Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

2yeux2oreilles - Page 52

  • The Shining, au pied des Pyrénées

    Ma filleule est arrivée très en avance à l'aéroport : 6 heures pour un vol à 7h20. Je me pointe, grand seigneur, à 6h35. En porte 3, je ne vois pas sa jolie frimousse. Je l'appelle :
    " Tu es où ?"
    - Ben, porte 2 !
    - Oui, ma chérie, mais nous on part de la porte 3 !

    Elle me rejoint. En cuissardes. Je la charrie :
    " Toi, tu as la tenue adéquate pour prendre l'avion "

    Aux rayons X, elle tire à 2 mains sur ses cuissardes pour les enlever (oumpfffff ! ) Sur une jambe, la voilà qui devient toute rouge.
    Je sors de mon sac la pochette transparente qui contient tous mes produits liquides. Elle a oublié d'en faire autant et a droit au palpage. Ca y est, la voilà qui bougonne. On va se marrer.

    Le soir, on rejoint notre hôtel. Habituellement, je choisis moi-même mes hôtels mais là, je n'en ai pas eu le temps et ai laissé ce soin à l'assistante du service.
    Notre hotel est une longue bâtisse sombre, en contrebas. Nous garons notre veau sur un parking non éclairé.
    " Purée, c'est le genre d'hôtel lugubre où un chien te saute dessus dès que tu passes la porte d'entrée" dit ma filleule.

     Je pousse la porte d'entrée, un ridicule roquet se jette dans mes jambes en aboyant furieusement La port est tellement étroite que je reste coincée dedans, chargée de mes trois sacs. Crise de fou-rire avec la filleule. La patronne vient à notre rencontre et rabroue le roquet, visiblement vexée.

    "La piscine est chaufée ?" je demande.
    - Oui, mais il n'y a pas de lumière.
    - Ah bon ? On nage dans le noir alors ?" demande ma filleule.
    - Oui, désolée, la lumière est HS.
    Ma filleule charrie à voix basse "Oups ! Pardon monsieur !"

    "On va se claquer dans le jacuzzi ?" propose ma filleule. Tu m'étonnes, j'en rêve, après une journée dans une salle glaciale.

    Quand je passe la chercher et qu'elle ouvre la porte de sa chambre, je suis pliée. Vla le spectacle ! La filleule en bas de pyjama et en cuissardes ! Et sexy en plus !

    Le jacuzzi se trouve au sous-sol où règne un silence de mort, dans une salle glauque. Ma filleule s'évertue à retirer ses cuissardes (oumpffff ! )
    " Tu imagines si un pervers entre ? demande ma filleule, plongée jusqu'au menton dans l'eau qui n'est pas chaude. C'est clair que d'ici que quelqu'un nous entende ....

    Après 30 minutes à attendre, en vain, que l'eau bouillonnante chauffe, on sort du jacuzzi et on se rhabille en 30 secondes chrono, vu qu'on est aussi gelées qu'en y entrant. Sauf ma filleule qui galère pour remettre ses cuissardes (oumpffffff !)

    J'ouvre la porte du hamam, d'où s'échappent des volutes de vapeur.
    " Et si on allait au hamam ?" je demande à ma filleule, qui a enfin réussi à enfiler ses cuissardes.
    (oumpffffff ! ah ouais, on va se claquer dans le hamam !)

    Une heure plus tard, nous pénétrons dans le "restaurant". A une table ronde, 5 paires d'yeux nous dévisagent. A une autre, un couple mange en silence. Ambiance the Shining. On s'attend à voir débouler Jack Nicholson avec son couteau de derrière la porte de la cuisine.

    " Vous proposez quoi en soirée-étape ?"
    - Sauté de porc, répond la serveuse qui a l'air aussi heureuse d'être là que les clients.
    - On peut voir la carte ?
    - Ah mais y'a pas de carte.
    - Ah, donc on a le choix entre sauté de porc et sauté de porc ?

    Finalement, on a réussi à négocier une escalope de dinde grillée. Accompagnée de l'équivalent de deux cuillerées de riz détrempé. Ma filleule mord dans un pain gris et caoutchouteux.

    Quand je monte me coucher, un bourdonnement gâche le silence des montagnes pyrénéennes. Tiens, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas fait un hôtel de merde.

