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2yeux2oreilles - Page 70

  • Où courir à Clifden ? (only jokin'!)

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    De retour au B&B, nous croisons le maître de maison, un homme très distingué.
    "Je suis John" dit-il en nous tendant la main et un papier sur lequel se trouve le code d'accès au WI-FI. Je lui demande où je peux courir.
    "Vous pouvez faire la boucle, vous prenez à gauche, vous montez sur la Sky Road, et plus loin, vous aurez une intersection et vous pourrez prendre à droite pour redescendre ici par la Lower Sky Road. Vous courez combien de temps? ". "Une heure, habituellement". "Hé bien, je ne l'ai jamais fait, mais ça pourrait vous prendre une heure".

    Quelques instants plus tard, mes mollets souffrent en grimpant jusqu'à la Sky Road. Et arrivée là, ça grimpe encore bien sûr. Le plus beau du paysage est dans mon dos et ma détermination fléchit déjà.

    Je cours 20 minutes, me retourne et aperçoit un cycliste qui grimpe les lacets derrière moi. "Purée, il a du courage, celui-là" me dis-je.

    Un peu plus loin, des côtes à perte de vue, je craque et marche un peu. Le vélo se rapproche de moi et je découvre, sous le casque et le maillot jaune et noir, une demoiselle criblée de taches de rousseur. Elle aussi pose le pied à terre et marche à mes côtés, poussant son vélo, et je ne regrette pas cette parenthèse.

    La jeune fille s'appelle Aoife (ça se prononce Ifa), elle a 12 ans et est en vacances chez sa grand-mère de l'autre coté de la Sky Road. Aoife adore le vélo. d'ailleurs, elle en fait tous les jours et rêve de rejoindre un club, comme son grand frère qui travaille dans un magasin de vélos à Clifden. Nous discutons pendant 10 minutes, c'est une gamine enjouée et volubile, elle a une copine française et beaucoup d'énergie. Au parking offrant un superbe panorama sur la côte déchiquetée, je reprends ma course mais cette fois je ne m'arrêterai plus, sans doute reboostée par cette jolie rencontre pleine de fraîcheur.

    Des kilomètres plus loin, au carrefour, je prends à droite, une pancarte indique le Ardmore House B&B à 3 kms. A gauche, les ruines d'un château. La Lower Sky Road est beaucoup moins fréquentée et la course est vraiment très agréable car je cours maintenant sur du quasi-plat. Sans efforts, je savoure la fraîcheur du soir tombant et la mer bleue à perte de vue. Le long de la route, les bâtisses, plus ou moins imposantes, ont toutes vue sur la mer. A ma gauche, les prairies vert tendre dévalent jusqu'à la mer. Plusieurs B&B se succèdent jusqu'au notre, nous avons choisi le meilleur, visiblement.  

    J'ai commencé à courir à 18h49, me suis offet une pause de 10 minutes avec la douce Aoife, et il est 20h03 lorsque j'atteins la maison blanche. Une heure pile poil, John avait vu juste. Je me sens en super forme.

  • Le paradis se trouve sûrement dans l'enfer du Connemara

    Moins d'une heure après notre départ de Galway, nous sommes sur le port de Roundstone, village cher à mon coeur et à mes souvenirs, qui m'avait valu une belle crise de larmes au cinéma, en découvrant Albert Dupontel dans "mon" pub,  O'Dowd"s, après un pétage de plombs mémorable (2 jours à tuer). L'endroit pullule de monde, c'est le dimanche de Pâques. Moi je sais où je vais et je m'y dirige d'un bon pas, vers la devanture d'un beau bleu-gris, qui dans mon souvenir était rouge. J'y avais mangé, il y a des années, un panier de pinces de crabe charnues. Elles sont toujours à la carte et nous les suçotons, sur le trottoir, avec un verre de Guinness (what else?). Une respectable dame irlandaise passe et me lance un complice "Enjoy that !". You bet.

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    Nous continuons notre route vers Clifden par la côte. A Ballyconeely, nous suivons les conseils du guide de Boug' et prenons la direction du Connemara Golf Club. A gauche, les ruines du château de Bunowen se découpent sur le vert vif.

