Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

2yeux2oreilles - Page 31

  • Le harcèlement ne connaît pas la crise

    harcèlement,travail,nouvel observateurPourquoi ai-je trouvé dans ma boîte aux lettres, il y a 2 jours, un exemplaire du Nouvel Observateur, auquel je ne suis pourtant plus abonnée depuis longtemps ?

    Lorsque j'ai ouvert l'emballage et découvert le titre du dossier spécial, j'ai souri : " Stress, harcèlement, souffrance au travail : mon chef me rend fou ! " Voilà qui tombe à pic, alors que je multiplie les billets sur les ravages et bienfaits de la communication. La coïncidence est troublante.

    Extraits :
    Le mal se banalise. Nombre d'études l'affirment, les personnalités difficiles s'épanouissent au boulot, où elles grimpent sans peine l'échelle hiérarchique, jusqu'à régner en despotes. (...) Ce tyran séducteur s'arrime partout où le pouvoir, le statut social et l'argent sont des enjeux. D'aspect aussi normal que vous et moi, le SOB (Seductive pOperational Bully) se caractérise par son absence d'empathie, de sentiment, de culpabilité et de remords, mais aussi par des qualités d'adaptation hors du commun. Aucun scrupule à faire des crocs-en-jambe, une vraie propension à doubler par la droite. Le ticket gagnant pour atteindre le haut de la pyramide.
    "Les entreprises les aceptent parce qu'ils sont très rentables : comme ils n'ont pas d'états d'âme, ils font merveille pour dégraisser", décrypte le psychiatre Dominique Barbier, auteur de "La fabrique de l'homme pervers".
    (...)
    Le chef tyrannique s'attaque toujours à des employés dévoués, soucieux de bien faire. Des proies sensibles aux critiques, jamais des je-m'en-foutiste. Plus que la psyché dérangée des chefs, ce sont les méthodes de management à la hussarde qui sont la clé de voûte de cet édifice en péril. Partout où la souffrance se déploie, les boîtes sont en sous-effectif chronique. Les objectifs, irréalistes. A moins de sortir la cravache. Ils sont amenés à se muer en harceleurs en mettant la pression, en véhiculant la peur, en clamant : "Si tu n'es pas content, tu t'en vas!" Jusqu'au jour où ils deviennent à leur tout des victimes du système. Arrêts maladie qui se multiplient, productivité en baisse. L'élastique trop souvent tendu vous revient inéluctablement en pleine figure.  
    (...)
    Les recruteurs cherchent désormais à repérer les apprentis tyrans. Un test en 111 points, le Business-Scan (B-Scan) a été élaboré pour traquer ces personnalités à problèmes. Et éviter de les embaucher.

    (source Le Nouvel Observateur, édition du 16 au 22 mai 2013; réactions ici)

    J'ai croisé une seule fois dans ma carrière une chef perverse. Entrée dans la boîte en tant qu'assistante, elle avait vécu une histoire d'amour aussi passionnée que tumultueuse avec son patron, lequel s'était fait virer manu militari après avoir menacé de casser la gueule de son N+1 qui commençait à tourner autour de la jolie blonde. Moins de 2 années après son arrivée, elle prenait le poste de son responsable. Ça vous fait sourire tellement c'est gros ? Et pourtant c'est du véridique. Elle m'a raconté l'histoire d'amour, du temps où elle était en mode séduction/copinage, et ses collègues ont complété la suite de l'histoire.
    Moi je déboule dans le service au moment où son adjoint démissionne en l'assignant aux prud'hommes pour harcèlement moral, et son assistante, en arrrêt maladie, pour harcèlement moral et physique. J'ai eu la présence d'esprit de décliner, quelques mois plus tard, sa proposition de devenir son adjointe, au vu de "mes excellents résultats". Au bout d'un an, nos rapports se durcissaient et 2 ans plus tard, je commençais à perdre pied, prise entre le marteau et l'enclume : mes collaborateurs avec lesquels j'entretenais de bons rapports et elle, qui me reprochait un management trop humain, illustré par ma fâcheuse manie de boire des cafés avec mes collaboratrices, à ses yeux de vulgaires subalternes, au lieu de viser les cadres supérieurs.
    Conseillée par mon ami JM, j'avais alors entrepris un bilan de compétences et sorti l'artillerie lourde : la panoplie de protection du harcelé. Ma consultante m'a fourni le portrait du harceleur et les mesures à mettre en place pour la contrer. Désormais ses instructions systématiquement verbales, auxquelles bien sûr je ne comprenais jamais rien, furent suivies d'un mail de ma part qui résumait la tâche demandée. Elle est allée jusqu'à me faire convoquer par mon N+2 pour me dissuader d'utiliser ces méthodes, dont elle avait parfaitement compris le but.  Je n'ai rien lâché, un véritable bras de fer. Elle en avait usé d'autres mais moi, elle ne m'aurait pas. J'étais apprécié des gens que je servais et irréprochable : même pas un arrêt maladie en 6 ans.

