à cause de la prononciation. Nous repartons vers 23h après avoir laissé nos coordonnées aux 2 peintres et ma boîte de friandises au patron. Le Toritcho est vraiment un de mes restaurants préférés, il y règne une ambiance familiale et conviviale dans laquelle je me sens bien.

    Toritcho au 47 rue du Montparnasse, Paris 14ème

     

  • Hammam de la Mosquée de Paris

    medium_salle_humide_2.jpgEnfin ! Depuis le temps que je le réclamais ce  hammam ! Esperanza m'a proposé d'essayer celui de la mosquée, malgré les mauvaises critiques qu'on en avait entendu.

    A peine franchie la porte donnant sur la terasse du salon de thé, par ce bel après-midi ensoleillé, on n'est plus à Paris. On pousse la porte du hammam et on débouche sur une petite pièce garnie de sofas en velours. "C'est là qu'on va s'écrouler dans quelques heures, me dit Esperanza." Nous voici à l'accueil, dans une grande pièce ou les masseuses sont à l'oeuvre sur des corps alanguis. Ce n'est pas indiqué à l'entrée mais il faut prévoir une pièce de 1€ pour le vestiaire. L'entrée + gommage + savon noir est à 27€. On se change et on entre dans la première salle ou se trouvent les douches, c'est la première étape. Le hammam est une succession de pièces, il faut s'habituer progressivement à la chaleur. On pénètre dans la grande salle, elle est assez belle, des colonnes de marbre, des carrelages bleutés, au plafond des carrés de verre laissent entrer la lumière, il y a des niches surélevées sur les côtés. Je m'allonge sur la magnifique dalle centrale, elle est brûlante et la chaleur, si elle me détend, est un peu opressante. Je fais des aller-retours vers les douches pour me rafraîchir. Après plus d'une demi-heure, nous sommes prêtes à passer entre les mains de la gommeuse. Je m'enduis de savon noir, me rince et m'allonge sur la matelas. C'est le moment tant attendu. Quelle déception ! La gommeuse passe mollement le gant sur mon corps. Je me dis qu'elle commence en douceur et puis qu'elle va attaquer les choses sérieuses. J'aurai dû lui dire d'y aller franchement, je le saurai pou la prochaine fois. Je retourne auprès d'Esperanza et la préviens. Elle me dit que c'est sûrement dû au fait que beaucoup d'occidentales se plaignent de gommages trop vigoureux, c'est ce que j'ai lu en effet sur de nombreux sites, mais moi je suis là pour avoir la peau douce ! "On n'est jamais mieux servi que par soi-même" donc nous retournons dans la salle la plus chaude et nous gommons nous-mêmes; une sacrée différence, même si avec la chaleur, on fatigue vite. Ca tombe bien, après le gommage, c'est le moment idéal pour faire des soins de beauté. Je repose mon visage sous un masque indien au santal et à la rose et comme je m'en suis mis dans l'oeil, comme d'habitude, je me rince à tâtons. Je baille, j'ai envie de dormir. Il est temps d'aller dans la salle du fond. Esperanza y a jeté un coup d'oeil un peu plus tôt mais elle n'a pas supporté les volutes de vapeur brûlante qui flottent à hauteur de visage. Dans cette salle, un bassin rond d'eau glacée. Je pénètre dans la pièce en me baissant car la vapeur brûle vraiment le visage, et me plonge dans le bassin glacé. C'est saisissant mais tellement agréable dans cette chaude moiteur. Esperanza me rejoint vite. Nous y restons près d'une heure, la relaxation est totale. Nous discutons du Maroc, de Dubai, du Venezuela, d' Istanbul ou j'ai hâte de retourner, de nos projets, ça me donne des envies de voyages et de farniente. On papote avec 3 jeunes filles dont c'est la première fois et qui n'ont pas pris l'option gommage. Un hammam sans gommage, quel intérêt ?

    4 heures après notre arrivée, nous ressortons, le teint éclatant et le pas lourd. Je suis enchantée et bien décidée à revenir. Esperanza meurt de faim, moi je rêve d'une bière bien fraîche et propose le resto coréen Soura, que j'ai découvert récemment en flânant dans la rue Ernest Cresson. Nous nous y installons, je siffle ma bière, nous commandons un shabu shabu, c'est une fondue coréenne de fruits de mer. En entrée, des calamars sautés et bien pimentés, des nouilles de patates douces relevées de ciboules et d'oignons, des galettes de légumes et de poisson. C'est très délicat et bien présenté. La jeune serveuse coréenne est charmante et très serviable. Elle pose sur notre table un assortiment de chou fermenté, graines de soja, courgettes à l'ail. Puis elle amène notre fondue et nous explique qu'elle va s'occuper de tout. Ca tombe bien, on aurait eu l'air un peu cruches. Elle plonge d'abord les champignons, chou chinois, carottes dans le liquide bouillant, puis de grosses moules, des noix de saint-jacques, des crevettes, des amandes. Je zappe l'assortiment de sauces et savoure le goût des crustacés juste pochés dans le bouillon de légumes. Ensuite, elle plonge les nouilles. Nous piquons une crise de fou-rire en essayant de saisir les nouilles dans les baguettes métalliques. Je demande à Esperanza si elle veut encore des nouilles, elle répond "non merci, j'ai assez de taches sur mon tee-shirt". [Je t'avais prévenue que j'allais la balancer celle-là ma biche]. Nous accompagnons ce  festin d'un délicieux thé au citron dans lequel baignent de tendres pignons de pin. Entre temps, une tablée de coréennes est arrivée, dont une bonne soeur. Le dessert ? Une bonne glace chez Amorino, rue Daguerre, elles sont à se damner !

    En passant, je vous conseille le film "Hammam"' de Ferzan Ozpetek et pour ceux qui habitent le Sud, l'exposition "Le hammam dévoilé", du 2 mai au 30 juin, aux Archives de Marseille.