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Gens (d'ici et d'ailleurs) - Page 5

  • Enfin un repas avec des thailandais(es)

    Aujourd’hui c’est vendredi ! Première nuit complète depuis mon arrivée et dernier jour de ma première semaine de travail en Thailande ! Vous avez suivi ?

    Je ne sais pas je dois mes yeux bouffis au fait de me réveiller à 3h30 une nuit sur 2 ou au ventilateur qui me rafraîchit mais ma tronche fait peur …

    Sur le chemin du bureau, j’ai une grosse envie de sucré. Mais les vendeurs ambulants commencent à cuire brochettes et poisson à 7h du matin, et comme rien ne m’est familier, comment être sûre que je vais manger du sucré et pas du salé ? (hier soir, je me suis penchée sur un emballage de feuilles de bananier, de la taille d’une friandise, et quand j’ai demandé « sweet ? », elle a répondu « fish ! »). Ca calme. A la sortie du skytrain An Nout, je me lance ; une jeune femme, plutôt typée indienne, vend des petites bouchées enveloppées dans des feuilles de bananier. Je vais en ramener à mes stagiaires comme ça je saurai direct ce que c’est. Et en effet, W. m’explique.

    bangkok,prikhorm restaurant

    La bouchée en forme de rectangle, c’est khao tiommut (riz gluant à la banane) et la bouchée en forme de triangle, c’est kanom tian (un truc aux haricots, m’a dit W, et les recettes trouvées précisent « dried mung beans »). Je ne garantis pas l’orthographe … par contre, ce que je peux vous dire, c’est que c’est aux grains de poivre, et j’ai pas eu besoin de lire la recette pour le savoir ! Outch !

    A la pause, W. revient avec un petit pot en plastique contenant de drôles de choses beiges qui me rappellent ... Je regarde l'étiquette sur la boîte .... Oh my gode ! 

    bangkok,prikhorm restaurant

    Gnak gnak gnak ... Je vous ai eus (autant que je me suis fait avoir) .... Ce ne sont que d'inoffensifs bonbons très sucrés (et pas très bons). Mais la blague est marrante. Ceci dit, certains thais mangent des chenilles, parapit-il. Je raconte à W. qu'en fait j'ai déjà mangé des chenilles jumelles de ces leurres en sucre.

    Ce midi, mes 3 stagiaires m’emmènent déjeuner à l’extérieur. On monte dans la voiture de Pan, direction le restaurant Prikhorm. Cool, je vais pouvoir me laisser guider, ça va me reposer !  Je consulte le menu, elles me proposent plein de choses, je dis oui à tout, bien sûr. Et surtout, j’arrête de demander ce qu’est tel ou tel plat car j’ai l’impression qu’elles le commandent illico.

    On commence par une entrée : crispy rice crackers with chopped shrimp and pork sauce. Un plat dont les origines seraient indiennes, et c'est vrai que la sauce ressemble fortement au dal indien. A gauche, des brocolis et champignons sautés. J’imite W. qui tartine le cracker de sauce. C’est croustillant et bon.

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    Une sorte d’œufs brouillés aux épinards et gousses d’ail cru, avec la sauce … aux piments bien sûr. Les épinards seraient en fait des feuilles de melon (?) ผัดยอดมะระ ... Savoureux.

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    Ca, c’était les entrées à partager. Je bois mon premier vrai jus de fruits thai : un jus de pastèque givré. Miam !

    Ensuite, on attaque les choses sérieuses : un de ces poissons que j’ai vu à plusieurs reprises sur les tables des restaurants, et dont les thaïlandais semblent raffoler. Un pla kapong (bar) à la japonaise, arrosé d'une sauce soja sucrée, m'apprennent mes stagiaires. 

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    Une salade de mangue verte et pignons de pin (ยำมะม่วง ou Yam Mamuang puisque la mangue se dit mamuang, facile), qui arrache la gueule, comme d’hab. Un plat de neur pou pad sator (chair de crabe sautée aux piments frais et petai beans, des sortes de fèves, mais en plus craquantes et moins bonnes). J'apprends, mais trop tard, que les petai beans donneraient une haleine de chacal. Si on ajoute à ça les gousses d'ail croquées, je risque de me faire refuser l'entrée des temples demain ...