    Un peu plus loin, nous atteignons la plage d'Aillebrack où je m'offre une sieste. Ma première (mais pas la dernière) sieste en plein air. Sur la plage, il y a un peu de monde, un groupe de Russes qui me tire de mon sommeil, des familles. Et puis, alors que je somnole, un halètement tout proche. Deux très beaux chiens tout mouillés folâtrent autour de nous, deux labradors, un chocolat et un crème qui décide soudain de s'ébrouer sur moi. Entre nous, c'était couru d'avance. Je m'écrie "Oh le con, j'y crois pas, la plage est déserte et il faut qu'il vienne se secouer sur moi !" ce qui fait doucement rigoler une femme, plus haut, que je soupçonne d'être française. Pour se venger sans doute, ce couillon qui avait entrepris de creuser le sable tourne sur lui-même et m'en envoie une pleine pelletée. Boug' est pliée de rire et moi aussi, bien sûr. Je me suis fait un nouveau copain et mon labrador, tout guilleret, pousse une pierre du museau jusqu'entre mes genoux, la queue battant fébrilement ses flancs, oscillant de droite à gauche, ou l'inverse. Je lance la pierre au loin, qu'il ramène quelques instants plus tard de la même façon, en la poussant de sa truffe ensablée. Il a du sable partout, dans la gueule, sur la langue. Il est beau comme tout. Le manège se répète plusieurs fois et à chaque retour vers moi, il frotte son museau humide sur mes genoux qui le deviennent vite, humides.
    Il est temps de partir, mon copain m'observe quelques instants, tapi dans le sable. Je le caresse et alors que je m'éloigne, il court déjà vers un autre, prêt à jouer avec lui.

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    Nous entrons dans la très touristique ville de Clifden vers 16h30, je la traverse rapidement pour rejoindre la Sky Road. La Sky Road, c'est la route vers le paradis. En fait, il y a deux Sky roads, la upper, la plus empruntée, une route spectaculaire avc vue plongeante sur la mer, au ras des falaises et la lower, en contrebas. Moi je m'offrirai les deux, quelques heures plus tard ...

    Nous sommes convenues de ne pas sélectionner les B&B indiqués par le guide de Boug' qui semblent pratiquer des prix bien plus élevés que les autres. Après nos délicieuses expériences sur la péninsule de Dingle, nous faisons entière confiance au logo B&B Ireland. Après quelques hésitations, je descends sur la Lower Sky Road.

    Là, sur une petite route, nous tombons en arrêt devant une barque retournée qui se découpe sur la mer. Plus loin, un troupeau de vaches nous regarde passer, placides. C'est décidé, nous voulons dormir dans ce coin isolé de la circulation. Nous jetons notre dévolu sur un B&B estampillé du fameux logo, c'est la Ardmore House et Kathy nous accueille d'un large sourire. Son B&B est équipé d'une kitchenette avec micro-ondes, adaptateurs électriques. Elle nous offre le choix entre deux lits simples au rez de chaussée ou un lit double à l'étage avec vue sur la mer. Nous prenons la double, lui dis-je. En quittant la chambre aux jolis couvre-lits de coton crème, j'en aperçois une autre et y jette un oeil, curieuse. Très grande; elle contient un lit king size et deux lits simples. "Vous la voulez ? Prenez-là !" porpose Kathy. "Mais si un groupe plus grand arrive?" "Et alors ? Vous êtes les premières, à vous la priorité! " dit-elle. Nous déménageons nos sacs. Comment on va bien dormir là-dedans après notre nuit mouvementée dans un dortoir !

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    Nous ressortons nous promener dans les environs. Boug' parle au troupeau de vaches, faut dire qu'elles sont jolies avec leur robe bouclée couleur Bailey's et nous allons prendre des photos de la barque retournée mais les photos sont moins belles et ne rendent pas la lumière du soir couchant.

  • Levée de camp

    J'ai dormi mieux que je ne l'aurais pensé dans mon lit superposé du dortoir 8 places et me suis réveilléé toute seule à 9h10. Merci les bouchons d'oreille qui ne quittent jamais ma trousse de survie.

    J'ai juste eu l'impression de bouger en même temps que Boug' à chaque fois qu'elle se retournait dans le lit d'en-dessous. Boug' que je vois se ruer vers la porte de la salle de bains, ne captant visiblement pas qu'elle est occupée, s'acharner sur la porte fermée comme une furie et revenir, super ronchon, vers son lit.
    "Hou, elle doit avoir une méchante envie de pisser pour être énervée comme ça" me dis-je. 

