Au hasard de mes pérégrinations en Provence, cet été, j’ai célébré la fête du taureau sur la place du village d’Entrechaux, à quelques kilomètres de Vaison la Romaine. Situé aux confluents de l'Ouvèze et du Toulourenc, proche du Ventoux, c'est son château posé sur un promontoire, qu'on aperçoit d'abord, au détour d'un virage.
Le village était très animé et les hommes surveillaient, absorbés, les flammes léchant les carcasses ruisselantes des taureaux.
Nous nous attablâmes au pied de l'église et après de longues minutes à saliver à l’idée du festin qui nous attendait, une caillette tiède délicatement posée sur un lit de salade verte atterrit sous mon nez. J’avais découvert cette spécialité drômoise l’hiver dernier, j’en avais ramené et stocké quelques-unes dans mon congélateur mais à chaque dégustation, j’étais invariablement écœurée par le gras qui s’en échappait. Ca, c’était avant la fête du taureau à Entrechaux.
Le pâté que je goûtai ce soir-là était tendre et riche en épinards, un pur délice qui fondait dans la bouche. Je partageai mon enthousiasme avec ma voisine de gauche qui m’apprit que la fête du taureau était organisée par le traiteur du village et que ses caillettes étaient excellentes, comme tous ses produits. Nantie d’indications précises « C’est la seule épicerie du village, vous ne pouvez pas vous tromper », je me promis de faire un crochet par Entrechaux sur le chemin du retour.
Après l’entrée, la bête. De belles tranches de taureau rôti accompagnées d’un gratin dauphinois, le tout arrosé de bouteilles de vins excellents et généreusement distribués par les organisateurs. Au moment des cafés, je félicitai une des joviales dames, préposée au service, sur l’excellente organisation de la soirée.
A la nuit tombée, l’éclairage féérique du château d’Entrechaux, accroché à un piton, se découpait sur le ciel noir tandis que les cigales entonnaient leur chant nocturne.
Le jour du départ, je m’arrêtai devant l’épicerie SPAR du village d’Entrechaux. Je félicitai M. Rège pour la soirée (« ce n’est pas moi, je suis le cousin germain mais je lui dirai », précisa-t-il) et surtout pour ses délicieuses caillettes, si peu grasses en comparaison de celles que j’avais goûtées auparavant. "Recette de la grand-mère, beaucoup d’épinards", dit-il. Je raflai donc sans états d’âme les 12 caillettes restantes dans la vitrine de M. Rège, qui les emballa sous vide.
Si vos pas vous mènent un jour au pied du piton d’Entrechaux, évitez la boulangerie mais arrêtez-vous chez Hervé Rège (dans la boutique SPAR). Et si c’est l’heure du déjeuner, ma voisine de table m’a aussi recommandé les spécialités de gibier du restaurant de chasse Saint-Hubert.