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2yeux2oreilles - Page 68

  • Jerez

    L'atterrissage a été rude. Le premier jour, j'ai eu quelques moments d'absence. Difficile de switcher en moins de 24 heures de l'anglais à l'espagnol, surtout face à des andalous qui ont un accent corsé et avalent les mots. Mais qu'est ce que mon groupe est sympa ! Je les adore !

    Dès le premier jour, et même dès la première pause café, j'ai brisé la glace, à supposer qu'il y en ait eu une, en sortant une connerie monumentale, et bien entendu à caractère hautement masturbatoire. Il y a eu un grand silence, ils ont regardé leurs pieds. A., le sévillan de 34 ans qui venait de me placer, mine de rien, qu'il était sans femme, sans fiancée, sans rien et avait proposé de me déposer à l'aéroport de Séville le vendredi plutôt que je ne prenne le train (tout ça en moins de 5 minutes) m'a dit :"Sophie, vendredi, toi et moi on va avoir une petite discussion dans la voiture". J'ai piqué un fard parce qu'à leurs têtes, j'ai vite compris que j'avais sorti une connerie pas piquée des hannetons, ils ont tous ri aux éclats et moi j'ai essuyé mes larmes. Le soir, j'ai tapé sur un moteur de recherche le mot que j'avais prononcé et j'ai lu "vulve". Bon ben voilà.. ça, c'est fait ...


    Je rame pas mal quand même. Le vocabulaire acquis à Salamanque et Saragosse a été dilué dans la Guinness. Ça, pour faire le vide, je l'ai fait pendant mes vacances en Irlande !


    Le premier jour, je suis allée courir sur l'avenue plantée d'orangers et de palmiers. En début de soirée, les cyclistes et joggeurs y sont nombreux, et les pépés andalous prennent le frais sur un banc en regardant mes fesses (grillés ! ). Si je me fonds souvent dans la foule, c'est mon côté caméléon, ici visiblement, je ne passe pas inaperçue. Au retour, j'ai demandé un ticket d'accès au wi-fi. Il y avait un anglais à la réception. Le réceptionniste, un type très "vieille Espagne", m'a interpellée "Je voulais vous demander quelque chose. Vous aimez les mojitos, le rhum, les cocktails ?" J'ai haulluciné ! C'est écrit sur ma tronche ou quoi ?
    Heu ... oui" ai-je répondu, un peu interloquée. "Je vais vous conseiller un endroit, ils font les meilleurs cocktails d'Espagne".
    Hier soir, après ma journée de travail, j'étais assez stressée. Je me suis dirigée vers le centre ville de Jerez, un plan à la main. D'abord, un hammam. Trois bassins pour moi toute seule, dis donc ! Inespéré !
    Après le hammam, je suis tombée en admiration devant la cathédrale toute dorée. Un ballet de chauves-souris virevoltait dans le ciel rougeoyant.J'ai remonté une ruelle qui longeait la cathédrale, sur sa gauche et ai débouché sur la place de l'Alcazar, déserte. A droite, la bodega Gonzalez Byaz et une statue à la gloire de "Tio Pepe".
    C'est pratique, à Jerez, les restaurants sont indiqués sur des panneaux à fléchettes. Justement, Juanito, c'est là que je vais. Un de mes 8 stagiaires me l'a recommandé. A l'angle de la pescaderia vieja, une ruelle, une courette, c'est là. Je m'installe, commande de l'eau et un bacalhau a la plancha, accompagné de légumes sautés très savoureux. D'un café voisin, la voix d'un chateur de flamenco qui pleure sa mélancolie eplit la courette. Magique.


    Sur le chemin du retour, j'ai entendu un air de guitare. J'ai levé la tête vers les fenêtres mais rien. J'ai cherché quelques instants, puis je l'ai aperçu, son profil se découpant dans le ciel déjà d'encre, jambes ballantes dans le vide. Regardez bien, vous le verrez aussi.

    Assis sur le toit, il grattait quelques accords andalous, la tête tournée vers moi. J'ai regretté mes talons qui perturbait sa mélodie. Et terriblement envié sa liberté. J'aurais aimé le rejoindre sous les étoiles et contempler la ville d'en haut, en rêvassant. Sans faire de bruit.

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  • Changé d'avis

    Mais rien ne prouve, sur cette effrayante vidéo, que c'était moi au volant !

  • Atterissage d'urgence : PNC, à vos portes !

    Dimanche, 23h et des poussières. Affalée sur mon canapé que je retrouve après quasiment 4 semaines d'absence, je savoure ma première soirée chez moi depuis bien longtemps. Je la savoure d'autant plus que mardi matin, je m'envole de nouveau pour l'Espagne afin d'y assurer ma dernière session, à Jerez de la frontera. Mes plantes, que je pensais retrouver desséchées et jaunies ont bataillé vaillamment pendant que je sillonnais l'ouest irlandais. Il faut dire que je les ai choisies robustes car je n'ai pas la main verte.

    En 1 mois, j'ai passé en tout et pour tout 2 nuits chez moi. Je devrais sous-louer mon appart'. Bref.