    Je risque un timide "Tu as pu dormir ma biche ?" auquel elle répond "Pas vraiment, quand la musique s'est arrêtée, ils ont commencé à chanter, rire puis discuter jusqu'à pas d'heure sous nos fenêtres. En plus, j'aimais pas la musique du pub, alors ..."

    Le dortoir est maintenant vide, le couple de Français a levé le camp le premier, en route vers les cliffs of Moher, et le couple d'Allemands (celui qui, originaire d'Essen, m'a dit que les Allemands de Stuttgart n'étaient pas de vrais Allemands, sic) vient de partir. Nous sommes seules. Boug' file sous la douche et en ressort après quelques minutes. "Ben dis donc, t'as été super rapide !" "Ouais, j'ai pas eu d'eau chaude. c'est la totale". Bon, moi ça va, elle est tiède mais quand je ressors, à l'idée de passer une deuxième nuit dans ce dortoir avec une nouvelle fournée d'inconnus, je dis à Boug' "Bon, ma biche, si tu veux, on se casse, tant pis pour la deuxième nuit. De toute façon, ça me gonfle de passer une autre nuit à Galway, je préfère partir tout de suite dans le Connemara".

    Les valises sont bouclées aussi sec, le petit déj' promis est introuvable et en plus, un crachin nous accueille sitôt le nez dehors. "C'est le premier matin qu'on se prend la pluie au réveil. Galway ne nous réussit pas" conclue Boug'.

  • A Doolin avec Pat the fishman

    pat the fishman,doolin,irlande, galwayCe matin, après le petit déjeuner (j'ai pris un bol de porridge pour plâtrer mon estomac fragilisé), nous flânons une bonne heure dans les rues animées d'Ennis. Nous descendons O'Connell street, puis faisons un tour à la Market Place, où se tenaient anciennement le marché aux animaux, et où aujourd'hui, on peut voir des poulets et un cheval, puis nous remontons Parnell Street jusqu'au Rowan Café & Bar où Boug' m'offre un café, en terrasse, au bord de la rivière Fergus.

    Peu avant 14h, nous nous mettons en route pour la région du Burren et plus précisément le village de Doolin sur la côte, juste au-dessus des falaises de Moher. Cette journée sera la plus belle de notre séjour, ciel bleu et soleil omniprésent.

    Sur la route, je peste un peu contre les véhicules lents qui ne se rangent pas sur la bande prévue à cet effet. Les bonnes habitudes se perdent aussi en Irlande. En sens inverse, à partir de 15h, les bouchons se forment. C'est le début du week-end de Pâques et les citadins se ruent vers la côte.Nous passons sans nous arrêter sur le site des falaises de Moher, dont l'accès est désormais payant (8€). De toute façon, je n'ai jamais trouvé ce site incontournable. En revanche, le long de la route, les B & B se succèdent, tous plus somptueux les uns que les autres.

    A Doolin, les verres de bières sont posées sur les tables, au soleil. Nous allons au bord de la mer, bordée d'énormes pierres plates et fissurées de toutes parts.
    Un homme blond, la quarantaine, jean et chemise bleu ciel, s'approche de nous et propsoe de nous prendre en photo. Je lui tend mon appareil, nous plaisantons un peu, poignée de main. Il s'appelle Pat, vient du comté de Roscommon. Avant de s'éloigner, il nous conseille un pub, dans le village, "où l'on mange bien".
    Quleques dizaines de minutes plus tard, nous le croisons dans les rues. "Hey girls !" Il nous entraîne dans son pub, "juste à gauche". Nous marchons une bonne demi-heure. Je le charrie "Hey, Pat, t'es sûr qu'il existe ton pub ? A ce rythme là, on va arriver à Galway" Il se marre. Ne manque pas de demander si nous sommes mariées. Je mens, me suis déjà fait avoir une fois, pas deux. "Pas mariées mais on a des copains". Je leur invente même des métiers, au pied levé. Pat, lui, est vendeur de poissons après avoir travaillé dans le bâtiment. Séparé depuis des années, sa femme s'est barrée avec un de ses amis qu'elle a rencontré "aux chevaux". Il faut savoir que le divorce n'a été autorisé en Irlande qu'en 1996 et que dans les faits, il est compliqué, aujourd'hui, de divorcer.
    Finalement, nous voilà arrivés à son pub, le Mc Gann's. Le contraste entre la clarté extérieure et l'atmosphère sombre du pub nous aveugle un instant. Pat commande deux verres de Guinness pour nous et une pinte de Smithwick's pour lui. Le seul jour où je n'ai pas bu mon verre de Guinness (hier), j'ai été malade alors aujourd'hui, je reprends les bonnes habitudes.