  • CNV, je ne suis vraiment pas aidée ...

    Pratiquer la communcation non violente dans ma jungle urbaine, c'est comme participer à l'île de la tentation quand on est un couple heureux et sans histoires. Ou plonger la main dans un panier de crabes.

    J'engrange pourtant quelques petites victoires. Petites parce qu'on ne change pas si facilement un mode de pensée qui s'est construit sur des années. Mon métier de formatrice me permet de constater chaque jour les bénéfices d'échanges basés sur la bienveillance, l'encouragement et la valorisation. Ma « filleule » a même souligné « ma patience, mon sang-froid et ma faculté à apaiser les tensions. »

    Sauf dans les transports. Au volant, elle a découvert, la semaine dernière, mon côté mec et m'a entendu apostropher vertement les autres automobilistes. Accessoirement, elle trouve que je roule vite. Pourtant, j'avais bien du mal à pousser à 130 l'Opel Corsa de merde qu'on m'avait filée la semaine dernière. J'espère que je ne vais pas me taper le même veau demain matin, j'ai quand même 1h30 de route entre Pau et le site de mon client. Sinon, elle va encore m'entendre pester.

    Dans le métro, aussi, je suis en mode cocotte-minute. Comme jeudi soir, lorsque après un échange stressant avec mon client, nous sommes arrivées dans le métro.
    Il faisait un froid glacial, nos ordinateurs pesaient une tonne, j'avais mal aux yeux après une journée entière à fixer l''écran lumineux et il nous restait 14 stations avant de retrouver nos collègues pour une soirée au resto. Au milieu du wagon, j'aperçois deux places vacantes qui nous tendent les bras. Je me rue, souffle la place à un type grisonnant qui tentait de l'atteindre avant moi et invite ma "filleule » à s'assoir en face de moi. Amer, le bonhomme me glisse un peu sèchement : « On va dire que c'est de la galanterie ». Percevant toute l'ironie de son propos, je me retiens de lui faire une réponse superbe à la Gicerilla (version Fiso quand même) : « Non, là mon pote, en l'occurence, c'est de la parfaite goujaterie. »
    [Gicerilla a une façon de moucher les gens en restant parfaitement élégante, je ne sais pas comment elle fait. Elle est tout simplement meilleure que moi en communication non violente.]

    J'assène donc à mon interlocuteur un minable : « On va dire ça, oui. Merci. »
    Il ne lâche pas le morceau : « Vous avez quand même fait du forcing mais c'est pas grave. »
    J'ai envie de répondre «  Vous allez me casser les couilles encore longtemps ? Ca vous fait si mal au cul que ça de laisser deux jeunes femmes s'assoir ? » mais je me contiens et dis  « Non, j'ai juste été plus rapide que vous » [et vlan dans ta gueule, espèce de mollusque. Et si tu continues à ergoter, tu vas te les prendre, mes roubignoles]

    A la station suivante, il est assis. C'était pas la peine de faire tout un flan. Nous, en revanche, on aurait sûrement dû attendre bien plus longtemps que lui pour obtenir 2 places assises. Mon triomphe est pourtant de courte durée. Mon voisin, un Africain sans âge mais sans doute plus âgé qu'il n'y paraît, dégage une odeur d'urine épouvantable. Je passe les 20 minutes suivantes en apnée. Je prends des couleurs, quoi. Assoupi, il manque même me tomber dessus.

    Nous approchons - enfin - de Montparnasse, ça sent moins la pisse et un peu plus la libération. Nous nous levons, je commente l'attitude du vieux grisonnant et ce constat désolé que j'ai fait, tout au long de cette semaine où la joie de vivre de ma «  filleule » m'a accompagnée, que lorsqu elle éclate de son rire extraordinaire, les gens se retournent et lui jettent un regard surpris, moqueur, parfois même désapprobateur. Comme si être joyeux était totalement inconvenant, voire anormal. Appuyé au strapontin, un jeune homme, qui écoute visiblement moins la musique qui s'échappe de ses écouteurs que notre conversation, sourit. Un complice, ouf, tout n'est pas foutu.
    Et alors que quelques ondes de bien-être m'envahissent, de bonnes vibes comme on dit quand on parle franglais, je jette un dernier regard au vieux monsieur africain qui au même moment, croyant peut-être encore sentir mon épaule toute proche pour le retenir, glisse de son siège et tombe par terre, sous le regard des voyageurs.
    Hagard, il se redresse sur un genou, regarde autour de lui, semble se demander où il est. Les paumes au sol, il ne parvient pas à se relever. Le bonhomme grisonnant le regarde, ne bouge pas. Et là, n'en croyant pas mes yeux, je crie : «  Non mais, je rêve ? Y'a personne qui va le relever, ce monsieur ? Il ne va pas le relever, l'autre connard, au lieu de le regarder comme un abruti ? »

