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2yeux2oreilles - Page 36

  • Et si ?

    Lu ce témoignage qui m'a laissée songeuse dans le train :

    "Ma mère souffre d'Alzheimer. Au début, j'esssayais de la raisonner lorsqu'elle divaguait, jusqu'à l'épuisement. Désormais, je vis sa maladie comme une leçon de vie sur le lâcher-prise. Elle est tellement dans le moment présent !

    Elle a gardé son tempérament joyeux et même si son esprit s'égare, elle est toujours là physiquement pour m'entendre lui dire combien je l'aime."

    Et si la terreur qu'inspire la maladie d'Alzheimer n'était que celle de perdre le contrôle, de ne plus pouvoir se rattacher au passé ni se maintenir dans l'illusion de pouvoir prévoir la seconde qui vient ? Et pour les proches, impuissants, désemparés, la peur de ne plus être dans ni dans la mémoire de l'être aimé ni dans son futur immédiat. L'incapacité à se réjouir de ce petit miracle : sa présence.

    Et si c'était ça, le bonheur ? Redevenir un enfant, sans conscience du temps. Se fier à ses intuitions, ses sensations, et elles seules. Prendre un je t'aime pour ce qu'il est, ni une réparation ni une promesse mais une déclaration au présent. 

    J'essaie, de plus en plus souvent, de goûter l'instant présent. Ecouter le souffle paisible de quelqu'un qu'on aime à ses côtés, dans la nuit, entendre le sourire d'une amie qui finit par transformer les torrents de larmes en éclats de rire, lire les mots d'amour d'une soeur d'un autre sang, se réjouir d'avoir réussi à faire d'une relation une amitié, malgré les malentendus et les maladresses. J'essaie et c'est bon.

  • J'suis vraiment une branleuse

    Mon client cette semaine a les cheveux longs (et accessoirement un joli petit cul). Ça me fait penser que je ne suis jamais sortie avec un homme aux cheveux longs. Ça a failli mais ça a seulement failli. En d’autres termes, il s’en est fallu d’un cheveu.

    [Parenthèse : Celui-là d'ailleurs, que je nommais affectueusement la diva, je l’aurais capillotracté avec plaisir pour lui faire payer son insolence. Ça m’aurait sûrement fait plus d’effet que l’espèce de daube que je viens de finir, « Cent nuances de Grey » pour ne pas le nommer, best seller, je me demande bien pourquoi. Faut croire que la vie sexuelle de ses lectrices est bien morne pour qu’un dominateur mou du genou et une gamine de 22 ans qui s’en remet à Dieu toutes les deux pages les émoustillent. Pour ma part, c’est du niveau érotique des Harlequin que je piquais à mamie Coco pour titiller mes émois d’adolescente]

    Mon client aux cheveux longs utilise des expressions locales comme « aussi bien » à la place de « de toute façon ». Il se plaint de « son réseau d’brin » mais est « fin heureux » du résultat de la formation.

    Et j’ai fini ma prestation sur la dernière connerie de Fiso, qui devrait détendre les zygomatiques de Eniomel. Attention, c’est du lourd …

    Le dernier jour, la directrice est entrée dans le bureau pour nous saluer comme chaque matin. Elle a exprimé sa satisfaction des résultats obtenus. Et là, j’ai dit : « On a sorti un premier jet hier matin et ensuite on a pignolé … heu … fignolé les horaires ».

    La directrice n’a pas bougé un cheveu, ni mon client. Moi non plus, mais faut dire que j’en ai plus beaucoup sur le caillou.

    A posteriori, comme je ne comprenais pas comment j’avais pu remplacer fignolé par pignolé, j’ai laborieusement reconstitué mon cheminement intérieur et réalisé que j’avais fait un mix entre peaufiné et fignolé.

    En revanche, le mystère demeurait entier sur l’inertie de mes interlocuteurs face à mon magnifique dérapage verbal. Pignoler serait-il est une expression inconnue dans le coin ? Mon honneur serait-il sauf ?

    Le même soir, devant une pizza aux Maroilles et une bonne bière, je racontai ma mésaventure à mon oncle et ma tante. Qui ne bougèrent pas d'un poil jusqu’à ce que je leur explique ce que pignoler voulait dire. Mon honneur est sauf.

  • 2013

    2012 fut vraiment pour moi une année de merde. Des pépins de santé, tenaces mais heureusement éliminés, une dégradation de nos conditions de formation et de l'ambiance dans ma boîte, et des renoncements affectifs, difficiles mais nécessaires.

    Mais aussi, puisqu'il faut contre-balancer avec du positif, la mise à profit de ma solitude pour m'offrir du repos, de la réflexion. Laurent et Quine m'ont apporté quelques réponses, ont soulevé quelques questions aussi. Et mes ami(e)s ne m'ont pas lâchée.

