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2yeux2oreilles - Page 49

  • On en apprend tous les jours : je suis une nombe !

    J'entre dans le café y bar de tapas Alhambra, une des autres adresses alléchantes de la plaza Pescaderia, autour de laquelle je tourne depuis plusieurs jours. Sur sa facade, ce restaurant se vante d'offrir de délicieuses tapas concoctées par le chef Pepe.

    Il est encore tôt et l'endroit est assez vide. Je m'installe au fond, sur une chaise haute, me débarasse de mon sac et commande un verre de vin rouge au serveur, fort bel homme par ailleurs. J'ai envie de légumes et commence par unas habas de Granada con jamon de Trevelez. On m'apporte une belle assiette de fèves tendres et sucrées surmontées d'épais copeaux d'un jambon qui exhale le cochon andalou. Absolument délicieux. Je me régale et sauce avec gourmandise l'huile d'olive fruitée qui tapisse l'assiette.

    Sur le comptoir, une belle tortilla jaune, bombée comme une soucoupe volante, me laisse pantoise. Des poulets badigeonnés d'huile et de piments séchés attendent qu'on les grille. Je dégaine mon appareil photo. Pepe, le chef, penché sur ses marmites et casseroles, juste derrière le comptoir, remarque tout de même mon manège. Il rapplique avec une autre tortilla, encore plus ronde que la première, puis encore une autre. Je crois qu'il se moque un peu de moi, mais ce n'est pas grave.

    Alors que, pourtant rassasiée, j'ai commandé un bol de caracoles al estilo Albaicin et un deuxième verre, deux Asiatiques entrent et s'installent à la table voisine de la mienne. Japonais, il me semble. Père et fils ? J'en doute car ils ne se ressemblent pas. Le plus âgé, coiffé d'une casquette, doit approcher la soixantaine et le plus jeune dépasse à peine la vingtaine.
    Je profite de l'intérêt que suscite le bol d'escargots qu'on vient de déposer devant moi pour leur adresser la parole. Le jeune homme parle très bien anglais. Ils sont en effet japonais et c'est leur dernier jour en Andalousie, après des sauts à Madrid, Malaga, Cordoue et Séville.
    " Quelle relation pensez-vous que nous ayions?" me demande-t-il. "Vous êtes amis ?"
    " En fait, ce monsieur est propriétaire d'un restaurant de takono miyaki à 1 heure de Tokyo et aussi mon professeur de guitare. Je rêvais de venir en Andalousie - un de ses amis aurait beaucoup apprécié l'accueil réservé en Espagne aux personnes handicapés et lui aurait donné envie d'y venir - et lorsque je lui ai fait part de mon projet, il a souhaité m'accompagner. Mon professeur a commencé sa carrière en tant que guitariste classique et le but de ce voyage, c'était de voir la Alhambra à cause de l'album "Alhambra Memories".
    [NDLR : Si quelqu'un sait de quel album il parle, je suis intéressée.]

    Nous discutons fort agréablement tandis que j'extirpe mes gastéropodes de leur coquille. Ils baignent dans un bouillon pimenté et parfumé, entre autres, d'amandes hachées, que je déguste à la cuillère. Je n'en saurai pas plus car le serveur me l'a dit : Secreto del chef. Je confie à mes deux compagnons d'un soir que j'aime particulièrement la cuisine japonaise, que mon ami Seiji me fait découvrir.

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    "Est-ce que c'est vrai que les Français n'aiment pas parler anglais ?" demande le jeune Yuichi. Je proteste. Il est très sociable et sympathique, ce jeune homme, et à chaque fois que je me tais pour ne pas troubler leur conversation, il se tourne vers moi et me relance. Nous trinquons joyeusement puis ils attaquent un des volatiles pimentés.

