Pour l’heure, nous roulons dans l’Etat de Guerrero, entre jungle et montagne. Cet État est contrôlé en grande partie par les narcos et la présence militaire est importante et puissamment armée de M16. Le gouvernement tente de reprendre du territoire aux cartels mexicains qui sont devenus très puissants après la mort de Pablo Escobar et le nettoyage qui s’est ensuivi en Colombie. 30 % des terres cultivables du Mexique serait consacré à la culture de la marijuana. Ces cultures ne sont pas visibles de la route car disséminées sur le versant intérieur des montagnes. A l'approche de Tecpan, l'air sent fortement la marijuana; c’est le travail de destruction de l’armée qui brûlent les cultures.
Sur le bord d’une route,profitant d’un arrêt pour demander notre route, j’achète des produits naturels à base de miel : savons, miel “de la sierra”, “miel de café” (j’ai hâte d’y goûter!) et aussi un bidon de “Propoliptus”, un mélange de miel, eucalyptus,propolis, sauge et citron qui soignera, je l’espère, ma gorge fragilisée par un coup de froid chopé à cause du p…. de ventilateur de l’hôtel Nirvana.
Bizarrement, le café est dégueulasse au Mexique et on ne nous sert que du Nescafé soluble; un comble pour un des premiers pays exportateurs ! Les États de Guerrero,Oaxaca et le Chiapas sont les principaux producteurs.
A Tenaxpa, nous prenons à gauche pour Playa Michigan. Après un village assoupi dans la torpeur de cet après-midi moite, ou nous surprenons des vieux tout vêtus de blanc en train de disputer une partie de dominos, nous nous engageons dans un chemin de terre défoncé, entre cocotiers et bananiers. Si on se fait enlever là, c'est sûr, on ne nous retrouvera pas ! Après une vingtaine de minutes cahotantes, nous voilà enfin parvenus à l'embarcadère pour playa Michigan. Nous négocions le passage en barque à 200 pesos (un peu plus de 10 euros). Nous naviguons à proximité d'un village en bord de mer ou des enfants jouent dans l'eau et accostons enfin. La civilisation semble déjà loin. Des paillotes, quelques tentes, des poules et des cochons en liberté et une plage déserte.
Nous élisons domicile chez Herrenderia et son mari, 2 jeunes mexicains fort sympathiques. Il accroche 3 hamacs sous la paillote. Ah oui! J'ai oublié de vous dire ! Je m'apprête à passer ma première nuit à la belle étoile, dans le confort rudimentaire d'un hamac !
Nous courons batifoler dans les vagues avant que la nuit tombe. Le soir venu,je m'enduis abondamment d'anti-moustiques et m'attable sur l'invitation d'Herrendiera qui nous propose du poisson fraîchement pêché. Pour moi,ce sera une palometa,un poisson grillé non identifié mais fort délicieux. Je suis éreintée du voyage et me love tant bien que mal dans mon hamac, tandis que les garçons discutent avec un musicien originaire du défé(D.F. pour Districto Federal, c'est comme ça qu'on désigne la ville de Mexico), venu camper avec des amis dont je vous reparlerai bientôt. Vais-je réussir à faire la nuit dans mon hamac sans me casser la gueule ? Rien n'est moins sûr !
Je m'endors très vite,bercée par le rugissement des vagues et le chant des criquets. Quelle nuit ! Mon sommeil a été entrecoupé de mouvements pour essayer de trouver une position un peu confortable et combattre le froid et l'humidité, peine perdue ! J'ai guetté le lever du soleil avec impatience pour aller réchauffer mon corps et reposer mon dos vermoulu sur le sable. Mes compagnons d'infortune n'avaient pas l'air plus heureux, recroquevillés sur eux-mêmes, l'un avec le col roulé relevé jusqu'au sommet du crâne !
Heureusement, un spectacle réjouissant allait bientôt me réchauffer le sang ....