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    Et enfin, la fameuse soupe de fruits de mer au coco et galanga, qui finit de me décoller la mâchoire. Mes préférés ? Sans conteste le poisson à la sauce sucrée, d’influence japonaise, et les œufs brouillés aux épinards, d’influence malaisienne (dixit W.)

    A la sortie, nous nous arrêtons devant un stand où l’on vend plein de sucreries et j’en profite pour poser mes questions. Les drôles de cubes jaune orangé que j’ai vu plusieurs fois, c’est de la patata douce. Les blancs d’œuf, des desserts au coco. W. me donne sa sélection personnelle de gâteaux à ramener à mes amis.

    Mais mon préféré, c'est san conteste les biscuits roulés au porc soyeux !

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    Enfin, vu les poils qui jaillissent du biscuit, je dirais une seule chose : après le Port-Salut, voici le Porc Poilu ! Boug', toi qui aimes les choses bizarres à manger, ton cadeau est tout trouvé !

    De retour au bureau, je m’éclipse aux toilettes et lorsque je reviens dans la salle, voilà ce que je trouve sur mon bureau :

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    Franchement, ne suis-je pas la plus gâtée des formatrices ? Et avec ça, un emballage de feuille de bananier contenant un « green bean sticky rice ». Deuxième salve de poivre dans ta gueule, Fiso. A la façon chinoise, précise Wanvisa.

    Alors, qu’est-ce que c’est donc que ces drôles d’œufs sur le plat ? Première surprise : la couche crémeuse au coco est un peu salée. Le premier, ce sont des perles de tapioca.  

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    Sous celui au grain de mais, une délicieuse gelée au parfum de fleur d’oranger parsemée … de grains de maïs (??). Surprenant mais pas mauvais ! Et la gelée verte du dernier est parsemée de fruits confits, je suppose de l’angélique à en juger par l’indice posée sur la pâtisserie mais Wanvisa m’apprend que c’est un bout de feuille de Pandanus. Je ne ferais pas de folies de ces petites sucreries mais ma curiosité est satisfaite.

    Nous reprenons la formation. A l’occasion d’une action de paramétrage, je m’étonne qu’au lieu du nom de son subordonné, Wan utilise un autre identifiant. C’est ainsi que j’apprends que chaque Thai a un surnom. C’est l’occasion d’un nouvel échange. Elles m’expliquent que le surnom est donné par les parents et signifie quelque chose. Par exemple, W. n’avait pas de cheveux quand elle est née mais j’ai oublié son surnom en thaï … Mes autres stagiaires ont comme surnoms « Pan » et « Wan ». Je leur apprends le mien et leur révèle que celui de leur directeur français est Lolo. Après réflexion, j’espère qu’elles ne vont pas lui taper du « bonjour Lolo » lundi, je m’en voudrais d’avoir un licenciement sur la conscience … J’aurais peut-être dû préciser que c’était un tout petit peu familier.

    Il est plus de 18 heures lorsque je quitte le bureau. Sur le parking de Tesco, ça s’agite. Je fais un détour par le centre commercial pour acheter une carte SIM prépayée qui me permettra de communiquer avec les potes de Maurice l’alsacien sans que ça me coûte un bras. J’en prends encore plein les yeux. Il y a ces drôles d’ingrédients qu’ils mettent dans les boissons. Et elles …. Alors, on fait pas les malines, les filles, hein ?

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    Et puis, cette vendeuse qui insiste pour que je goûte son bubble tea. Et comme elle a un merveilleux sourire, ben je craque, en plus c'est en promo : 

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    Voilà. Maintenant je suis en weekend. Fini les conneries et les blagues à 2 balles et place à la culture ! Car pas question de faire l'andouille chez les moines ... 