    Après quelques mois j'ai demandé un changement de service et répondu aux questions de la DRH (qui était chapeautée par l'éxécutif, en l'occurrence mon N+2) : j'ai dénoncé les insultes, les abus de pouvoir (elle avait exigé et obtenu de tout son service, sauf moi, les mots de passe de leurs messageries et connexion au SI-RH). Quelques mois après s'être faite élire membre du CE, elle quittait l'entreprise pour un poste de responsable chez LVMH. Sa belle réussite professionnelle confirme le constat du Nouvel Obs : les salopards réussissent, en tout cas pendant quelques années, le temps de briser quelques travailleurs (en France, 400 suicides par an sont directement liés au travail)

    Quand à moi, j'ai beaucoup appris de cette expérience. D'abord, que j'étais moralement forte. Ensuite, que j'avais des valeurs qui n'étaientt ni l'argent, ni la réussite sociale, en tout cas pas de cette façon-là. Et puis j'ai appris à faire confiance à mon intuition, celle-là même qui m'avait fait décliner la promotion apparente qu'elle m'offrait, en dépit des conseils de mes amis. Enfin, j'avais désormais une idée assez précise du profil type de la suspecte (ben oui parce qu'à mon grand regret, les seuls arrivistes avec lesquels j'ai été contrainte de travailler dans ma carrière étaient de sexe féminin) :
    - douce (en apparence)
    - rarement moche et bien consciente de son pouvoir de séduction
    - apparemment ambitieuse mais en fait arriviste, la réserve et l'humilité ne sont pas ses meilleures qualités. Elle prend soin de faire savoir, de préférence à sa hiérarchie, tout les merveilleuses choses qu'elle fait pour la société (le mail et la touche "cc" sont ses meilleurs alliés).

    Et vous, vous avez déjà eu à faire avec des chefaillons, harceleurs et assimilés ? Quel était leur portrait ? Et comment vous en êtes-vous sorti ?

    A venir, le test : "Votre boss est-il psychopathe ?"

  • Voyage dans le ventre de Paris

    je vous ai croisé,louchébem,restaurants,paolaHier, vers 15h30, j'ai retrouvé ma petite Colombienne, Paola, au pied de l'église Saint-Eustache, pour un déjeuner quelque peu tardif. Elle avait envie de viande, je l'ai donc emmenée au Louchébem, restaurant boucher des Halles depuis 1878. Ne commencez pas à saliver, le propos de ce billet n'est pas le contenu de mon assiette, même si je vous défie d'avoir encore de la place pour une deuxième assiette du rôtisseur (jambon rôti, cuisse de boeuf et gigot d'agneau, 22€90, à volonté) servi avec 3 sauces et une savoureuse purée maison, elle aussi à volonté. Bon, je vois déjà Phil faire la moue, ok une petite photo, mais elle n'est pas de moi :

    je vous ai croisé,louchébem,restaurants,paola

    Paola a vite calé et le serveur, habillé en garçon boucher, lui a gentiment emballé le reste de son assiette de viandes pour qu'elle puisse le savourer à la maison; attention assez rare à Paris pour être soulignée.