    Une table de Français, Papa, Maman et les deux fistons, s'est installée non loin de nous. Ce soir, je suis en mode "chauffeuse de salle", comme dirait mon frère, et je me pointe à leur table en leur demandant ce qu'ils ont commandé. Ils sont de Bordeaux et viennent d'arriver à Grenade. Me demandent quels plats et quels restos je leur conseille. En les énumérant, je me rends compte que j'en ai déjà écumé quelques-uns !

    Je les quitte assez vite car une femme seule, Parisienne de surcroît, qui aborde les gens de façon tout à fait désintéressée, ça peut paraître suspect. Comme j'aimerais être ici avec ma filleule, mam'zelle Gigi, Boug', ou Quine, voire toutes mes copines ensemble, et l'Auvergnate rousse aux taches de rousseur aussi ! Ce serait un joyeux bordel.

    Lorsque je me rassieds sur ma chaise haute, Yuichi se tourne vers moi et me lance :
    " Au Japon, on vous appellerait une nombe."
    Allons bon, quel est donc ce nouveau qualificatif ?
    Il explique : "Une nombe, c'est quelqu'un qui aime boire et parler avec tout le monde. Si vous allez dans une izakaya au Japon,et que vous dîtes "Je suis une nombe", les gens vont beaucoup vous aimer."
    [ Message à l'intention de Seiji : quand est-ce que tu m'emmènes faire la tournée des izakaya ?]

    J'accueille le compliment avec beaucoup de plaisir et lève mon verre en criant "Nombe !", ce qui fait beaucoup marrer le propriétaire du restaurant de Takono Miyaki.

    Puis le jeune Yuichi propose ce que je n'ai pas osé faire jusque là (mais je ne crois pas que je les aurais quittés sans le proposer) : prendre une photo-souvenir de nous deux. Quà cela ne tienne, nous sollicitons le jeune ado bordelais pour une photo de nous 3, sur leur appareil et le mien. Nous échangeons également mails et coordonnées, et je leur propose de leur faire visiter Paris, si jamais, en dépit de notre mauvaise réputation, il leur prenait l'envie de venir en France.

    A la caisse, je papote avec un couple palois (décidément, il y a eu un arrivage de Français ou quoi ?), règle 17€55 car c'est rare, mais cela arrive, et en particulier dans les endroits où l'on sert des tapas gastronomiques comme au restaurant La Alhambra, seul la première tapa est offerte.

    Enfin, à moins de 3€ l'excellent verre de rouge et 3,50€ la tapa, je vous recommande cette adresse. A la carte des tapas, on trouve entre autres spécialités : paella, salpicon de marisco con aceite, cazuela de gambas con setas al ajillo, calamaritos a la plancha, bacalao frito con tomate de la huerta, salmorejo, chistorra de la Alpujarra a la sidra ou encore le fameux pollo al ajillo con pimentos secos.

    Mon estomac et mes papilles expriment leur plus profonde gratitude au chef Pepe !

  • Balade dans le Rialejo

    Mon réveil me tire du sommeil à 10h. Je petit-déjeune en terminant Salammbô puis me fais une session nostalgie en écoutant un album de Wham ! sur lequel je chante. Un des ouvriers de B. monte même en croyant que c'est B. qui fait des vocalises. En fait, B., après un premier réveil, est retourné se coucher. Il se lève peu après et je lui raconte mon voyage au Maroc avec Yo pendant qu'il déjeune. J'ai prévu, au mois 5 comme on dit là-bas, de retourner dans le nord du Maroc pour séjourner à Tanger, Tetouan, Chefchaouen et peut-être même Meknès, que je n'ai vues que furtivement. J'aimerais commencer mon voyage ici, en Andalousie, mais cette fois sur sa côte Ouest, en aterrissant à Jerez, où j'ai travaillé mais peu flâné, et en allant surtout me perdre à Cadiz et alentours. De là, je suivrai la côte et prendrai un bateau pour Tanger. B. envisage même de m'y rejoindre et cela m'enchante.