    Et puis une année avec mon frère, revenu à Paris, et des amitiés nouvelles au travail, et des liens renforcés. La décision de quelqu'un que j'aime profondément de prendre enfin soin de lui. Et un baiser inoubliable sous la pluie. 

    Et pour 2013, qui a démarré avec un méga coup de blues, l'application d'une étude réalisée par mon amie Quine, ne plus souhaiter mais agir : balancer des CV, prendre des cours de chant et des cours d'allemand. J'ai repris le sport, abandonné depuis mai dernier : piscine et corde à sauter.

    En 2013, il faut que ça dépote !

  • La petite fille de monsieur Linh à la Folie Théâtre

    la petite fille de monsieur linh,philippe claudel,la perle de dalianQuittant précipitamment le musée, j’ai couru rejoindre un collègue que j’aime beaucoup. Je lui ai offert récemment un de mes livres cultes, « La petite fille de monsieur Linh » de Philippe Claudel, et il a découvert sur internet que la pièce du même nom se jouait actuellement à la Folie Théâtre, dans le 11ème.

    Comme à la lecture de cette merveilleuse et douloureuse histoire d’exil et d’amitié, si pudique, j’ai eu les larmes aux yeux, et je crois que lui aussi, car ce conte parlait de son pays natal sans jamais le nommer.

    La pièce est agrémentée de jeux de lumière en ombres chinoises du plus bel effet, et ponctuée de la voix d’un enfant et de chants mélancoliques « dans la langue du pays ». La pièce est prolongée jusqu’au 3 février et je vous recommande de la découvrir.

    Du coup, comme on était dans le quartier, on a fini à la Perle de Dalian. Mon convive, aventurier, a satisfait ma curiosité en commandant des oreilles de porc pimentées en salade ainsi que des raviolis au porc haché et piments verts, délicieux et piquants comme il faut !!!  Mon plat ce soir là fut un guoba aux trois trésors, un savoureux assortiment de seiches, crevettes et coquilles Saint Jacques posées sur des galettes de riz soufflé. Surprenant, léger et délicieux.

    Et lorsque, imitant mon compagnon de la veille, je me suis chargée des desserts et que l’hôtesse a posé devant nous les bols fumant contenant les tāngyuán, mon collègue a poussé un cri de joie et m’a claqué deux bises sonores.

    La fin du repas fut un peu mouvementée à cause de la table voisine où deux jeunes chinois, après s'être saoulés au saké, ont fini par vider leur tripes. Je vous passe les détails mais c'est confirmé, j'ai l'estomac bien accroché.

  • Le Musée des Lettres et Manuscrits

    Weekend super culturel pour Fiso : après l’expo Hopper, samedi, un guide perso et passionné m’a fait visiter, dimanche, le musée des Lettres et Manuscrits, sis boulevard Saint Germain.

    Un hôtel particulier qui abrite des documents rares, grâce à la volonté du fondateur du musée, Gérard Lheritier,  de rapatrier en France notre patrimoine. On y trouve des documents historiques, comme une lettre traitant de la guerre de Cent Ans et signée de Charles V, une autre du maréchal Leclerc, planifiant la reconquête de Paris par la 2ème DB ou encore une lettre d’amour de Napoléon Bonaparte à Joséphine de Beauharnais. Le document qui m’a sans doute le plus impressionnée, c’est le procès de Louis XVI, où Robespierre, Danton et le duc d’Orléans, neveu du roi, votent sa mort, qui remportera à une voix près la majorité.

    Et l’anecdote historique la plus charmante que mon guide m’ait racontée, c’est celle des boules de Moulins, ces sphères étanches en zinc pouvant contenir jusqu’à 700 lettres. Cet ingénieux mais inefficace système fut mis en place par les provinciaux pour communiquer avec Paris assiégé par les Prussiens (dans l’autre sens, les Parisiens utilisaient les ballons montés et pigeons voyageurs). La dernière boule de Moulins fur retrouvée en 1988, et son contenu, propriété de la Poste, remis aux descendants des destinataires selon le principe que la mission de distribution du courrier n'a pas de limite dans le temps. Le courrier confié à La Poste doit arriver coûte que coûte (source Wikipédia).

    Dans la section Littérature, on trouve des documents de Romain Gary, et aussi des poèmes d’Aragon, des lettres de Baudelaire et André Breton. La section Musique dévoile de magnifiques partitions « pattes de mouche » de Schumann, Ravel et Tchaïkovski.

    Comme le faisait remarquer mon guide, ces témoignages de la vie d'hommes et de femmes illustres sont d'autant plus précieux qu'aujourd'hui, avec l'avènement de l'ordinateur, les manuscrits sont en voie de disparition et le cheminement de la pensée des auteurs disparait dans les méandres du clavier gommeur de ratures.

    Le site du musée (voir lien plus haut) permet déjà de visiter virtuellement cet endroit et même de zoomer sur des documents rares.