Hier, j'ai profité de quelques heures après un déjeuner chez Félicie pour flâner dans mon quartier préféré, qui s'étend de la rue Daguerre au métro Pernety, quartier dans lequel j'ai vécu mes premières années de jeune fille autonome loin du nid familial. Pour ceux qui n'auraient pas tout suivi, le 14ème arrondissement est le quartier de Paris ou l'on a le plus de chances de me croiser. On commence la visite ?
Point de départ, mon QG : Félicie, sur l'avenue du Maine, à quelques pas de la rue des Plantes. Zappez la terrasse, à moins que vous appréciiez de manger dans la pollution et le bruit. A l'intérieur, quelques habitués dont ce barbu à lunettes qui dort la bouche ouverte, la tête en arrière, devant son ordinateur portable. Le sémillant Momo m'accueille invariablement d'un "bonjour princesse" et d'un sourire, encore plus radieux depuis qu'il sait qu'il va être papa. Après une bonne entrecôte béarnaise, on remonte la rue Raymond Losserand.
Arrêt dans mon magasin de thés, le "Palais des thés" ou le vendeur chauve (et ça lui va très bien) ouvre avec fierté de belles boîtes en métal rouge sur lesquelles je me penche religieusement pour en humer les parfums. Je repars toujours avec plusieurs sachets, souvent du thé à la menthe et du thé des moines et depuis peu, du Lapsang Souchong, dont j'adore le goût fumé.
Un peu plus loin, sur le même trottoir, les pâtisseries orientales de "Lune de miel". Si vous tournez à gauche et prenez la rue du Château, vous pouvez aller au café associatif "Le Moulin à café" ou dans un des bistrots de la place Moro-Giafferi, ou se retrouvent, le dimanche, les portuguais du coin. Petits-déj à 2€, goûters, contes pour les enfants, projection de films, débats, repas découverte autour d'un pays, le Moulin à Café est un lien entre les habitants du quartier. Continuons sur la rue Raymond Losserand, on arrive au métro Pernéty.
A gauche, dans la rue du même nom, un authentique resto japonais qui ne propose pas les sempiternelles brochettes mais de raffinés sushis et makis ainsi qu'une belle colection de sakés et une carte de glaces surprenante (rose, lavande, réglisse pour n'en citer que quelques-uns). C'est Kirakutei, que j'ai découvert grâce à Ptipois, spécialiste ès bonnes tables.
En continuant, on croise la rue de Plaisance ou habita un autre enfant du 15ème, mon ami M'sieu Chic Chic, et puis la champêtre rue des Thermopyles, dernier coin de verdure en fête aux derniers jours de juin. Plus loin, tournons à droite dans la rue Francis de Pressensé, dont le seul intérêt est qu'elle abrite l'Entrepôt. Au bout, tournons à droite dans la rue de l'Ouest, qui recèle quelques perles : le temple du blues Utopia, celui de la bière Bootlegger, et un épicier indien.
Continuons la rue de l'Ouest jusqu'à l'avenue du Maine. Au passage, sur la gauche, juste avant la place de Catalogne, jetez un coup d'oeil à 2 constructions néo-classiques sur la place de l'amphithéâtre où se trouve aussi la jolie église "Notre Dame du Travail".
Mais reprenons la rue de l'Ouest jusqu'à l'avenue du Maine que nous traversons pour descendre la rue Daguerre, célébrée par Agnès Varda dans "Daguerréotypes". On passe devant le bistrot des Pingouins, on entre dans la belle boulangerie rétro "Au Moulin de la Vierge", on admire les créations originales et raffinées de la boutique Divine : melons, canotiers et panamas pour les messieurs (ah, que je regrette que les hommes ne portent plus de chapeaux, ça me fait craquer), capelines et bibis en feutre pour les dames. Le patron au physique de druide est plein de bons conseils.
Dans cette rue, on trouve aussi un rempailleur de chaises, l'Artisan Rempailleur et le magasin Paris Accordéon qui existe depuis 1944.
Un peu plus loin après le bureau de poste, arrêtez-vous devant la jolie devanture créole du plus ancien restaurant réunionnais de Paris, "Aux petits chandeliers", dont le serveur n'a pas changé depuis 20 ans (et sa coupe de cheveux non plus). Traversez le restaurant d'un pas décidé et allez manger des bonbons-piments et bouchons sur un air de séga dans le patio intérieur.
Après cette mise en bouche épicée, nous attaquons la partie animée de la rue Daguerre. Le bar-resto voyageur Zango, à la cuisine métissée, dont l'antenne des Halles organise des "cafés palabres" et "cafés de l'aventure". Le récent traiteur marocain la "Médina" ou j'ai dégusté un savoureux tagine poulet-olives-citron confit pas plus tard qu'hier soir, tout en lorgnant sur les délicieuses glaces italiennes d'Amorino. Et puis la partie marchande de la rue, avec la poissonnerie Daguerre Marée, la boucherie Chévy ou le volubile Daniel m'approvisionnait pendant mes années de vache maigre. Je ne mange plus de foie de génisse depuis.
J'ai aussi découvert quelques incontournables du quartier, notamment dans la rue Mouton-Duvernet : au n° 25, la belle boucherie d'Hugo Desnoyer qui fournit de nombreux restaurants, dont Félicie, et exhibait hier de dodues brochettes de cailles aux figues, et au n° 14, un magasin devant lequel je suis passé maintes fois et dont je n'ai franchi la porte qu' hier : "la Maison des Bonbons", joli fouillis où l'on trouve des spécialités régionales comme les bêtises de Cambrai, les pralines de Montargis, les violettes de Toulouse mais surtout, du vrai pain d'épices alsacien, celui de mon enfance en Allemagne, de gros coeurs délicatement auréolés d'un glaçage blanc. Et aussi des guimauves, des coquelicots, des sucres d'orge, des bougies marrantes et plein d'idées de cadeaux très originaux. Un trésor pour petits et grands !
Et puis rue Ernest Cresson, outre un énergumène qui voulait prendre des photos érotiques de moi, je suis tombée sur Soura, un resto gastronomique coréen et sur "Le Mauritius", minuscule resto mauricien, deux adresses à tester dont je viens de lire de très bonnes critiques sur le net. Comme quoi, quand on bouscule un peu ses habitudes, on découvre toujours de nouvelles choses ....