    Je suis donc peinarde après avoir fait une lessive, rangé mes vêtements et passé quelques heures dans un parc avec un blondinet amoureux, aux yeux brillants et aux joues roses, qui avait beaucoup de choses à me raconter (pas amoureux de moi, hein, mais son bonheur fait réellement plaisir à voir).

    Demain, je passe la journée au bureau car le 2 mai est férié en Andalousie. Tant mieux, je me serais mal vue enchaîner au pied levé une semaine d'espagnol après mes 15 jours de vacances. J'ai, comment dire, bien fait le vide dans ma tête. Cette journée va me permettre de me remettre dans le bain, de relire mes docs et surtout de livrer la pile de notes de frais que je trimballe depuis un mois.

    Donc, 23h et des brouettes quand mon téléphone tintinnabule. Tiens, un sms de ma collègue, mon fameux binôme ! "Salut poulette, c'est C. Dis moi tu as vu que tu as ton avion demain matin pour Séville ? Bisous" 

    Je blêmis (et vu les couleurs que j'ai prises depuis 1 mois, ça veut dire que je blanchis sérieusement). "Elle me fait une blague". Je me rue sur mon ordinateur pro que je n'ai pas ouvert pour savourer jusqu'au bout mes vacances. Impossible de me connecter au serveur Citrix. Je l'appelle.

    Elle explique qu'elle a découvert un mail samedi, de notre client, envoyé tranquillement vendredi soir à 19h11, avec nos billets d’avion, train etc. pour un départ le lundi matin. Tranquille, la cliente, elle dispose de nos journées comme si on ne travaillait que pour elle ... J'envoie dans la foulée un sms à notre chef de projet alias Charlie (et ses drôles de dames) "Je viens d'en apprendre une bonne ... T'es au courant ?"

    Heureusement pour lui, il a répondu non. Et il était aussi vénère que moi qu'elle foute en l'air la petite réunion qu'il avait programmée. Imaginez ma tronche. J'ai immédiatement appelé mon petit blondinet pour annuler le resto qu'on avait programmé le lendemain soir (et le mojito à l'Oustaou café, merde!), sauté sur mes pieds, balancé baskets, maillot de bain (on ne sait jamais, si je l'avais eu, je me serais baignée en Irlande), robes etc. dans ma valise encore tiède. Je n'ai pas de billet d'avion ni de train. En gros, c'est la merde.

    Je défie quiconque d'arriver à emballer une valise aussi rapidement que moi, et ce, sans rien oublier. Et je me suis juré une chose : mes 15 jours de vacances en juin, je les passe chez moi. Je ne vais NULLE PART. Limite si je vais prendre le métro.

  • Retour sur la Sky Road

    Suivant les conseils de Jerry, nous prenons ce matin la direction de Maam Cross. De là, nous emprunterons la R344 pour rejoindre Leenane et visiter une sorte de musée du mouton (et acheter une peau, tant qu'à faire) avant de parcourir la côté de la presqu'île de Renvyle. Jerry m'a vanté la beauté des paysages. On pourra dire qu'on aura parcouru le Connemara.

    Dans les prairies blondes, de longs boudins bruns sèchent au soleil. Oui, oui, ça ressemble à de la merde, on peut le dire .... ou à de longues barres de chocolat noir.  C'est de la tourbe, turf en Irlande, et toujours le principal mode de combustion. Moi-même, je m'y suis souvent réchauffée dans ma maison à la porte verte. Pour tout savoir sur sa formation et sa composition, c'est là. Un bras de fer a même pris place etre les agriculteurs irlandais et l'Union Européenne.
    Je veux prendre des photos de cette étrange matière. Je l'ai souvent vue luisante, car sous la pluie. Un agriculteur enfonce une pelle pour la tailler à la verticale. Boug' et moi marchons sur l'étrange tapis mousseux et instable - le bog - qui s'enfonce sous nos pas. S'enfonce vraiment. Les chaussettes de Boug' prennent l'eau. Moi je suis pieds nus dans les miennes, c'est rafraîchissant. On rigole comme des gamines. Les boudins de tourbe, légèrement craquelés, sont encore mous, c'est une texture vraiment agréable.

     

    Bogs.jpg

     


    La visite du centre du mouton et de la laine, à Leenane, est une pause agréable.

    Pour 5€, notre guide, une Irlandaise qui a appris le français "sur le tas" et se débrouille vraiment pas mal, nous explique, après un petit film, quelles sont les différentes races de moutons irlandais, leurs qualités, leurs modes de vie. Sur une machine à filer la laine, elle transforme des filaments mousseux en mèches douces et présente un petit classeur qui expose les différents points de tricot (c'est ainsi que les familles identifiait leurs marins qui se noyaient en mer).