    "T'es trop forte, dit Boug', tu te fais payer ta Guinness tous les jours". Pour info, le pub fait aussi B & B à 23€ la nuit sans petit-déj.


    Devant nos verres, je questionne Pat. Qu'est ce qu'il fout là tout seul ? Ce n'est pas très clair mais il raconte qu'hier, au volant de son fish van, il s'est arrêté pour secourir une motarde qu'il a crue en panne. Il a proposé de charger sa moto dans le fish van mais les cages à poissons prenaient trop de place. Il s'est quand même démmerdé pour pécho le numéro de la motarde, qu'il a suivie jusque là mais elle lui a envoyé un sms lui signifiant qu'elle était chez son oncle et qu'elle ne pourrait pas le voir. Il s'est pris un vent, quoi, et ça le fait plutôt marrer. "Je devrais laisser tomber, tu ne crois pas". "Ouais, je crois, Pat".
    Seulement le Pat, il a de la suite dans les idées, mari, copain, ou pas et il insiste pour que nous restions à Doolin cette nuit. Il me file son numéro et gratte le mien "au cas où il viendrait à Paris". "Ton copain n'est pas jaloux?" "Non, il me connaît, il a confiance en moi".

    Comme je ne suis pas allée à Galway depuis un moment, et que Pat the fishman semble avoir le coude léger (et pas que), je demande des tuyaux. "Tu sais dans quel pub on peut aller à Galway, faire la fête ?" "The Quays is the place".

    Ah oui, bien sûr, ça me revient, the Quays, ce pub ultra bruyant et bondé.


    "Je vous ramène, les filles" dit Pat. Il insiste pour nous prendre en photo devant son van blanc "Fresh fish and seafood". Ca claque. On grimpe à bord du van dans lequel ça sent méchamment le poisson, en effet. Pat met de la musique country, et il chante du Johny Cash, c'est irréel et Boug' se tape une crise de fou-rire complètement hystérique. Elle écrase ses larmes, ce qui fait beaucoup marrer Pat qui en rajoute et fait le con au volant. Il est vraiment super drôle, ce mec.


    Peu avant 16h, nous atteignons Ballyvaughan, une charmante petite ville en bord de mer. Juste avant, je me suis fait rentrer dans le cul par un Irlandais étourdi ou ébloui. Dans le délicieux jardin intérieur des Tea and Garden Rooms An Féar Gorta, nous mangeons un berry cheesecake. A côté de nous, une famille avec mémé et 4 enfants constellés de taches de rousseur partagent un goûter sur une pierre plate. Il fait toujours un soleil éclatant et l'endroit est fort bucolique.

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    Nous poussons jusqu'à Black Head, le long de la mer scintillante comme une flaque d'huile. Entre nous et elle, des roches et d'énormes pierres rondes, et pas un mouton à l'horizon.Nous atteignons Galway à 18h. Notre hôtel se trouve dans la rue où il ne faut pas dormir à Galway. Surtout pas un week-end. Une rue piétonne, de surcroît, coup de pot, je gare la voiture près de la cathédrale, sur un parking gratuit à partir de 18h30 et le dimanche (pour info, c'est le parking juste à coté de la cathédrale, à 5€ par jour).

    L'hôtel est à 800m, nous traînons nos valises sur les pavés. Sur mon téléphone qui a bipé, je découvre un sms "Hi girls I could meet up with ye later if ye for the crack in Galway. I have enough of this place. What do ye think ? Pat the fishman".