    Et voilà. J'ai donné raison à ma «  filleule » fraîchement débarquée de son Nord natal avec tous les clichés habituels concernant les Parisiens. Bravo Fiso. 

    PS : J'avais commencé ce billet dans un tout autre but, celui de vous dire que j'étais fière de moi parce que je progressais et venais justement de déjouer un des écueils du "Demander" en envoyant un mail à un homme qui m'est cher.

    Mes succès méritent au moins autant de place, et même plus, que mes échecs. Car il n'est pas vrai que seuls les échecs nous font grandir. Du coup, je m'en vais écrire un autre billet.

  • S'éffeuiller en janvier, faut vraiment être givrée !

    [EDIT du 3 février pour Les Nuages Bavards qui « violente » mon goût pour le flou]

    « J'ai sorti la guêpière, les filles ! Je suis harnachée comme une pouliche qui va courir le Grand Prix ! » : voilà mot pour mot le sms que j'ai envoyé à ma bande de copines déjantées.

    J'avais confirmé, quelques semaines plus tôt, mon inscription ce vendredi-là à un cours d'effeuillage dans le quartier du Sentier.  Les cours d'effeuillage sont devenus très à la mode après la sortie du film « Tournée » qui a suscité un nouvel engouement pour les tenues rétros et les strip-tease à la Dita (Von Teese, pas la blogueuse). La culotte couvrante est d'ailleurs en passe de supplanter le string, aussi appelé « hilo dental (fil dentaire) » chez nos amis sud-américains. Mais revenons à nos tétons moutons.

    Le vendredi, dans 99% des cas, nous autres formateurs sommes au bureau. Pas de pot pour moi, ce jour-là, ma boss m'avait envoyée donner une formation à un de nos clients, de surcroît 3 hommes qui n'ont pas les yeux dans leurs poches, comme on dit.

    « Prévoyez deux tenues de lingerie, un tailleur jupe, une chemise, des talons » disait le mail de confirmation. La formation se terminerait au plus tôt à 17 heures, le cours commençait à 18h, impossible donc de rentrer me changer.

    Faute de bas couleur chair, j'avais clipsé dans les attaches de ma guêpière rose buvard - non sans peine - la version élastiquée, qui est censée tenir toute seule. J'ai même failli me faire un lumbago en tentant de fixer les attaches arrière. Dans le métro, lorsque je me suis assise, j'ai entendu "chtong".

    « Fait vraiment froid ce matin », me suis-je dit lorsqu'un courant d'air glacial m'a piqué les cuisses. Une heure plus tard, le sourire lumineux de ma « filleule » m'accueille en haut des marches d'une station de la ligne 5. En chemin, je lui donne un coup de coude, soulève ma jupe, dévoile un peu de peau.

    « Waouh, marraine ! Tu portes ça, toi ? » s'écrie-t-elle.
    [Je ne vous ai pas encore parlé de la jeune femme qui a récemment rejoint notre équipe de formateurs et m'accompagne depuis quelques semaines. Craquante de fraîcheur. Moi, si j'étais un homme .....]

    Quelques minutes plus tard, nous pénétrons dans les locaux de mon client en région parisienne. La salle de formation est un véritable congélateur.

    « Ça prend un peu de temps à chauffer » assure un de nos stagiaires, se voulant rassurant. Je m'assied face à eux en plaquant bien mon corps à la chaise, histoire qu'ils ne grillent pas mon accoutrement de coquine.

    Vingt minutes plus tard, ma filleule s'excuse et remet son manteau. Je résiste vaillamment mais finis par me réfugier dans mon petit blouson cintré, que je ne quitterai plus de la journée. Nos stagiaires font de même.
    Malgré leurs multiples tentatives pour couper la ventilation et enclencher le chauffage, nous passons la journée frigorifiés. Ma filleule, qui ne supporte pas le froid, est blême. Moi j'ai les fesses glacées.

