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2yeux2oreilles - Page 140

  • Sur les bords de Marne

    L. m'avait dit : "Tu peux venir en RER avec ton vélo". J'avais émis des doutes, me souvenant du peu de place faite aux fauteuils roulants dans cette jungle urbaine. Je vérifiai donc l'accès aux RER sur le site de la RATP et notai que je n'avais pas le droit de prendre les Escalators avec mon vélo. Je devrais donc emprunter les escaliers et le porter ... ça promettait.

    Ma tourte aux abricots (ramenés le WE dernier de Valence, mais insipides, soit dit en passant) dans le panier, je pédalai jusqu'à Châtelet en vélo, histoire de réduire les correspondances et donc les tracas. Alors que j'étais sur le boulevard Saint-Michel, J., avec lequel j'avais RDV sur le quai, m'appela à l'heure convenue "Tu es déjà sur le quai ?"

    "Ah non, pas du tout, je suis sur le boulevard Saint-Michel". Il me connaît depuis trop peu de temps pour savoir que me faire sortir de chez moi un samedi avant 12h - à part pour aller courir - relève de l'exploit. 

    Arrivée au Forum, je traverse le jardin jusqu'à la jolie église Saint-Eustache et m'enfonce sous terre, le vélo à la main. La dame au guichet m'ouvre la grande porte vitrée et tandis que je fend la foule pour rejoindre le RER A, certains voyageurs me regardent avec curiosité. Me voilà sur le quai, pas de marquage au sol pour indiquer les wagons autorisés aux vélos, enfin je me débrouille et hisse mon vélo à bord. En chemin, je raconte à J. mes vacances, mon nouveau travail.

    vélos RER.jpg

    Arrivés à Torcy, notre destination, je parviens à faire entrer mon vélo dans l'ascenseur, en le mettant à la verticale. Test concluant, en ce qui me concerne, dommage que l'été se soit fini avec deux mois d'avance, j'aurais bien testé d'autres tronçons.

    A la gare, L. et S. viennent nous chercher. C'est la deuxième fois que nous nous retrouvons depuis notre rencontre en Crète,en avril dernier. Le temps de compléter le panier du pique-nique chez Carrouf et nous voilà installés sur l'herbe au bord du lac de Vaires ou l'on peut se baigner et même faire du kayak.

    Base de Vaires.jpg

    Qu'est-ce que je me marre avec ces mecs, comme en Crète ! On éclate de, rire pour des conneries, une adolescente qui est en train de se déshabiller et manque se retrouver les fesses à l'air, et L. qui dit "C'est toujours les thons qui montrent leur cul" ou encore cette jeune femme à côté de nous, endormie sur le ventre et qui est absolument immobile à un tel point qu'après une heure, L. demande "Elle est pas décédée, au moins, elle a pas bougé d'un orteil depuis qu'on est là" et au même, instant, elle remue le pied gauche comme pour lui dire "Chuis vivante, connard, ferme un peu ta gueule et laisse-moi dormir tranquille !" Le rosé est frais, le taboulé en boîte dégueulasse comme d'hab et ils se foutent de ma tourte aux abricots qui a fait la culbute pendant le voyage et est à moitié eventrée.

    Après le repas, à ce moment précis ou je rêve d'une bonne sieste, L. lance "Bon, alors on se la fait cette petite balade sur les bords de Marne ?"

    Une belle "petite balade" de 15 kilomètres ... Chelles, Gournay puis nous suivons le bien nommé quai de la Rive Charmante à Noisy-le-Grand où se trouve l'usine de traitement des eaux usées Marne Aval. Pas facile de pédaler et d'admirer la Marne, ses reflets verts, ses îles, tout en évitant les nombreux promeneurs, rollers et cyclistes. Une vraie autoroute ! Des canards peinards devisent sur une barque, les amoureux se cajolent.

    A Neuilly/s/Marne, de l'autre rive nous parviennent le son de l'accordéon, beaucoup de monde en terrasse au "Bar de la Marine". Puis Bry/s/Marne et Champigny ou je reconnais les îles dans lesquelles j'avais vogué en rêvant, pendant le festival de l'Oh! et les rives ou se baladaient de drôles de personnages (p'tain, comment j'ai galéré pour la retrouver ta note, Bougre de schtroumpette, tu veux pas mettre un moteur de recherche sur ton blog ?).

    Enfin, Nogent, je ne résiste pas et leur chante "le p'tit vin blanc" puis Joinville le Pont où nous faisons une pause rapide à quelques tablées de "Chez Génène". Retour en accéléré jusqu'à Vaires sur Marne où nous attend J. qui n'avait pas de vélo pour nous suivre. Il dit "Tout à l'heure j'ai entendu un truc couiner, j'ai pensé que c'était la trompette de Fiso, mais non, c'était les canards". C'est là que je me suis rendu compte que mon klaxon improvisé faisait coin-coin. Enfin, j'ai fait les bords de Marne, depuis le temps qu'on me disait que c'était magnifique, je confirme. Je me suis traînée tout le long quand même, y'a pas, mon vélo de ville, c'est qu'un vélo de ville, et je regrette mon B'Twin, sa selle remplie de gel et sa fourche suspendue, j'ai mal au cul grave et aux lombaires aussi.