    Merde, vl'là le Pat qui rapplique à Galway ! J'interroge Boug' mais nous sommes d'accord. Pas question de nous coltiner le Pat qui a visiblement d'autres intentions que de partager un verre de Guinness. Je ne réponds pas au sms.
    Au Barnacles hostel, le réceptionniste, très sympa, me tend une carte : "Vous avez le lit n°1 et votre copine, le n°2". "Ah, nous sommes plusieurs ?" "Ah oui, c'est un dortoir de 8 lits". La gueule de Boug' quand je lui annonce ! J'ai attendu d'avoir presque 40 piges pour découvrir les dortoirs des auberges de jeunesse ! J'insiste "Mais, mon ami, a réservéune chambre double, pas un dortoir". Rien à faire. Merci S. ! Nous montons nos valises au dernier étage, à travers un dédale de couloirs et portes. Des lits superposés. Je regarde par la fenêtre. Chouette, on est juste au-dessus du pub "The Quays", on ne va donc pas fermer l'oeil avant une heure très avancée de la nuit. Boug' fait sérieusement la tronche et propose de se barrer. Le problème, c'est qu'un week-end de Pâques, à Galway, on risque fort de ne rien trouver.
    La porte s'ouvre sur une jeune fille brune qui s'avère être française. Très sympa, nous discutons. Elle est étudiante à Dublin et voyage avec son copain, qui sort justement de la douche. Mmm ! Pas dégueu du tout, le Nantais ! Je lui mangerais bien les oreilles, moi, au Petit Lu !   

    Nous ressortons et Boug' m'accompagne sur la jetée qui va jusqu'à Salthill, où je m'offre 45 minutes de course très très agréables, dans le soleil couchant. Où courir à Galway? pourrait faire l'objet d'un billet à lui tout seul. La réponse tient en quelques mots : sur la jetée en direction de Salthill.

     
    A 20h53, nouveau sms "Hi ladies, you both would enjoy Taffs before the Quay's. I am in Sonny's. Pat"
    Nous sortons de l'hôtel, prenons la Quay street, à la recherche d'un restaurant. "Demi-tour, Boug', dis-je en avisant le pub Sonny's". Pat the fishman a visiblement élu domicile dans notre rue. Nous marchons dans les rues guettant une chemise bleu ciel, que nous croyons apercevoir ici ou là.

    Nous entrons au Mc Donagh's, un restaurant de poissons que j'aime bien, et où il y a quelques années, j'avais réussi l'exploit d'envoyer une pince de crabe sur la chaussure d'un mec, faisant pleurer de rire mon copain S. J'étais déjà une experte en lancer de fruits de mer. Le Mc Donagh's est toujours un restaurant fort typique, avec ses filets de pêche accrochés au plafond. Pour 19€95, nous mangeons une soupe de poissons et un fish and chips (enfin, sans les chips pour moi) avec un verre de vin blanc.
    Boug' fume une clope devant le Quay's où déjà, des Irlandais(es) sont passablement éméchés.
    En remontant dans notre chambre, nous croisons le couple de petits Français qui promettent de dire à Pat que nous sommes parties à Sligo s'ils le croisent. Et là, à l'heure où je vous écris (0h50), le pub d'en-dessous diffuse "Sunday bloody sunday". Je ne sais pas si mes boules Quies seront suffisantes pour m'isoler du vacarme...

  • De la péninsule de Dingle aux portes du Burren

    Mouton ruisseau.jpgChez Sheila, on sert le petit-déj jusqu'à 10h. Du coup, on en profite pour s'offrir la grasse mat' écourtée la veille par un troupeau d'éléphants et on met le réveil à 9h40.
    Ca sent tout le temps bon chez Sheila. L'odeur de quelque chose de sucré et parfumé qui cuit dans le four.
    A la tabel du petit déjeuner, il y a déjà des verres de jus d'orange devant chacune de nous, sur une coupelle, et une corbeille remplie de pain à la banane et aux noix et brown bread faits maison. Peu après, Sheila dépose devant nous l'irish breakfast, dont je commence un peu à me lasser, je dois l'avouer. Plus les jours avancent, plus il est copieux. Ce matin, 3 saucisses, 2 oeufs, 3 tranches de bacon, boudins blancs et noirs. Je me jette sur le pain à la banane, dont Sheila me donne la recette.
    Boug' dit, l'assiette vide : le pain à la banane m'aurait suffi. Trop forte, celle-là.