    La salle étant quasi-vide, j'ai discuté un peu avec le serveur, m'enquérant de l'activité du restaurant : le mois de mai est une catastrophe, m'a t-il dit. Un peu plus tard, j'explique à Paola la signification du mot louchébem, qui signifie "boucher" en argomuche, langage inventé par les bouchers du quartier, à l'époque où les Halles n'était pas un centre commercial mais véritablement des halles maraîchères, le fameux "ventre de Paris". Ces halles étaient fournies par les abattoirs de Paris, ceux de la Villette et aussi ceux de Vaugirard, une de mes balades préférées. Je pointe du doigt, par la fenêtre, la facade en boiseries du restaurant "Chez Denise" autre institution du quartier, et en profite pour glisser sur la magnifique et toute proche tour Saint-Jacques, dernier vestige de l'église Saint-Jacques de la Boucherie, où les découpeurs de viande venaient prier.

    M'aidant d'internet, je lui révèle aussi la présence d'un immense charnier humain, le cimetière des Innocents, à l'emplacement de la fontaine du même nom, dont les ossements furent déplacés dans les catacombes lorsque les fosses commencèrent à s'écrouler sous le poids des squelettes qu'elles contenaient. En y réfléchissant, c'est peut-être ce qui a coupé l'appétit de ma jolie Colombienne, qui en redemandait pourtant et m'écoutait en ouvrant de grands yeux. Je prends à partie le serveur, qui s'ennuyait ferme à quelques pas, pour qu'il complète mes propos. Il nous invite à regarder les nombreuses photos, de l'époque du "ventre de Paris" qui ornent les murs du restaurant, en bas, dans l'escalier et à l'étage.

    Après le dessert où Paola suit mes conseils et déguste un Paris-Brest, l'occasion pour elle autant que moi de découvrir (merci Internet), l'origine du nom de cette pâtisserie, tout en picorant les desserts de mon café gourmand (que chevere ! el arroz con leche de mi mama ! s'écrie-t-elle en dégustant une cuillerée de mon riz au lait à la cannelle), nous partons en exploration dans le restaurant.

    Un autre serveur, plus âgé que le précédent, nous rejoint et fournit les légendes des photos. Il montre celle d'un type rougeaud, coiffé de gigantesques oreilles de porc, verre à la main. "C'est ce qu'on appelait un fort des Halles, dit-il. Ce sont les types qui portait des quartiers de viande entiers sur leurs épaules, à l'époque. Ce monsieur est venu il y encore 5 ans, c'était un colosse, plus grand que moi. Ils portaient le chapeau qui est dans l'escalier." Accroché au mur, il y a un chapeau à larges bords ronds, une sorte de sombrero. Après recherches, il s'agit du coltin, un chapeau muni d'un disque de plomb. Un site rend un fort bel hommage aux forts des Halles, et en musique, ici. Je pique une photo :

    je vous ai croisé,louchébem,restaurants,paola

    Didier, puisque c'est son prénom, complète ma mémoire défaillante en donnant les dates de la destruction des Halles.

    "C'était l'équivalent des Halles de Rungis d'aujourd'hui, n'est ce pas ? demandai-je. On vendait tous les produits frais, ici, pas seulement la viande ?"
    Didier confirme et pointe le doigt : " Du côté de la bourse du Commerce, ancienne halle aux blés, c'était le marché aux volailles. Au pied de Saint-Eustache, le marché de la viande."

    Je l'interromps : "Vous avez connu les Halles de l'époque, on dirait ?"

    - Oui, j'étais tout gamin et j'accompagnais mon père qui venait au cul des camions aider au déchargement, pour gagner un peu d'argent avant de partir travailler. Moi je l'attendais dans la voiture mais je m'en souviens bien."

    Quelle chance de rencontrer quelqu'un qui qui n'est pas là par hasard mais véritable contributeur de la mémoire du quartier. Un griot des Halles !

    Paola est aussi ravie que moi de ce déjeuner très culturel. Didier nous entraîne jusqu'à l'écran LCD, à l'entrée du restaurant, qui diffuse des images de l'époque, qu'ils ont eu quelque mal à retrouver. On y voit une photo de la facade du restaurant, à l'époque, lorsque son entrée se trouvait dans l'angle.

    je vous ai croisé,louchébem,restaurants,paola

    " Vous trouverez toutes les infos sur le site internet du restaurant " précise Didier. Moi, je crois que je ne vais pas tarder à me programmer une balade-reportage dans ce quartier, un must pour la gourmande que je suis, non ?