    Vers 14 heures, je lis les réponses de mes copines, que je vais retrouver dans la soirée. Ça charrie grave :

    «  Tu cours le quarté ou le quinté ? demande la brune piquante.

    - On va se marrer ! renchérit celle au teint de porcelaine.

    - Ptain les filles, y'a pas de chauffage chez mon client, vous le croyez ? Je ne sais pas si on va se marrer mais j'ai froid au cul ! »

    A 19h, face à un immense miroir dans lequel se reflètent une dizaine de femmes quasi nues, je réalise, alors que la prof nous invite à lancer nos soutien-gorge, que la guêpière n'était pas le meilleur choix pour ce cours d'effeuillage.

    Cette chorégraphie caricaturale ne mérite d'ailleurs pas ce nom mystérieux et empreint de sensualité car plutôt qu'un cours d'effeuillage qui sublimerait la femme, toutes les femmes, la «  prof », qui dans la vie est strip teaseuse, a voulu nous enseigner l'art du déshabillage de cochonne, avec tous les clichés du porno, secouage de crinière (et tant pis pour celles qui n'en ont pas), écartage de jambes (et tant pis pour les rouillées), auto-caressage de croupe. Pour un peu, elle nous aurait demandé de nous sucer l'index. Alors voilà, je reste conne avec ma guêpière, car dégrafer et agrafer ce bel objet prend juste un peu plus de temps qu'avec un soutien-gorge .... Pourtant, quelle plus belle parure qu'une guêpière ?


    Différence entre le strip-tease et... par 20Minutes


    Lundi matin, 9h30, après avoir peaufiné ma choré perso sur Kiss de Prince (et en pyjama, s'il vous plaît !), je roule à travers les paysages enneigés des Hautes-Pyrénées. Ma « filleule », assise à côté de moi, profite de la lumière exceptionnelle et admire les cimes. Notre stagiaire nous accueille avec un sourire chaleureux et nous emmène dans son bureau. Un congélateur.

    « Le chauffage est mis ? » demande ma filleule. « En fait, on a un problème, il y a une panne du système de chauffage »  répond le stagiaire.
    A la pause, je découvre un sms d'encouragement de ma chef de projet « Bon courage, les filles ! »
    - Merci poulette ! Ptain on a pas de chauffage chez XX et y'a de la neige dehors ! La tête de la filleule ! »
    A 14 heures, ma « filleule » craque et demande un chauffage d'appoint, qu'on pique dans le bureau d'à côté. Nous tenons bon en rêvant à la piscine chauffée et au jacuzzi de notre hôtel. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises.

    Ça faisait longtemps que je ne vous avais pas écrit une note « Vis ma vie de formatrice » , non ? Vous allez en avoir deux à la suite, figurez-vous, histoire de vous montrer que mes semaines ne sont pas toujours aussi sympas qu'à Pamplona ....

  • Balade avec une famille australienne (et francophile)

    Samedi matin, 10h50, je reçois un appel d'une jeune femme à l'accent anglais. "Je suis la fille de C., je voulais savoir où nous devons vous rencontrer pour la visite ?"
    Au téléphone, j'indique qu'on me reconnaîtra à la casquette rouge. "Moi aussi" répond C.

    Lorsque je débouche sur le terre-plein, à Pigalle, je répère vite, au milieu d'un groupe de 5, la fameuse casquette rouge. Après les présentations, nous traversons l'avenue et empruntons la rue Germain Pilon. Au passage, je recommande La Bougnate et en chemin, fais la connaissance de la jeune fille qui parle français. Elle l'a appris à l'école et a passé 3 mois à Bordeaux, l'hiver dernier. La famille vit à Sydney et sont venus à Paris, qu'ils adorent, il y a plus de 10 ans.

    Place des Abbesses sont installés plusieurs stands où l'on vend des crêpes, des huîtres, du vin.

    "Qu'est ce que c'est, un marché ? demande M., le père de famille, un jovial moustachu aux yeux bleus.

    - Un marché touristique", je réponds.

    Quelques minutes plus tard, après une grimpette dynamique au cours de laquelle je recommande à M., qui adore ça, l'os à moelle des Ronchons, ils admirent la vue du parvis du Sacré Coeur. Je passe un appel à mon ami chtimi tandis qu'ils visitent l'édifice.