  • Premère journée de travail à Bangkok

    [Préambule : Désolée les amis, je ne vous ai pas écrit hier mais c'est la faute de l'extraordinaire masseuse thailandaise qui m'a pétrie hier soir : je me suis écroulée en rentrant à l'hôtel. Je profite donc de ma pause déjeuner pour rattrraper mon retard car, vous vous en doutez, j'ai déjà beaucoup de choses à vous raconter ! C'est pas bien grave, il n'est que 7h03 en France ...]

    Ce matin, je me lève bien avant mon réveil ; il est 6h30 lorsque j’ouvre la porte-fenêtre de ma terrasse pour ma séance de saut à la corde. Ma première nuit à Bangkok a été courte : je n’ai dormi que de minuit à 3h30. La faut au décalage horaire sans doute car mon lit est ultra confortable et ma chambre silencieuse.

    N’empêche, même la tête dans le cul, faire son Rocky Balboa avec une telle vue me console. En revanche, je suis en nage au bout de quelques minutes et finis en slip et soutien-gorge. De toute façon, je n’ai aucun vis-à-vis, donc pas de problème.

    A 8h15, je descends au petit déjeuner. Ptain, ça rigole pas dans le coin ! A côté des traditionnels pancakes et œufs au plat, il y a des marmites de soupe et plusieurs plats de porc au curry, bœuf à la japonaise, nouilles sautées. Et je constate que les gens mangent vraiment ça au petit déjeuner. A la télé, CNN diffuse en boucle les images des Philippines dévastées. Je me dis que ça doit rappeler de biens mauvais souvenirs aux Thailandais.

    A 8h45, comme convenu, je retrouve la « lady in black » dans le hall de l’hôtel. C’est comme ça qu’elle s’est décrite par mail, et en retour je lui ai envoyé une photo de moi. Je mets enfin un visage sur son prénom. Elle nous a commandé un taxi, pourtant leur bureau n’est qu’à une station de skytrain de là. « Il fait trop chaud pour moi » explique W.

    Me voilà accueillie avec un café et un verre d’eau. Je découvre enfin les visages derrière les noms de celles avec lesquelles j’ai fait plusieurs conference calls, ces derniers mois. Nous branchons les ordinateurs et démarrons la journée. Elles sont très sympathiques mais ça n’est pas vraiment une surprise : ne dit-on pas que la Thailande est le pays des sourires ?

    Vers 11 heures, W. me tend un menu pour que je fasse mon choix. J’ai décidé de manger rapidement dans la salle de formation car j’ai deviné qu’elles avaient beaucoup de travail et ne veux pas les monopoliser en les obligeant à m’accompagner à l’extérieur. Je commande, un peu au hasard, des nouilles au poulet. En fait, c’est un peu bizarre, il y a une sorte de soupe qui l’accompagne. Je m'apprête à la boire mais heureusement, W. précise que c’est la sauce. Le lendemain, je découvrirai sur le menu qu’il s’agit d’un « gravy » (beurk).

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    L’après-midi se poursuit dans la bonne humeur. On m'apporte même un café et un panier de bonbons. Mes stagiaires m'apprennent comment dire "Merci" en thai mais il me faudra encore 24 heures pour le mémoriser et commencer à l'utiliser. Elles ne se remettent pas du fait que je bois mon café noir et sans sucre. "Ici, on met beaucoup de lait et très peu de café" expliquent-elles. A la pause, la responsable du service, une femme sophistiquée, vient prendre de mes nouvelles et s’enquérir de mon programme en Thailande. Lorsque je lui dis que j’aimerais me faire masser, elle me donne une de ses bonnes adresses.

    Vers 17 heures, je libère mes stagiaires et reste dans les locaux encore une bonne heure et demie car j’ai remarqué une anomalie dans le paramétrage de mon logiciel. La nuit est déjà tombée quand je quitte enfin le frigidaire dans lequel j’ai passé cette journée (heureusement que j’ai prévu un foulard en soie pour protéger ma gorge fragile des ravages de la climatisation) et retrouve la moiteur de la rue.

    Sur le parking du Tesco tout proche, il y a une foule en train de sauter avec entrain, coachée par un prof de step juché sur un podium. Je m'arrête pour observer cette drôle de foule et une des participantes, visiblement contente de me distraire, met le turbo et remue les bras avec vigueur. Les trottoirs de Bangkok ressemble à ceux de Marrakech et Casa ; des dénivelés inattendus, des trous. Je retrouve sans peine la station de Skytrain.