    La presqu'île de Renvyle et ses longues plages de sable blond, désertes, nous rappelle le nord de la péninsule de Dingle. Les touristes y sont aussi peu nombreux. A Tully Cross, je déjeune d'ailes de poulet un tantinet carbonisées et profite du WI-FI.
    Nous n'avons pas encore trouvé d'endroit où passer la nuit. Les B&B du coin ne m'inspirent pas. J'aperçois des pancartes indiquant la direction de Clifden. "Tu peux regarder à combien c'est, Clifden ? Simple curiosité" demandé-je à ma co-pilote. "11 minutes" répond-elle. Je souris. "Ca te dit qu'on retourne passer la nuit chez Kathy et John, sur la Skyroad ?"

    Moins de 30 minutes plus tard, une Kathy, assez surprise de nous revoir, nous ouvre la porte. "On n'a pas pu résister à une deuxième session de vos délicieux pancakes !" dis-je en riant. Elle éclate de rire, nous souhaite la bienvenue. Même chambre, vous connaissez la maison maintenant !
    Nous sommes ravies de retrouver la jolie chambre aux couvre-lits beiges. Ce endroit est vraiment super.

    Avant le dîner, nous décidons d'aller nous balader le long de la falaise, en suivant l'intinéraire commniqué par kathy lors de notre première visite. Nous ouvrons et refermons derrière nous deux barrières et nous enfonçons dans les dunes. Un petit pont de bois, comme dans la chanson, mène sur une sorte d'ilôt entouré de nénuphars en fleurs. Un bel endroit pour savourer l'apéro du soir. Pourtant, la mer nous appelle et nous la découvrons, à pic. Furieuse, elle se fracasse sur les rochers gris. De délicates fleurettes roses bravent le précipice et les touffes d'herbe verte forment une belle chevelure qui bruisse sous le vent. Nous nous promenons un long moment dans ce paysage sauvage et préservé.
    De retour au B&B, Kathy nous apprendra que ce chemin est privé et leur appartient.

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    Ce soir-là, nous sommes allées dîner d'un fish & chips trop cuit, lui aussi, avant d'aller nous mêler à la foule chez Lowry's où un groupe énergique chante des balades irlandaises à grands coups de banjo, bodhran, guitare et flûte traversière. Boug' commence à bien maîtriser le répertoire irlandais ....

  • Une soirée à Clonbur

    Au Burke's pub, le WI-FI est ouvert. J'en profite puisque notre B&B n'en est pas équipé (ils l'étaient tous, jusqu'ici).

    En sirotant avec précaution mon Irish coffee, je rate un ami sur msn, échange trois phrases avec un ami qui vit au Mexique sur Skype et répond au sms d'un blogueur que j'affectionne particulièrement. Au milieu d'une conversation virtuelle mais néammoins passionnante, une pinte de Guinness se pose assez brutalement sur ma table. Un homme, le regard un peu vague, s'assied commes'il était chez lui. Damn ! Un Irlandais bourré qui s'invite à ma table !

    En fait, il vient de dehors où il a croisé Boug' qui fumait sa clope et cette garce super copine s'est assez démerdé pour arriver à lui placer que
    1) elle ne parlait pas anglais 2) mais que sa copine à l'intérieur, oui.
    John, puisque c'est son prénom (s'appellent tous John ou Pat, ici, de toute façon, t'as une chance sur deux) a décidé de discuter avec moi et il est plutôt lourdaurd. Comme dit Boug', à côté, Pat the fishman, c'était une crème. Il me confie qu'ici, à Clonbur, la présence féminine fait cruellement défaut. "Vous avez le même problème à Paris ?" demande-t-il. "Non, pas vraiment, à Paris, il y a des milliers de femmes célibataires, tu devrais y aller pour en trouver une  !"

    Boug' revient, ses conneries la font beaucoup rire. J'essaie de nous faire payer un verre de Guinness mais y'a pas moyen. John est lourd et radin. Il veut absolument me montrer son profil Facebook et la française dont il est tombé amoureux. OK.
    Next question : tu es mariée ? Tiens, Boug' a gloussé, quand je vous disais qu'elle faisait de sacrés progrès en anglais. "Et tu es amoureuse ?" "Oh oui !" dis-je avec mon air angélique.

    Joh est collant, du coup je ferme l'ordi mais au bar, il y a un homme très sympa, un gars de Clonbur aussi, et il n'est pas bourré, lui. Il demande le truc habituel, d'où nous venons, où nous allons. Je lui confie mes hésitations à monter jusqu'au comté de Mayo et l'île Achill, ayant abandonné l'idée de pousser jusqu'au Donegal. Il confirme que le Donegal est trop loin pour les deux jours qu'il nous reste et doute de l'intérêt du déplacement jusqu'à l'île d'Achill. "Vous êtes allées sur les îles d'Aran ?"

    Sur une carte du Connemara, Jerry pointe du doigt les routes que nous n'avons pas prises, suivant les instructions de TomTom qui privilégie les grands axes. J'en profite pour confier à Jerry ma déception de n'avoir pas retrouvé "mon" Connemara avec ses moutons en liberté. "Ca dépend des saisons, dit-il. Là il y a plein d'agneaux et les fermiers les protègent". Ah, voilà qui me rassure.
    C'est donc décidé, nous finirons notre séjour dans le Connemara. Et peut-être même nous offrirons nous une une autre nuit chez Kathy et John, sur la Sky Road ...?