    En route vers la place du Tertre, où je leur révèle l'origine supposée du mot bistrot, M. me confie sa passion pour l'histoire et Paris en particulier. Il en connaît un rayon, M., sur l'histoire et la géographie françaises, et fait mentir les résolutions que j'avais prises au sortir de la balade avec Annelies et Arvin. Il sait même qu'il y a un vignoble montmatrois. C'est justement prévu au programme de ma balade.

    La veille, M. est allé se promener autour du Panthéon, émerveillé. Je lui raconte l'histoire de la rue Saint-Jacques et l'engage à admirer le jubé de l'église Saint Etienne du Monts, toute proche. M. travaille comme juge dans un tribunal pour réfugiés et me confie le stress qu'il vit quotidiennement à devoir décider de leur sort. Notre conversation se fait plus philosophique. Il satisfait ma curiosité quand à ses origines; sa grand-mère irlandaise lui a même donné droit à un passeport vert.   

    Après être passés devant la fameuse maison rose d'Utrillo, nous voilà maintenant au pieds des vignes de Montmartre. M rit de bon coeur en écoutant l'anecdote de l'âne Lolo du café Le Lapin Agile. Cathy et lui connaissent tous les noms des peintres montmartrois. Je prends moi-même beaucoup de plaisir à cet échange avec eux.

    Un salut à Dalida, et au pauvre Saint-Denis qui n'a toujours pas retrouvé sa tête, puis nous descendons l'avenue Junot et saluons le géant qui domine la butte depuis 400 ans. Une des jeunes filles a une envie pressante, c'est l'occasion de pousser la porte du Studio 28, qu'ils visitent rapidement, avant de rejoindre la rue Lepic. Je les pris de m'excuser quelques instants, il est 16 heures et je n'ai pas déjeuné, j'achète une part de quiche Aux Petits Mitrons et un sachet de chouquettes pour ma petite famille australienne.

    Alors que nous jetons un coup d'oeil au café d'Amélie, des bruits de fanfare se font entendre et une étrange procession apparaît au bas de la rue Lepic. En tête de cortège, on promène une statue en bois sombre. Plus loin, je remarque un drapeau breton, des cornemuses, des coiffes. J'interroge un groupe vêtu d'un tee shirt du Loiret. Le défilé fête à la fois la Saint-Vincent, patron des vignerons, et la coquille Saint-Jacques. La procession se terminera par une messe. Mon groupe d'Australiens est ravi de ce folklore inattendu et prend, comme moi, quantité de photos.

    Photos00022.jpg

    Plus bas, je leur fais admirer la façade de la maison de l'Escalopier avant un dernier arrêt devant le Moulin Rouge. Je propose un verre mais ils ont visiblement un autre programme, leur offre de refaire une autre balade avant leur départ dans 2 semaines et les salue. Nous avons passé 3 heures ensemble, il m'en reste 2 avant de retrouver P_o_L devant la Cigale pour un concert. J'appelle Yo qui attend son bouchon lyonnais - garanti 100% halal - dans un café du Marais et les y rejoint. 

  • Balade avec Annelies et Arvin

    Cet après-midi, je vais faire visiter Montmartre à une famille australienne. L'occasion de me rendre compte que j'ai oublié de vous raconter la balade de novembre, au retour du Maroc, avec un couple d'Australiens aussi.

    Je n'aime pas imposer un parcours. Difficile de choisir entre les nombreux charmes de Paris. Avant la balade, la communication entre mes visiteurs et moi se fait par mail. Je lance plusieurs pistes : Montmartre, Montparnasse ou le Palais Royal.

    En novembre dernier, Annelies et Arvin me retrouvaient après une matinée passée à Versailles. J'avais donc proposé de les récupérer à leur gare d'arrivée, Montparnasse, et de leur faire visiter ce quartier. Rendez-vous dans la gare, devant le Quick, signe de reconnaissance : la casquette rouge que m'a offerte P_o_L.
    A 15h, une jeune femme blonde m'aborde. Annelies, australienne, a de multiples origines européennes, notamment hollandaises. Alvin, quand à lui, est d'origine philippine. Tout en faisant connaissance, je les entraine sur le toit de la gare, dans le jardin Atlantique que m'a fait redécouvrir récemment ma collègue et amie Cat. Peu de gens imaginent qu'au dessus des voies s'étend un paisible jardin, auquel on peut accéder via un escalier à gauche des voies. En novembre, cependant, son charme est amoindri et le mémorial Jean Moulin n'a que peu d'intérêt pour des Australiens. Note à moi-même : éviter les jardins en hiver et les références historiques pour des visiteurs venant de l'autre bout du monde.