    Au guichet, sur les conseils de W., je demande une « rapid card » (en fait, barrière de la langue oblige, il s’agit d’une Rabbit Card, avec le petit lapin qui va bien). En contrebas de la station de métro aérien, il y a un alignement de toiles de tentes blanches illuminées, on dirait le marché de Noel de La Défense. C'es tous les jours Noel, ici.

    Dans le métro thailandais, c'est comme en France : one ne met pas ses doigts sur la porte sinon "on risque de se faire pincer très fort" et on est prié de laisser sa place aux enfants, aux personnes âgée ou handicapées, aux femmes enceintes . Un autre voyageur de marque mérite ce traitement de faveur, vous savez qui ? Allez, je vous donner la réponse en image : 

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    J'ai lu dans mon guide qu'il ne fallait pas non plus s'assoir à côté d'eux car tout contact avec les femmes leur est interdit. C'est toujours bon à savoir. Je monte dans le skytrain où des mini-écrans diffusent des publicités en boucle et descends à la station suivante, Bang Chak. Je jette mon ordinateur dans ma chambre et file, munie de l’itinéraire dessiné par W., me confier aux mains d’une masseuse, dans l’espoir de dormir enfin comme un bébé cette nuit.

  • Petite mais ... costaud !

    C'est ainsi que je définirais la commerciale nouvellement embauchée. Je l'ai rencontrée lors de notre induction program, il y a 1 mois (un induction program, pour les non-initiés, c'est un parcours d'intégration à l'intention des nouveaux arrivants).

    Lorsqu'elle s'est présentée, le parcours de ce petit bout de femme d'allure un peu austère m'a intriguée. Elle a négocié avec les marchés asiatiques et managé de très grosses équipes; le directeur commercial ne cachait d'ailleurs pas sa joie d'avoir réussi à la débaucher, après plusieurs essais infructueux. Ses interventions me semblaient toujours justes et à son image : discrètes et efficaces. J'ai eu envie d'en savoir plus et le lendemain, je me suis installée à côté d'elle. 

    A la pause, après l'éblouissante intervention du PDG qui m'est décidément fort sympathique, je lui fais part de ma surprise et elle rebondit sur ses propos lapidaires : 

    " En France, on a une culture matheuse. Les banques ont assez de moyens financiers pour s'offrir les premiers de la classe. Du coup, ces types ont tout le monde à leur pieds et se prennent pour les rois du monde. Un jour, ils se retrouvent face à un Indien de 1m22 qui leur explique que la finance, il fait ça depuis X années, pour X clients et dans X pays. L'autre, en face, il n'a bossé que dans sa boîte, ça le calme d'office.  

    Le marché financier, en France, il est tout petit mais ils se la pètent quand même. Ils ont développé qu'une moitié de leur cerveau, ce sont quasiment des autistes."

    Autiste : voilà bien un des adjectifs que j'appliquerais à mon ex-PDG. "Se la pète" aussi, lui qui, dirigeant d'une PME de 60 personnes, a l'aplomb de répondre à une remarque sur le fait qu'il ne salue pas ses salariés par " Est-ce que le PDG de SFR fait le tour de ses collaborateurs le matin ?"

    Le soir, au pot de bienvenue, j'ai proposé un déjeuner ensemble au petit bout de femme. Et un midi, je l'ai emmenée au coin de la rue.

    Nous avons partagé nos premières impressions sur notre nouvelle boîte, dynamique et ambitieuse, dirigée par un conquérant et pourvue d'étonnantes et talentueuses personnalités.

    Comme moi, le petit bout de femme a été favorablement impressionnée par un processus de recrutement exigeant et extrêmement professionnel : pour elle, un jeu de rôles, pour moi une mise en situation. Pour la dernière étape de mon recrutement, j'avais dû former, pendant près d'une heure, un petit groupe composé de ma chef, de ma N+2 et d'une chef de projet. J'avais déroulé ma prestation avec assurance, revigorée par les conseils et encouragements de quelques collègues-amis qui avaient accepté de me soumettre, 2 jours plus tôt, à une répétition générale. Mes futurs responsables avaient noté ma pédagogie et fait un retour si élogieux que la suite faisait peu de doute.