    Au milieu de ce festin pantagruélique, une camionnette blanche déverse 3 solides gaillards qui s'attablent devant des céréales. Comme ils ont piqué le jus d'orange, je me lève pour leur en taper un verre et ils en profitent pour me proposer de m'assoir avec eux et me demander d'où je suis, où je vais etc. Ils sont de Dublin et nous discutons de la beauté de la région. C'est un spot de surfers et kyte-surfers, et pas mal de Français viennent dans le coin  pour ça. Ils me conseillent une balade, un joyau disent-ils, peu connu car caché. "Tu prends la route de Tralee, tu roules et juste avant le Seven Hogs pub, tu tournes à droite. Si tu arrives au pub, c'est que tu es allée trop loin".


    Avant de reprendre la route, Boug' et moi allons faire les andouilles dans les dunes. Trop chouettes ces édredons géants, j'ai envie de m'y jeter (et aussi d'autres envies moins avouables ...). Boug' pique une crise de fou-rire à cause de mes conseils de poses de photographe amateur (elle vous racontera, sans doute). Sur la plage, des poneys cavalent sur le sable, crinière au vent car il souffle ce matin mais le soleil est toujours là et nous offre une superbe lumière dans le ciel gris souris.

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    Nous trouvons sans peine la balade de Glanteenassig wood. Au pub rouge brique, je fais demi-tour et prend la direction indiquée à 4 kms sur un panneau vert. Je roule à travers la campagne colorée de blond et vert tendre. Des moutons et leurs agneaux broutent tranquillement sur le bas-côté de la route, je ralentis car ils sont en liberté.  
    Nous nous arrêtons d'abord au premier lac, le Lough Slat. L'endroit est totalement désert, et les rives de sable rouge offrent une touche de couleur dans l'écrin des roches grises.
    Plus loi, c'est le lac Caum, paradis des pêcheurs de truite, randonneurs et pique-niqueurs. A 210m au-dessus du niveau de la mer, il est encaissé entre une forêt et la Stradbally mountain qui culmine à 798m.

    L'endroit est parfaitement balisé. Des pancartes bleues indiquent le sens de la marche, et le parcours se fait sur de solides planches recouvertes de grillage pour éviter les glissades (car il pleut parfois en Irlande, quand même). Des tables de pique-nique sont posées ça et là. Nous faisons le tour du lac, cela prend une heure, le temps de digérer le petit-déj de Sheila.

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    L'endroit rêvé pour un pique-nique, non ?

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    A Abbeyfeale, après 2 heures de route, nous nous arrêtons au Coffee Pot, moi pour une soupe maison et Boug' pour des scones. Hé oui, je n'ai pas envie de Guinness ce midi. En revanche, je ne résiste pas au pain maison. C'est un truc vraiment appréciable, en Irlande, le fait que le moindre café ou pub fasse son pain maison, qui est délicieux à coup sûr.


    Je ne me sens pas très bien, soudain, coup de fatigue. Irritée, je manque deux fois de m'emplafonner une bagnole sur un rond-point. Je propose un arrêt à Ennis, aux portes du Burren. Ca tome bien, le guide de Boug' dit que c'est une ville adorable. Pas de B & B en centre-ville et nous avons un peu de mal à en trouver un mais enfin, ça y est. Kathleen nous accueille, sans thé cette fois.
    Je m'allonge un moment, j'ai un point sur l"estomac et je finis par être vraiment malade. Visiblement, la coquille de seafood Mornay ne nous a pas réussi car Boug' a été malade, elle aussi.

    Nous partons en ville, en quête, pour ma part, de riz blanc pour plâtrer mon estomac soudain vide. La ville est déserte et tout, pubs et restaurants, fermés. Ben oui, c'est Vendredi Saint, et un jour sacré en Irlande. Tout est fermé. Les Irlandais vident les rayons alcools des supermarchés pour picoler chez eux. Nous tournons dans les rues pour essayer de trouver un chinois ouvert mais nous avons trop tardé et ils ne servent plus. Les seuls êtres vivants que nous croisons sont des ribambelles de canards qui se laissent porter par le courant de la rivière Fergus. Dans l'obscurité, j'aperçois un fier volatile au bec acéré, solidement arrimé dans les eaux glaciales. Un héron ! Plus loin, un autre, à l'affût, gobe des poissons qu'il pique de son long bec.

    Ce soir, pour nous, c'est régime sec, nous ne mangerons ni ne boirons mais ... on aura vu deux hérons.