    Au bout du jardin Atlantique, je fais un crochet pour montrer à Annelies et Arvin les édfices construits par Ricardo Bofil. Nous empruntons la rue de la Gaité dont je raconte l'histoire et montre les nombreux théâtres, puis la rue Delambre jusqu'au boulevard Raspail. Là, Arvin tombe en arrêt devant l'impressionnante devanture du Bar à Huîtres. "J'adore les huîtres, on s'en prend une assiette, Fiso ?" demande-t-il en se tournant vers moi. Voilà un bien original goûter. Je harcèle un serveur pour qu'on vienne nous servir. 20€ l'assiette de 6 huîtres avec un verre de blanc, c'est hors de prix mais Arvin découvre le vinaigre à l'échalote et se régale tandis qu'Annelies s'enquille le verre de blanc.

    Après un crochet rapide par la rue Campagne Première et ses superbes ateliers d'artistes, nous reprenons le boulevard Raspail, que je trouve bien triste jusqu'au Lutétia. Je pousse les portes de ce palace parisien, dans lequel j'ai travaillé en extra il y a de longues années maintenant, et montre le hall à mes visiteurs.

    "Qu'est ce qui vous surprend le plus à Paris ?", leur demandé-je tout en cheminant.

    - La beauté des immeubles" répondent-ils. Hier, on voulait visiter le Louvre. On sort de l'hôtel, on voit un très beau bâtiment, on se dit "Ca doit être le Louvre. Non, c'était juste un très bel immeuble. On tourne le coin de la rue, on voit une autre imposante construction. Ca, ça doit être le Louvre. Encore raté. Tous les immeubles sont incroyablement beaux à Paris !"

    -Oui, on l'a échappé belle pendant la seconde guerre mondiale".

    Nous voilà sur le boulevard Saint-Germain, et même s'ils n'ont jamais entendu parler de Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir, ils prennent des photos des cafés qui ont fait la célébrité du quartier. A l'angle du boulevard Saint-Michel, je leur montre les thermes de Cluny, le musée du Moyen-Age. Je dois me contrôler car il y a toujours une rue, un détail pour m'entraîner plus loin.

    Nous parlons gastronomie :

    "Vous mangez beaucoup de cuisses de grenouilles et d'escargots?" demandent-ils.

    - Pas du tout, c'est un cliché. Je n'ai pas mangé de cuisses de grenouilles depuis au moins 10 ans et les escargots, pour ceux qui aiment ça, on en mange plutôt lors de repas de fête".

    Annelies et Arvin, attirés par l'effervescence de la rue de la Huchette, piège à touristes que j'évite systématiquement, m'y entraînent. Arvin pointe du doigt le menu qui s'étale à la craie sur une ardoise "Pourtant, là, il y a des cuisses de grenouilles et des escargots ?"

    Damned, mais c'est vrai ! Au menu de chacun des restaurants de la rue de la Huchette, on trouve ces plats censés constituer l'essentiel des repas français. Je comprends mieux. Ces enfoirés de restaurateurs entretiennent le mythe !   

    A la fontaine Saint-Michel, peu après 18h30, après leur avoir conseillé une balade en bateau-mouche et montré sur un plan l'emplacement de l'embarcadère, je quitte Annelies et Arvin, en leur souhaitant, l'année prochaine, un merveilleux mariage.

    Je suis contente de ma première balade, en revanche, je me suis rendu compte de plusieurs choses :
    1) Eviter les références artistiques et historiques à des personnages qui sont totalement inconnus aux visiteurs non-Européens.
    2) Conséquence du point 1 : réfléchir à des balades plus appropriées aux visiteurs anglophones. Pourquoi pas rechercher des traces australiennes dans Paris ?
    3) Une balade, c'est un peu comme une formation, finalement. Il faut définir un / des objectifs, un plan de balade et annoncer le programme.