    - Toi, dès qu'on te voit, tu dégages tout de suite quelque chose de très positif, confirme le petit bout de femme.

    Nous racontons aussi nos expériences. Elle travaillait dans un très grand groupe et n'a plus supporté que ses supérieurs brisent constamment ses collaborateurs directs, sans raison. Nous tombons d'accord sur le fait que le management à la terreur ne fonctionne pas et qu'on continue pourtant à l'encourager. Les gens bossent parce qu'ils ont peur mais ils détestent leurs chefs et sabordent, plus ou moins consciemment, leur boîte. C'est quelque chose qui m'avait frappée à mon retour d'Irlande, il y a 10 ans. Le petit bout de femme ajoute " Les gens ont de l'énergie mais elle est négative."

    Elle raconte qu'elle a travaillé pour un client (une banque, tiens) où des types étaient payés à élaborer des projets foireux qu'on confiait ensuite aux personnes dont on voulait se débarrasser; ils foiraient le projet foireux et l'affaire était réglée. Alors quand des chasseurs de tête l'ont contactée, elle a prévenu : "Petite boîte, grande boîte, je m'en fous, je veux juste travailler dans une boîte saine." Et de fait, notre nouvelle boîte n'est pas parfaite mais elle est sympathique. 

    Nous partageons aussi nos constats des carences de notre nouvelle boîte, constatées ailleurs : en France, on choisit les managers sur la base de leurs résultats, pas de leurs qualités managériales. Et hélas, on ne les aide pas à acquérir les compétences qui leur font défaut.

     - C'est très français, affirme le petit bout de femme.

    Nous parlons aussi du système scolaire qui entreprend très tôt le travail de broyage des différences. Son fils de 17 ans a déjà hélas tout compris : "En France, si tu n'as pas fait une école de commerce ou d'ingénieurs, tu ne vaux rien".  Le petit bout de femme, effaré par le traitement appliqué à son fils, a placé la cadette, qui a des difficultés d'apprentissage, dans une école qui mélange enfants handicapés et valides. Pour ne pas qu'on brise sa confiance en elle déjà vacillante. "Tu es folle d'avoir mis ta fille dans une école d'handicapés !" se sont écriés ses amis.

    "Ma fille aujourd'hui, elle a de très bons résultats, elle se trouve belle et très forte. Elle grandit dans un milieu qui la valorise et lui inculque la bienveillance. Elle part en classe de voile avec des handicapés qui balance la chaise roulante dans le bateau. Ils n'ont peur de rien, ils font tout comme les valides. Ce ne sont pas eux qui se mettent des freins, ce sont les autres. "

    Une heure était trop courte pour tout ce que nous avions à échanger. Il y aura d'autres déjeuners, j'en suis sûre.

  • Mon ex-collègue : Vendredi

    Je reprends mes exercices pratiques sur les cadrans d'Hermann en faisant le portrait d'un des plus "beaux" ratages, en terme de management, de mon ex équipe. Un des collaborateurs prochainement licenciés. Si je n'ai jamais travaillé avec lui et ne suis donc pas à même d'évaluer ses compétences, j'ai en revanche beaucoup de sympathie pour lui.

    "Nono" est un homme difficilement cernable. Un électron libre. Quand je suis arrivée dans l'équipe, on me l'a décrit comme quelqu'un de compétent mais démotivé, qui ne se plaisait plus ni dans son poste, ni dans l'entreprise. Je ne suis jamais partie en doublon avec lui mais tous ceux qui l'ont suivi ont loué son extrême patience et disponibilité avec les clients.

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    Je le classe dans les limbiques, mon Nono. Son extrême sensibilité, son indéfectible loyauté envers sa chef me le font également pressentir Intégrateur. Cependant, je ne peux m'empêcher d'y voir de l'Organisateur, même si "organisé" n'est pas la première qualité qui me vient à l'esprit quand je pense à lui.