    Vers 12h30, je descends à pied dans Albaicin, prenant des ruelles qui me sont maintenant familières. A certains angles de rues, il y a ces jolies plaques bleues et blanches qui signale leur nom, comme celle-ci "Cruz de arqueros". Je me perds - suivant les conseils de B mais avec beaucoup de zèle - dans le labyrinthe de Albaicin, tant et si bien que j'atterris non pas près de la Plaza Nueva, comme prévu, mais du côté de celle del Triunfo.

    De là, pour éviter la calle Elvira, sans intérêt, je monte et descends des escaliers, tourne à droite puis à gauche. Enfin, j'atteins la Caldaderia Vieja et entre dans la brasserie La Riviera, celle où nous avons mangé de roboratifs tapas samedi soir.

    Grenade, Andalousie, WajDi, Zarxas

    Après avoir dévoré montadito, brochette et salade et sifflé le verre que m'a offert le serveur, qui m'a reconnue, je prends la Santa Escolastica en direction du Realejo, l'ancien quartier juif de Grenade. Un bandeau lumineux affiche 24°C. Le quartier derrière les statues des rois catholiques est très sympa, les rues sont bordées de quantités de bars.

    Je me perds dans Damasqueros, où les terrasses au soleil sont prises d'assaut, longe la place Campo del Principe, remonte jusqu'à la plaza San Cecilio où, surplombée par le palace hotel Alhambra, se dresse la petite église de San Cecilio. Digestion aidant, j'ai un sérieux coup de barre et profite un long moment, sur ses marches, du soleil et d'une brise rafraîchissante. Les rues du Realejo sont désertes, on se croirait dans un village de campagne écrasé par la moiteur d'une après-midi d'été. Il y a bien deux touristes anglophones qui jaillissent d'on ne sait où, en shorts, et aussi ces deux jeunes, elle hurlant sur le porte-bagages de la bicyclette, dont je me demande bien comment ils arrivent sains et saufs en bas de la pente qu'ils dévalent à toute allure.

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    Après cette pause, je m'engage dans une jolie allée bordée de maisons magnifiques, signalée comme étant une impasse et qui s'avère être, en effet, une impasse, même pour les piétons.

    De là, je redescends sur la calle Molinos et tombe devant un bâtiment, voisin du théâtre Alhambra, qui me semble d'inspiration mauresque et arbore le mot Masagra sur sa façade. Il faudra que je demande à B. ce que ça peut être. Un peu plus loin, à gauche, le centre de lettres modernes se trouve lui aussi dans un ensemble architectural très élégant, en jaune safran et blanc.

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    Je descends la cuesta Molinos, débouche sur le paseo de la Bomba qui longe la rivière Genil et rejoins le Paseo del Salon. Là, je traverse la terrasse du restaurant Las Titas. J'aimerais bien me poser dans un café avec option wifi. Je dédaigne la terrasse du café Futbol, pourtant proche mais privée de soleil.

    Finalement, je traverse Puerta Real et déniche, près de la cathédrale, un salon de thé marocain où je tente, tant bien que mal, d'écrire mes billets en retard tout en discutant avec le serveur berbère et fort sympathique, originaire de Nador. Lorsque mon ordinateur s'éteint, à bout de batterie, je plie bagage. C'est l'heure des tapas.

    NB : J'ai demandé à B. : Masagra, c'est le siège départemental des services de l'eau.

  • Où courir à Grenade ? (c'est la reprise !)

    Ce matin, je me suis levée tard. J'ai déjeuné d'un café, de quelques tranches de pain et d'un bout de fromage. B. se lève encore plus tard, lui, mis K.O. par le café bu la veille.

    Nous discutons longtemps de religions, conversation très intéressante, comme toutes celles que j'ai eues jusqu'ici avec lui. Je m'incruste dans sa séance de jogging le long de la rivière. Il ne sera pas dit que j'aurai amené ma tenue de joggeuse pour rien, et si j'ai abandonné tout espoir de courir dans son quartier, beaucoup trop escarpé pour moi, je souhaite vraiment profiter du beau temps pour reprendre la course, que j'ai arrêtée il y a 4 mois. B. m'apprend que les étirements avant de courir, que je pratique depuis toujours, sont non seulement inutiles mais de surcroît, mauvais pour les muscles.