    Si l'histoire du restaurant et du quartier vous intéresse, cliquez sur l'onglet Historique, . Pour des photos d'époque, c'est ici. Si vous êtes tombée amoureuse d'un boucher qui le parle ou que vous voulez juste faire le malin au prochain dîner avec vos potes en parlant l'argomuche, cliquez . Et surtout, ne manquez pas d'aller vous taper un morceau de la savoureuse barbaque du Louchébem, où les serveurs sont si sympas (parce que ce sont de vrais Parisiens, eux ! )

    Le Louchébem au 31 rue Berger, Paris 1er (Tel 01.42.33.12.99)

  • Les fous du roi

    index.jpgIl n'y a pas de crise du leadership. Il n'y a que des leaders en crise.

    Pourquoi ai-je sorti de mes étagères ce livre prêté il y a plusieurs années par mon ami JM et que je n'avais jamais lu ? Sans doute parce qu'aujourd'hui, après 4 années dans une PME détenue par un financier, évidemment principal actionnaire, je suis à même de comprendre le sens du discours de son auteur, Rémi Tremblay, alors PDG de la filiale canadienne d'Adecco.

    4ème de couverture :

    Les patrons sont les nouveaux fous du roi. Leur souverain ? L'actionnaire, cet être inconscient et cupide qui exige que ses actions montent en flèche. Pour le satisfaire, les fous licencient, fusionnent, rationalisent, centralisent et décentralisent (...)

    Dans les fous du roi, Rémi Tremblay lance un cri du coeur. Ses cibles : la tyrannie de l'actionnaire, le manque d'éthique, les patrons qui se servent au lieu de servir. Son rêve : éveiller les consciences, rétablir la confiance, rapprocher les leaders de leurs valeurs profondes.

    Réflexion sur le pouvoir, cet ouvrage troublant place le lecteur face à ses propres comportements. Après tout, nous sommes tous les fous d'un roi. Que seriez-vous prêts à faire pour un bon mot de votre patron, de vos parents, de votre professeur ? Lire ce livre, c'est prendre un risque, celui d'affronter ses peurs pour tenter de s'en libérer.

    Imaginez le carnage quand votre patron est en plus actionnaire ... En écoutant mon nouveau PDG cette semaine, la raison évidente de la mort annoncée de mon ex-société (que je sens venir depuis janvier 2012 très exactement) m'est apparue comme une évidence : comment une société dont le coeur de métier est l'humain (gestion des RH) peut-elle être détenue par un financier dont la seule préoccupation est de faire de l'argent ? Comment ses salariés, majoritairement animés par le sens du service client, peuvent-ils s'épanouir et être heureux dans un tel climat, où leurs préoccupations sont à l'opposé de celles de leur PDG ?

    J'ai relévé, dans le livre de Rémi Tremblay, quelques passages qui ont fait cruellement écho :

    "C'est fou ce qu'on tolère. Les jeux de pouvoir, notamment. On commence par les tolérer, puis on finit par y participer. Parce qu'on veut se protéger. Chose certaine, l'effritement de la confiance s'opère graduellement, insensiblement. Je l'ai observé dans mon organisation. J'ai vu les employés se protéger toujours davantage les uns des autres. Pour moi, le plus bel exemple de méfiance, ce sont les copies conformes, que je déteste souverainement (...) Pourquoi me mêler à cela ? La réponse est simple : parce que celui qui envoie le courriel n'a pas confiance en celui à qui il l'adresse. ET parce qu'il veut lui faire peur en m'informant de leur échange."