    A l'inverse de mon ami Obs, Nono est un Intégrateur introverti. J'ai longtemps cru que rien ne le touchait, qu'il ne faisait que passer. Et puis, un jour que notre équipe, déchirée par des conflits internes, était en crise, sa sensibilité à fleur de peau m'a pété à la gueule. En réunion, iI fut soudain au bord des larmes.
    - Je ne reconnais plus mon équipe, a-t-il lâché.
    Il en avait gros sur la patate. Il a voulu voir nos responsables en entretien individuel, dire ce qu'il avait sur le coeur, les alerter. Il s'est maintenu, on ne sait comment, entre les deux clans. Et lorsque, au gré des arrivées et des départs, notre équipe s'est enrichie de belles personnes, de leaders, il a multiplié les invitations à se retrouver en dehors du travail, allant jusqu'à nous inviter chez lui.

    Il travaille par plaisir et ne fait que ce qu'il aime. Il bsse pour une personne plus qu'un projet, d'ailleurs, quand il doit bosser pour qu'elqu'un qu'il n'aime pas, il peut y mettre une évidente mauvaise volonté. Il est dispersé et souple. Il a besoin de reconnaissance, je suis d'ailleurs persuadée que c'est ce manque d'attention qui l'a démotivé, au fil des années.

    Je ne peux m'empêcher de sentir une forte part d'Organisateur en lui, plus importante que la partie intégratrice, à son indéfectible loyauté envers sa chef, notamment, à sa grande humilité, son peu de goût pour la nouveauté et le risque qui le mena à refuser de former sur un outil en lequel il n'avait pas confiance.
    Je lis les caractéristiques de l'Organisateur et je le retrouve :
    Qualités : attentionné, calme, coopérant, patient, modeste, fiable. Ecoute et rassure.
    Communication verbale : écoute plus qu'il ne parle, garde ses opinions, peu de communication verbale.
    Communication non verbale : communication du regard irrégulière, poignée de main douce, manifeste de la patience, mouvements plus lents, posture décontractée.
    Ton de la voix : ferme, chaleureux, moins de force dans l'intonation, peu de volume, discours plus lent.
    Forces : Loyal, concret
    Limites : Effacé
    Besoins : Harmonie et cohérence
    Motivations : Servir, être utile
    Peur  : Perdre la stabilité.

    Je pense qu'avec plus de confiance en lui-même et un réel accompagnement de sa hiérarchie (pas des encouragements verbaux qui ne coûtent pas plus qu'ils n'apportent), il aurait pu développer les compétences qui lui faisaient défaut.

    Ses messages contraignants, j'ai du mal à les identifier de manière affirmative. Mais ayant eu à prendre sa suite sur une formation qu'il avait foirée par incapacité d'avouer une de ses faiblesses au client, j'opterai pour un "Sois fort", ce message qui martèle "Cache tes faiblesses et tes manques car tu dois être fort". Ce jour-là, je n'avais pas compris pourquoi il n'avait pas avoué son problème au client, plutôt que de s'enfermer dans le mutisme. Je soupçonne aussi un "Dépêche-toi" à sa volonté d'aller vite, de boucler vite ce qu'il aime faire, de bâcler aussi vite ce qu'il n'aime pas.

    Mon Nono, c'est un coach dans l'âme. Une de ces personnes qui s'efface au point de vous donner l'impression que vous êtes arrivés là où vous en êtes sans qu'il y soit pour quoi que ce soit.

    De belles compétences inexploitées, je maintiens.

  • Mon ami et ex-chef de projets : l'intégrateur-explorateur

    A fond cerveau droit, mon Obs ! Et un joli équilibre entre cortical (pensées) et limbique (émotions).

    Cet épicurien, doté de curiosité et de vrais dons de cuisinier a, selon moi, un mélange dominant Explorateur-Intégrateur.

    A ses capacités créatrices s'ajoutent de vraies qualités humaines. C'est un des vrais experts de la boîte, aussi bon pour suggérer des améliorations outils que pour conseiller sur le métier. Brillant, polyvalent, il est une menace pour les incompétents et les faiblards qu'il détecte très vite. C'est pour ces raisons, je pense, qu'il ne fait pas l'unanimité.