    Il se gare tout à côté de l'endroit où il m'a récupérée la veille, en route pour Malaga, et nous nous longeons la rivière en nous éloignant des terrasses où se prélassent les Granadinos.

    Très vite, après le quartier escarpé du Realejo, petit frère de l'Albaicin, d'où émergent de superbes demeures, on se trouve sur le paseo Fuente de la Bicha. Le chemin devient de terre, une végétation touffue de joncs remplace les élégants palmiers, B. s'élance, puis me distance. Je suis son tee-shirt rouge qui trotte à bonne allure et s'éloigne jusqu'à disparaitre. Le parcours, qui totalise 14 kms, est vraiment très agréable et fréquenté par les promeneurs, familles, joggeurs et cyclistes.

    Après le quartier du Realejo, que je parcourerai le lendemain, on longe à droite ceux de Bola de Oro, puis El Serrallo. Ensuite, après un court voisinage avec l'autoroute qui mène à la Sierra Nevada, le sentier s'enfonce à travers champs et les habitations se raréfient. Je demande l'heure à une femme, elle m'indique 18h40. J'ai dû courir une demie-heure, je m'arrête et marche tranquillement.

    Après 5 minutes, B. vient à ma rencontre, toujours courant. "On a commencé à quelle heure ?" lui demandé-je. "18h22" dit-il en s'éloignant. Zut, je n'ai donc couru que 20 minutes ? Je reprends la course, une petite dizaine de minutes, je pense, et le retrouve à sa voiture. C'était, pour moi, une petite séance mais la reprise est faite.

    Pour fêter ça, peut-être, ou juste pour terminer le weekend en beauté, B. débouche une bouteille de rosé de sa Provence natale, ouvre le bocal d'olives noires préparées par son maçon, tranche chistorra et chorizo, me sert une assiette de lentille aux poivrons qu'il a - très bien - cuisinées. Ensuite, nous mangeons un peu de fromage et finissons par un bol de fraises arrosées de citron - et de sucre - et une anone (la fameuse guanabana, version miniature).  

  • Virée sur la Costa del Sol (sans bikini)

    B. doit aller faire quelques emplettes à l'Ikea de Malaga et propose, si j'en ai envie, de me déposer dansle centre de Malaga pour m'y promener. Je descends d'abord petit-déjeuner en ville et profiter du wifi du café Futbol, d'où je discute avec Mère Mi, entre deux coupures d'internet, tout en plongeant des churros aériens dans un épais chocolat chaud. J'envoie également un mail à ma copine Susan de Malaga, sans grand espoir qu'elle le lise à temps, mais sait-on jamais ?

    Deux heures plus tard, je reçois un sms de B. qui me dit être en route, me laissant juste le temps d'une agréable promenade jusqu'au puente Genil, un joli pont de pierre qui enjmabe la rivière du même nom. Ce quartier, que je ne connais pas, semble fort agréable. " Quel timing parfait" constate B. alors que nous quittons Grenade.

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    Dans le col du "Soupir du Maure", par là même où Boabdil quitta sa ville, les amandiers sont déjà en fleurs. B. vante les villages berbères du versant sud de la Sierra Nevada, seulement fréquentés par les touristes "se situant entre Ardèche et Larzac" . A droite, un gigantesque barrage founit en eau la province de Grenade.

    Bientôt, on aperçoit sur un piton, le village blanc de Salobrena. B. a acheté un terrain dans cet endroit dont le front de mer, non constructible, a été épargné par les ensembles gigantesques qu'on trouve dans la province de Malaga. Salobrena accueille une significative communauté belge car c'est là que la famille royale a sa résidence d'été, et là d'ailleurs que le roi Baudouin poussa son dernier soupir. De tout en haut de la ville, la vue sur la côte est absolument spendide. En contrebas, les champs de canne longent toujours la mer car, je l'ai appris lors de ce séjour, on fabrique même du rhum ici.