    Dans mon ex-société, ma boss refusait que nous la mettions en copie de nos échanges avec d'autres services. Certains d'entre nous insistions, voulant l'obliger à jouer son rôle : être au courant de ce qu'on nous demandait de faire, à nous ses collaborateurs. Et surtout intervenir lorsque la teneur ou le ton des échanges était inappropriés et/ou irrespectueux. Ce n'était même pas une question de confiance; c'était, en ce qui me concerne, un refus de recevoir des ordres d'autres qu'elle, et surtout de cette façon-là. Quand j'étais manager, je n'ai jamais accepté que qui que ce soit d'autre que mes responsables donne des consignes à mes collaborateurs. Et de la même façon, je respecte ma hiérarchie et je ne double pas par la droite (référence au billet à venir).

    " A l'été 99, j'étais en détresse. Cette détresse n'a pas débuté du jour au lendemain. Elle s'est installée petit à petit. J'ai commencé par ressentir de moins en moins de plaisir. Un conquérant, d'ailleurs, ne connaît que le plaisir, jamais le bonheur. Le plaisir, c'est physique, c'est instinctif. Tromper sa femme procure du plaisir, pas du bonheur. Obtenir une promotion en écrabouillant un collègue procure du plaisir, pas du bonheur. Atteindre des objectifs financiers en licenciant des employés procure du plaisir, pas du bonheur."

    Je suis certaine que mes copains adultères ou repentis pourraient témoigner de la misère morale et affective dans laquelle ils se trouvent ou se sont trouvés. En écrabouillant un collègue ou en tentant de le faire, on n'est même pas garantis d'obtenir la promotion recherchée. En revanche, je sais ce qu'on y perd : le respect des autres, ceux qui n'ont pas de pouvoir mais des valeurs et de la lucidité. Quand aux licenciements pour obtenir des résultats financiers, mes ex-collègues sont hélas en plein dedans : 6 licenciements annoncés il y a 15 jours, dont 1 qui est un pur règlement de compte, et l'annonce récente d'une baisse des salaires décidée de façon unilatérale et à durée illimitée. Les salariés paient les erreurs de gestion et de stratégie de leur dirigeants. En revanche, la femme du PDG, elle, emploi fictif notoire et un des meilleurs salaires de la boîte, fait toujours partie des effectifs ... Et j'entend des gens essayer de me convaincre que c'est normal. On marche sur la tête.

    " Une amie m'a raconté que dans son entreprise, la DRH conseille aux gestionnaires de congédier un employé en cinq minutes, le vendredi à 17h. On appelle ça "terminer un employé". Quelle expression épouvantable !

    Pensez un peu à la douleur de ces personnes à qui on cache les véritables raisons de leur départ, ou encore à qui on ne dit rien. A qui on montre simplement la porte, par manque de courage."

    J'ai vécu ça, en live, dans le groupe de grande distribution dans lequel j'ai travailé pendant 6 ans. J'ai vu, outre des assistantes en larmes et des patrons qui se mettaient la loi Evin au cul et fumaient sous le nez de ces mêmes assistantes, parfois enceintes, des responsables de service hagards et incrédules, escortés par la sécurité jusqu'à leur voiture. L'un d'entre eux, avec lequel je m'étais liée d'amitié, a fini en dépression nerveuse après s'être fait chasser de cette façon et n'a plus répondu à mes mails.

    Pour aller plus loin :

    Des interviews de Rémi Tremblay dans les magazines Le Manager Urbain, En Quête

  • La cuisse du steward

    safe_image.php.jpgC'est un des premiers blogueurs que j'ai rencontrés, en 2007, lors de cette soirée mondaine entre blogueurs. Il y a quelques semaines, sur FB, il m'envoie un lien vers La Compagnie du Désastre, dont il fait partie, suivi de "Tu viendras ?".

    Le temps de rameuter quelques-uns de mes ex-collègues chéris, et nous voilà hier soir au théâtre Clavel, métro Pyrénées, pour découvrir "La cuisse du steward" de Jean-Michel Ribes, jadis jouée par Jacqueline Maillan et Roland Blanche et aujourd'hui par Manon Bouchareu, Emmanuelle Lamoure, Cyril Perrin, Sylvain Prada et Serge Vollmar.
    Le pitch :

    Perdus dans une montagne sud-américaine, Lionel et Yvonne se nourrissent avec ce qui reste des passagers de leur avion qui s'est écrasé. Se contentant, depuis 3 mois, de pieds de footballeurs piqués de cacahuètes grillées, ils se privent d’un morceau de choix, la cuisse du steward, la réservant pour le repas de Noël.