    Exigeant et l'écoute, il n'accorde pas facilement sa confiance mais une fois qu'on l'a acquise, il encourage et valorise ses collègues et collaborateurs. C'est une qualité qui m'a beaucoup aidée lorsque, formatrice débutante, il m'a choisie sur un projet à fort enjeu (lui ou ma boss, je ne sais pas d'ailleurs mais que le choix lui ait été laissé ou imposé, il m'a beaucoup apportée).
    Il a de l'intuition, s'en sert et se trompe rarement.

    Son côté explorateur, on le reconnaît à sa geek attitude. Il lui faut le dernier I-Phone, et avant tout le monde. Il change aussi souvent de moto (mais pas de femme). Comme il a un driver qui le titille, il s'est laissé déborder depuis un peu plus d'un an et ça a parfois gêné mon travail.

    Sa face intégrateur, on ne peut pas la rater. Il est d'une grande sensibilité et sensible aux critiques. Il s'inquiète, toujours sincèrement, de savoir comment vous allez et n'hésitera pas vous consacrer du temps si besoin. C'est, à mon avis, un ami d'une grande loyauté et fidélité. Du coup, il a les défauts de ses qualités : son côté protecteur m'a parfois agacée et j'ai pu le trouver envahissant.

    Quand je travaillais avec lui, j'appréciais de pouvoir l'appeler à n'importe quel moment, pour obtenir son avis ou vider mon sac. Même à 23 heures, il se rendait disponible pour quelques mots et un sourire. De mon côté, après m'être cabrée quelquefois, j'avais compris que ses besoins de retours n'étaient pas le signe d'un manque de confiance mais un besoin d'être rassuré.

    Ça, c'est le portrait que mes profils Analytique/Intégrateur dressent de lui. Je lis les caractéristiques des profils Explorateur / Intégrateur et je note ce qui lui ressemble :
    - énergique, rapide, indépendant, direct, fonceur.
    - énergie et décision
    - va droit au but et passe en force (je mettrai une nuance : "peut" passer en force car son côté intégrateur lui pose un cas de conscience)
    - tombe et se relève

    Sa communication verbale :
    - partage ses sentiments personnels (intégrateur)
    - beaucoup de communication verbale (intégrateur)
    - affirme énergiquement
    - carré, va droit au fait
    - s'exprime sans formalités (intégrateur)
    - perception flexible du temps (intégrateur)

    Sa communication non verbale :
    - regard soutenu (explorateur) / expressions du visage animés (intégrateur)
    - beaucoup de gestes (mains, corps) (intégrateur)
    - manifeste de l'impatience (explorateur)
    - mouvements rapides (intégrateur)
    - posture ferme (explorateur)

    Le ton de sa voix :
    - direct (explorateur)
    - de la force dans l'intonation (intégrateur)
    - volume fort (intégrateur)
    - inflexions de voix variées (intégrateur)

    Ses tendances de comportement :
    Forces : Concentré sur les objectifs (explorateur) / Optimiste relationnel (intégrateur)
    Limites : Impatient (explorateur) / Désorganisé (intégrateur)
    Besoins : Dominer (explorateur) / Interagir (intégrateur)
    Motivations : Défis personnels (explorateur) / Etre reconnu par les autres (intégrateur)
    Peur : Que l'on profite de lui (explorateur) / Etre rejeté par les autres (intégrateur)

    Pour s'adapter à un "explorateur-intégrateur" :
    Ses enjeux sont esthétiques et écologiques (explorateur). Il est enthousiaste et sympathique. Il veut de la nouveauté, un design original et il aime se faire plaisir. Il recherche l'innovation.
    Ses enjeux sont aussi humains et ergonomiques (intégrateur). Il est aimable, chaleureux et volubile. Il ne veut pas tromper et cherche la sécurité. Il apprécie les valeurs sûres.

    PS : Il est 00:26, je vais me coucher, la suite au prochain numéro !