    Je m'écroule sur l'herbe, j'en rêvais, L. demande "Tu veux pas aller voir la base sportive?", je réponds avec un sourire angélique "Non, j'm'en tape". Nouvel éclat de rire. Alors, pendant qu'ils sont partis faire les cons sur les vélos, et tandis que les moustiques me dévorent, je me marre en échangeant des sms avec une jeune femme chère à mon coeur, que j'ai vraiment découverte depuis peu, et qui sirote du vin blanc en salivant devant le crâne nu de Bruce, la veinarde !

    (hé tu m'en gardes du vin blanc, t'as promis de me faire goûter, hein, c'est pas tombé dans le portable d'une aveugle !)

  • Miroir, mon beau miroir ...

    Dis-moi que je suis la plus belle !

    C’est drôle la façon dont les blogueurs & blogueuses parlent d’eux-même sur leurs blogs. Ca dépend assez du type de blog, en fait. Mais sur les blogs érotiques, parfois on se marre, moi, le plus souvent, je baille. C’est d’un convenu !

    Celui-là se vante de faire jouir toutes les femmes, a évidemment un sexe énorme et des muscles puissants. Lesquelles femelles sont toutes entières dévouées à son bon plaisir. A quand un blogueur érotique qui va écrire qu’il a des boutons sur le cul ?

    Chez les femmes, c’est pire. Il y a celles qui racolent à grands coups de photos – souvent de mauvaise qualité, à supposer que ce soit les leurs –

    Et pour celles qui écrivent, on croirait lire du Harlequin (je lisais Harlequin quand j’avais 14 ans, chez ma grand-mère, et je vous assure que c’est la même chose). Les antagonistes sont toujours jeunes, beaux et raffinés. Généralement, l’homme n’est qu’un faire-valoir de la femme magnifique qui a daigné lever les yeux sur lui.

    Ca donne à peu près ça :

    « Elle sentit son souffle haletant de désir contre sa nuque gracieuse, elle leva ses grands yeux insolents vers lui et ses prunelles de jais lançaient des éclairs. Il emprisonna sa taille fine et déliée, caressa sa poitrine ferme et coulant un regard vers ses longues jambes fuselées et bronzées, lui dit « Tu es belle et je suis fou de toi et aucune femme ne m’a jamais fait cet effet-là ».

    Moi, j’dis : MORTEL !

    Et le plus drôle, c’est qu’on pourrait espérer que ces messieurs soient un peu moins vagissants que leurs aînés mais non. Quoique … il y en a bien quelques-uns qui font de l’ironie et quand j’en croise un, je me dis « ouf ! tout n’est pas perdu, ils n’ont pas tous une bite à la place du cerveau ! » mais la plupart sont semblables au loup de Tex Avery, vous voyez ce que je veux dire ?

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     Il y a ceux – mes préférés – qui pratiquent l’autodérision. Plus fréquent chez les hommes que chez les femmes, cette capacité à ne pas se prendre au sérieux me charme particulièrement. J’aime l’humilité, la vraie, j’aime les gens simples et et je sais reconnaître quand elle masque mal une vanité insupportable.

  • Un dîner avec Karim (2)

    Karim m’explique qu’il est venu à la réception de l’hôtel, demandé qu’on appelle notre chambre mais qu’il n’y avait personne répondant à nos prénoms. Il a insisté, demandé au réceptionniste de chercher dans quelle chambre se trouvaient les deux françaises arrivés le soir même mais l’autre a commencé à devenir méfiant et peu coopératif. Après avoir attendu une heure dans le hall, Karim a commencé à soupçonner que nous lui ayons volontairement donné un faux numéro de chambre, peut-être même un faux hôtel et il est reparti chez lui.

    Il me redemande alors le n° de la chambre et c’est là que je réalise que le numéro noté sur le téléphone n’est pas le même que celui inscrit sur la porte. Bien sûr, quand il s’est excusé de nous avoir fait attendre, je me suis écrié dans cet élan de spontanéité qui me caractérise : »Oh, t’inquiètes pas, on dormait ! »  

     

    Je ne sais plus si nous nous sommes finalement vu ce soir-là ou si la rencontre a été remise au lendemain. Toujours est-il que nous avons passé une bonne partie de notre séjour avec Karim et un de ses amis, charmant, d’origine suisse.

     « Oh les nulles, tu te rends compte, y’a un super beau mec qui poiraute une heure en bas pendant qu’on pionce ! » Ce soir-là, Esperanza et moi avons beaucoup ri de notre mésaventure. En ce qui me concerne, ce n’était pas la dernière …

    (à suivre ...)

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  • Un dîner avec Karim

    Hier, dans la voiture dorée, de fil en aiguille, la conversation a glissé sur la beauté du peuple libanais. M’est alors revenu en mémoire une belle rencontre.

    C’était en septembre 1995, et j’avais eu du pot pour une fois, moi qui ne gagne jamais rien. Faut dire que si je jouais, ça aiderait sûrement.