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    A Malaga, B. me dépose sur la place du general Torrijos. Je rejoins rapidement la bâtisse jaune de l'ayuntamiento, puis la cathédrale car ma première priorité est de manger. Il est 15h30 et je meurs de faim. Rue Granada, je m'offre une salade d'avocats et tomates cerise et une friture de calamars.

    Je suis maintenant prête pour la visite du musée Picasso, situé dans le très beau palais Buenavista. C'est un endroit très agréable que ces salles au plafond en bois sculpté. Je n'y trouve hélas aucune des oeuvres que je connais, et surtout pas Guernica, que j'ai étudié au lycée en classe d'espagnol et qui m'a fait aimer Picasso. Guernica, comme la plupart des pièces maitresses de Picasso, ne se trouve pas dans sa ville natale mais au musée Reina Sofia de Madrid. Picasso a quitté Malaga à l'âge de 19 ans et n'y est jamais revenu. Mon guide, qui date quand même de 2005, vante les patisseries et le patio du café du musée. Pourtant, ceux-ci sont absolument déserts, et je m'y installe quand même pour déguster un délicieux muffin à la crème de citron (c'était ça ou une mousse aux 3 chocolats).

    En attendant que B. sonne le rappel des troupes, je traîne dans la ville, me pèle en essayant, en vain, de me connecter au wifi du café-restaurant El Jardin, idéalement situé sur une place derrière la cathédrale, mais à l'ombre, donc. Finalement, le code écrit par le serveur était à traduire en minuscules, et je réussis tout de même à papoter avec Mère Mi sur Skype (vive la retraite !).

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    B. me récupère sur un rond-point. Le pauvre a passé cette journée ensoleillée dans un magasin ...

    Dans la voiture, sur le siège arrière, je comate en écoutant Chambao, groupe électro de Malaga. Vers 20h, nous voilà enfin de retour à Grenade où B. me donne une pause jusqu'à 22h, heure à laquelle nous irons rejoindre un de ses amis dans le centre pour quelques verres. A l'heure dite, j'entends B. qui dit dans son téléphone "Salimos ahora mismo". Ce que je ne savais pas, c'est que nous descendrions à pied à travers Albaycin. "On en a pour 15 minutes à peine" dit B. " 15 minutes, tu rêves, ça va nous prendre au moins 20 minutes. Si j'avais su, j'aurais mis mon jean et mes baskets". Sacré bizutage qu'il m'inflige, l'ami B. ! Je prie pour ne pas me casser, de nouveau, la gueule du haut de mes bottines mais c'est avec un soulagement non feint que j'atteins le bout de Caldoneja Vieja, la rue des teterias marocaines.

    Devant un bar de la calle Cetti Meriem, un gaillard soulève Bruno dans ses bras avant de me réserver le même accueil. Nous entrons, commandons des verres, on nous offre successivement des brochettes de viande et des montaditos de lomo, jamon tomate y aioli tout chauds. A. me parle - vite - j'ai du mal à suivre et me contente de les écouter. Je suis troublée de voir ces deux amis s'étreindre, troublée aussi que A. me palpe les mollets et tire sur ma mini-jupe - il  dit qu'il n'a pas vu de mini-jupe pareille depuis les années 80- 

    Je ne sais pas si A. me trouve coincée, en tout cas, il me soulève dans ses bras à plusieurs reprises en disant "Détends-toi, tout va bien". Les contacts sont constants entre les Andalous., ils sont aussi expressifs verbalement que physiquement. B., en bon provençal, s'y sent dans son élément. Je me fais embrasser aussi, et ne boude pas mon plaisir, et B. traduit l'avertissement que me lance A. : "Toi, tu me plais, je ne vais pas te draguer mais avant la fin de la soirée, je t'embrasserai sur la bouche". Olé !