    Le quotidien du vieux couple reprend peu à peu le dessus quand surgissent deux hommes arrivés de nulle part. Ce sont deux autres rescapés de la catastrophe : Bob Chicanetto, chanteur de charme et M. Toups, révolutionnaire de salon.

    À partir de cette rencontre commence une folle descente vers la forêt, le groupe s’étant mis en tête de prendre le pouvoir au Putchicador, le pays où ils ont atterri...

    Verdict ? J'ai beaucoup, beaucoup ri. L'absurde de la situation est rendu franchement hilarant par le texte de Jean-Michel Ribes et les 5 comédiens ont une énergie débordante. J'ai particulièrement aimé le personnage du chanteur de pacotille et amateur de slips en soie (bleue), Bob Chicanetto,  mais ils sont tous très bons. Le moment où ils chantent tous en playback sur des voix à l'opposé des leurs est drôlissime et le final, avec Yvonne qui se déhanche sur "Que te vas Yolanda" (que j'ai fredonnée ensuite pendant au moins 1 heure), à mourir de rire. Les costumes sont très chouettes aussi.

    La dernière aura lieu le 25 mai. Si vous voulez passer une bonne soirée, courez-y ! (et allez manger / boire un coup avant ou après au très sympathique bar "Jolie môme", au n° 25 de la rue)

  • Ma nouvelle boîte

    Dès la première journée chez mon nouvel employeur, je me suis marrée en relevant quelques similitudes avec mon ex-boîte :

    - le badge obligatoire pour circuler (même dans l’ascenseur)

    - les salariés répartis sur 2 étages dans 2 bâtiments (juste séparés par une passerelle, cette fois)

    - la femme du PDG (mais c'est loin d'être un emploi fictif ici, elle abat un boulot monstre)

    Et aussi :

    La moquette fatiguée

    2013-04-19 18.15.24.jpg

    Le babyfoot dans la salle de pause (et j'y joue, ici !) :

    2013-04-16 15.32.04.jpg

    Trève de plaisanterie; j’ai gagné sur pas mal de points.

    Le premier, et pas des moindres en région parisienne, le temps de trajet pour rejoindre nos bureaux. J’ai ainsi troqué mes 1h10 minimum avec 2 correspondances (Châtelet puis Saint Lazare) contre 45 minutes de porte à porte (et assise puisque je prends le bus dès le départ de la ligne). Depuis la semaine dernière, j’ai même retrouvé les vieilles habitudes de l’époque où je travaillais pour un groupe de la grande distribution et j’ai tenté le trajet en vélib’ : 6,9 kms en 31 minutes et 126 calories grillées (merci la super appli Runtastic). Pour l’instant, je me contente de pédaler sur le trajet aller 1 jour sur 2. Dans peu de temps vous allez pouvoir m’appeler « Cuisse de mouche fleur de banlieue » ;)

    Le deuxième point fort agréable, c’est le quartier dans lequel je travaille. A 200 mètres d’une station de métro, il fourmille de restaurants, terrasses et boutiques. Il y a même un centre commercial, un bureau de poste et une médiathèque à 2 pas. Ca me change du quartier Charlebourg de Colombes avec ses 3 pauvres restos, sa boutique Grobill et son dépôt de pain. D’ailleurs maintenant que j’y pense, c’est la première fois, depuis 10 ans que je suis revenue en France, que je bosse dans un quartier sympa (j’ai fait successivement Issy Val de Seine, les quais d’Ivry et Colombes). En revanche, il ne faudra pas que j’aille trop souvent faire du lèche-vitrines entre midi et 2 (60€ claqués en 20 minutes la semaine dernière)

    Enfin, les bureaux eux-mêmes. Dans un bel immeuble en verre, sur un plateau baigné de lumière d’environ 50 m² où on n’est que 10 (mes ex-collègues comprendront), j’ai MON bureau, MON caisson, MON téléphone et surtout, comble du luxe : MA poubelle.