    Je bossais à l'époque au service de réservations d'une compagnie aérienne. Ma collègue Elise, une longue liane brune vietnamo-danoise, avait gagné, à la faveur d’un concours de « l’agent ayant enregistré le plus grand nombre de réservations », 2 billets aller-retour pour la destination de son choix sur la compagnie Canadian Airlines, disparue depuis. La demoiselle étant mariée et de surcroît maman de 2 adorables bambins, elle avait remis le prix en jeu et j’eus la chance de tirer le gros lot. Je pensai immédiatement à ma meilleure amie qui officie parfois sur ce blog sous le pseudo d’Esperanza. Si l’occasion m’était donnée de fouler le sol canadien, autant aller le plus loin possible. Je jetai donc mon dévolu sur Vancouver, en Colombie-Britannique, idéalement située entre océan - Pacifique - et montagnes.

    Linda, une irlandaise fort sympathique qui bossait pour Canadian Airlines, nous concocta un circuit d’une semaine en or, avec location de voiture et nuits dans des palaces à prix négociés.

    Dans l’avion qui nous emmenait de Montréal à Vancouver, notre accent français attira l’oreille d’un steward fort séduisant, un beau brun au teint mat répondant au prénom de Karim. Il nous confia être de mère française, normande je crois, et de père libanais. Apprenant que c’était notre premier séjour à Vancouver, et disposant de quelques jours de repos, Karim proposa de venir nous chercher à notre hôtel le soir même et de nous sortir en ville.

    A l’aéroport, nous avons récupéré notre voiture de loc’. Rejoindre l’hôtel fut un sacré périple en revanche. C’était ma première expérience de la conduite à gauche et de nuit, de surcroît !  Esperanza essayait tant bien que mal de lire le plan de la ville et moi, je fus prise d’une petite panique lorsqu’elle m’indiqua de tourner à droite. Etant sur la voie de gauche, comment tourner à droite aux carrefours ? En contournant les véhicules ou en les croisant par devant ? Ne voulant pas débuter le séjour par un accident, dans le doute, je décidai de ne tourner qu’à gauche. On a fini par arriver à l’hôtel mais le voyage fut plus long et un mémorable fou-rire a succédé aux premières minutes de stress …

    Karim avait demandé que je l’appelle pour lui indiquer le numéro de notre chambre. Il nous laisserait une heure ou deux pour nous reposer un peu du voyage et passerait nous chercher pour nous emmener dîner. Enfin dans notre chambre (somptueuse), j’appelle notre bel oriental et lui donne notre numéro de chambre, inscrit sur le téléphone. Une bonne douche, un petit somme réparateur et ….5 heures se sont écoulées lorsque nous nous réveillons en sursaut. Pas de nouvelles de notre beau brun ténébreux ! Esperanza conclut, impitoyable « C’est bien un mec ! » mais moi, j’ai du mal à y croire. J'ai toujours été d'un naturel confiant. Après tout, c’est lui qui s’est proposé pour nous sortir. Et il avait l’air si courtois et attentionné … Comme à mon habitude, je redoute qu’il lui soit arrivé quelque chose et décide de l’appeler quand même (je ne suis pas une fille très orgueilleuse).

    Alors ? Que s’est-il passé ensuite, d’après vous ?

    (A suivre…)

  • Entre Drôme et Vaucluse

    La même voiture dorée, au même endroit, à la même heure, mais sous une pluie battante qui n'a pas cessé depuis le matin.

    Jusqu'aux confins de la Bourgogne, il pleut, mais les coeurs sont réjouis. Y. chante "La complainte  pour être enterré à la plage de Sète" et la voiture qui file sur l'A6, vers la Provence, résonne bientôt du "P'tit bonheur" de Félix Leclerc et des standards de Brassens et Dassin. La nuit est tombée depuis longtemps quand ils atteignent la maison aux volets bleus accrochée à la montagne, à quelques kilomètres de Vaison-la-Romaine.

    Au matin, lorsque Fiso émerge, le soleil est déjà haut et la café brûlant. En déjeunant sous le tilleul de tartines dégoulinantes de miel de Provence, ils savourent la vue saisissante sur les vignes et surtout le silence, irréel. Bientôt, deux frimousses les rejoignent, tout surpris de retrouver ces visages devenus familiers. Baisers sonores, jeux d'eau, siestes dans le hamac, séances d'aquagym sur fond de déconnade dans la piscine, tapenade et muscat, grillades saupoudrées de romarin frais. Le soir venu, Fiso retrouve son répertoire de chansons d'enfants et les éclats de rire d'une petite fille pleine de vie troublent la nuit. Et lorsque les enfants sont couchés, Fiso et ses amis s'allongent dans l'herbe pour regarder les étoiles. Elle n'avait plus admiré le ciel étoilé depuis son enfance, en Allemagne. 

    Ce soir, il me reste des parfums. Celui du cou d'un petit garçon blond comme les blés que j'ai dévoré de baisers. Ceux des cheveux soyeux de sa soeur que j'ai parfumés d'huile de sésame.

    Mais surtout, il me reste le parfum puissant des quelques brins de thym, romarin et de lavande que j'ai cueillis avant de partir.