  • Shopping concret, art abstrait et chipirones

    Après la journée de la veille, bien remplie, et un savoureux pionono imbibé de sirop de chez Pasteles, je m'offre une matinée à la maison, au soleil sur la terrasse, entre révision de l'espagnol, magazines féminins à la con et Salammbô en version bande dessinée. J'ai hâte de me taper un barbecue sur la terrasse de B., c'est moi qui vous le dis. Une vue pareille, ça fait rêver, non ?

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    Vers 17h, B. me dépose dans le barrio Figares, calle Manuel de Falla, dont je connais maintenant l'identité, grâce à lui.

    "Tu vas aller faire du shopping sur Recogidas" me taquine-t-il. "Sûrement pas, je suis là pour me cultiver !" répliqué-je en m'éloignant.

    Une heure plus tard, j'ai claqué 50€ de maquillage chez Kiko, marque de cosmétiques made in Milano. La faute de la vendeuse, elle n'avait qu'à pas être si jolie avec son rouge à lèvres vif. Du coup, j'ai voulu lui ressembler et j'ai acheté le même. J'ai bien flashé sur un top en soie à 10€ chez Zara, mais comme il ne restait qu'une taille S, et que ça me paraissait large, j'ai filé en cabine sans réussir à y passer ne serait ce que les épaules. Je me perds avec plaisir dans les rues du centre.
    Purée, il est déjà 20h, j'ai intêrêt à tracer si je veux arriver avant la fermeture du centre José Guerrero !  

    Il y a du monde dans le cente d'art abstrait car on y inaugure, aujourd'hui même, une exposition sur Manuel Rivera. Je goûte peu ses oeuvres qui ressemblent à du grillage cloué sur une toile et file au dernier étage où je découvre avec un peu de déception quelques toiles seulement de José Guerrero. C'est de l'abstrait aussi et je n'en suis pas amatrice.

    En revanche, les tapas de chez Poe, ça c'est du concret, me dis-je 30 minutes plus tard en m'attablant devant un verre de vin, dans ce bar intimiste à la déco mâtinée d'Afrique Noire, de la calle Paz. Les repas ne coûtent pas cher en Espagne. Il suffit de boire. Voilà un concept qui plairait à mes amis de La Comète. Un verre acheté, un tapa offert ! On te tend même la carte pour que tu fasses ton choix.

    Chez Poe, je me déleste donc de 2,30€, le prix de mon verre de rouge  - car j'ai décidé de ne plus boire de bière, en hommage à Fernando - et déguste un très bon ragoût de pollo en salsa de coco con polenta, servi dans un caquelon en terre cuite. Comme j'ai commencé à choper les us et coutumes espagnols ( "Tu as bien pris le rythme de la sieste, c'est bien", m'a dit B.), je change de bar et rejoins la plaza Pescaderia qui compte, fort logiquement, au moins 2 très bons restaurants de poissons. Cunini, plutôt chic, et Oliver, bordélique et bruyant. J'ai encore un peu de mal à supporter d'être seule dans cette incroyable convivialité espagnole, mais le cafard des deux premiers jours m'a définitivement quittée. Je me siffle donc un petit verre de blanc qu'on me sert avec un bocadillo de atun fort savoureux. D'excellente humeur, je m'offre en dessert une assiette de chipirones frits qui fondent dans la bouche.

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    La prochaine fois, j'essaie la cafeteria Alhambra, pensé-je en m'éloignant. D'ailleurs, c'est elle que j'indique au couple d'Espagnols (sic) qui m'arrête sur la plaza Bib-Rambla et me demande où prendre un verre et manger quelque chose.
    Sur Gran Via, alors que j'attends que mon feu passe au vert (oui, oui, ça m'arrive), je vois passer le bus n°7, hésite, tape un sprint et m'installe face à une jeune fille aux ongles corail qui s'est visiblement aspergée de parfum.