    Et on a des fauteuils de compèt' ici ('tention vos cervicales !) :

     

    2013-05-16 17.45.39.jpg

    Et puis, détail très apprécié de la réfractaire à la montre que je suis : dès le lendemain de mon arrivée, ma boss a devancé mes craintes : « Normalement on arrive entre 9h et 9h30 mais si tu rentres de déplacement, tu peux arriver jusqu’à 10 heures sans problème. Et si tu besoin d’arriver plus tard ou partir plus tôt, tu te mets en indispo dans ton agenda pour que je ne te colle pas de rendez-vous, il n’y a aucun problème. »  Aaaaah !  

    Au niveau du périmètre hiérarchique, pas de flou : j'ai une seule chef, c'est ma chef. Dans mon ex-boîte, elle avait délégué une partie de son management aux chefs de projets dont certains, en mal de pouvoir, souffraient de sérieuses lacunes en communication (verbale).  

    Et enfin, l'outil sur lequel je forme : beau, stable, convivial, intuitif. Malgré le fait que j'aborde un secteur d'activité qui m'est totalement inconnu, je n'ai pas d'inquiétudes sur ma prise en main rapide (et ma boss non plus d'ailleurs, à l'entendre).

    Il y a aussi des choses qui me manquent. Pas mon ex-PDG, ça c’est sûr. Mon nouveau PDG, lui, n'est pas un actionnaire mais un véritable entrepreneur. Cette boîte, il l'a fondée et son oeil pétille quand il retrace son parcours et ses débuts difficles. Souriant et charismatique, la formule « Ma porte est ouverte » n’est visiblement pas qu’une formule chez lui. Mon N+2, quand à lui, est aussi sympa et avenant que mon ex N+2; il y a de l’intégrateur en lui aussi, c’est sûr.

    En revanche, le sourire, la bonne humeur, l'écoute, en un mot l'humanité de mon ex-chef me manquent. Ma nouvelle boss ne s’est pour l’instant quasi pas occupée de moi. Le premier jour, au téléphone, elle a envoyé un formateur m’accueillir. Enfin disponible, elle ne m’a même pas offert le café avant d’attaquer ma formation ni n’est venue déjeuner avec moi de toute la semaine. Mon agenda a été rempli en 2 temps 3 mouvements de réunions et présentations dont j’ignorais le contenu. Et depuis 1 mois, je bosse dans mon coin ; elle ne s’est pas enquise une seule fois de mon avancement ou mes questions éventuelles. «Ca fait déjà 1 mois que tu es là. Il faudra quand même qu’on se voit » a-t-elle dit hier. A sa décharge, elle a plusieurs casquettes dans la boîte et est visiblement surchargée de travail.

    Certaines de mes collègues formateurs me manquent cruellement. D'ailleurs je les ai tous les jours au téléphone. Anciens managers, ils avaient un dynamisme et un relationnel que je ne retrouve pas chez les 2 formateurs avec lesquels je bosserai désormais. D'ailleurs, je n'ai pas tellement l'impression qu'ils bossent ensemble. D’une équipe de 11 formateurs parfois dissipés mais pros et surtout proactifs, je suis passée à un trio dont je serai sans doute la plus agitée.

    L’homme de notre trio, un pur batave au nom imprononçable qui m’a accueillie le premier jour, est vraiment jovial et très sympa. Il a même réussi à me faire entrer dans un café Starbucks. D’ailleurs je l’ai déjà présenté à mon frère qui bosse à 2 pas (une autre bonne surprise).

    Ma voisine de gauche, la plus ancienne de l’équipe, ne m’a pas calculée pendant 1 semaine ; même répondre à mon bonjour lui arrachait visiblement la gueule. J’ai questionné mon collègue qui m’a laissé entendre qu’elle était très compétente mais aussi très lunatique et étiquetée « râleuse ». Et puis un matin, j’ai entendu « J’adore tes chaussures ! ». Je n’ai pas levé la tête, persuadée qu’elle ne s’adressait pas à moi, et puis elle m’a fait un exposé de 30 minutes sur mes pompes. Depuis elle me tient la jambe à chaque fois que je lève le nez de mon écran. La technique du « laisser venir » marche toujours, avec les humains comme avec les animaux ...