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J'aime - Page 22

  • Baudelaire : L'albatros

    Pour Stéphane, 

    Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
    Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
    Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
    Le navire glissant sur les gouffres amers.

    A peine les ont-ils déposés sur les planches,
    Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
    Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
    Comme des avirons traîner à côté d'eux.

    Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
    Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid !
    L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
    L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !

    Le Poète est semblable au prince des nuées
    Qui hante la tempête et se rit de l'archer
    Exilé sur le sol au milieu des huées,
    Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

  • Le couple, invention récente ? (suite)

    Hier soir, j'ai donc participé à mon premier "Café de l'amour". La rencontre avec Philippe Brénot, anthropologue et psychiatre, fut riche en échanges. Nous avons poursuivi le débat autour d'un bon repas (et je suis rentrée à 1h du matin, ravie). Le seul moment où j'ai été en difficulté a été lors de la séquence de "la méditation de l'amour". Pas facile de soutenir le regard d'un inconnu ...

    Comme promis, voici un résumé de ce que j'ai entendu au cours de ces 3 heures passionnantes. 

    Sur le couple à travers l’histoire de l’humanité :

    Au Moyen Age, la durée de vie des couples était de 13 ans et de 25 ans au 19ème siècle. Aujourd’hui, avec l’augmentation de l’espérance de vie, elle peut dépasser 40 ans au cours desquels plusieurs tranches de vie se succèdent. Autrefois, on était dans une société du destin : les mariages étaient arrangés et l'individu était le produit de sa condition sociale. A présent, chacun est responsable de soi-même et de son bonheur. Condamné non seulement à être libre, mais heureux.»

    La notion de couple telle qu’on l’entend dans la société occidentale date des années 1970. C’est l’arrivée de la pilule qui a modifié le rapport  hommes - femmes. Avant la pilule, la seule forme de couple était le  « mariage », indissoluble et voué à la procréation. Les hommes faisaient leur éducation sexuelle dans les bordels et les femmes ne la faisaient pas. Tout était fait pour maintenir hommes et femmes dans l’ignorance du sexe, mot qui par ailleurs était tabou. Une fois que le couple a éliminé la question de la fécondité, que celle-ci a pu être contrôlée, il a découvert le plaisir et la recherche du bonheur.

    Sur les différences entre hommes et femmes

    Les hommes sont naturellement polygames, comme 96 % de mâles mammifères, car destinés à perpétuer l’espèce. Ceci s’explique aussi par le fait que la paternité est ignorée, la grossesse chez les mammifères femelles étant cachée, ce qui n’est d’ailleurs plus  vrai aujourd’hui avec l’apparition du test de paternité. Auparavant, il n’y avait aucun moyen de savoir qui était le père de l’enfant. D’ailleurs, de nombreuses cultures sont basées sur un système matrilinéaire où seule l’ascendance maternelle est prise en compte dans la filiation. Dans plusieurs sociétés africaines par exemple, l’enfant porte le nom de sa mère car il est à coup sûr, « l’enfant de sa mère ». Il n’a pas un mais des pères, qui sont tous les hommes de l’âge de sa mère.

    En Occident, dans les 10 premières années de sa vie, la petite fille prend conscience de son destin de femme et de mère. Elle a très vite une idée assez précise de l’homme de sa vie et fait des projets. L’homme, quand à lui, ne commence à penser aux enfants qu’environ 6 mois après le début d’une relation. C’est ce qui explique qu’il est désemparé face à l’assurance de la femme et sa hâte à fonder une famille. Ca fait 25 ans qu’elle l’attend !

    Chez les femmes, le rêve de l'amour avec un grand A est toujours présent, observe Philippe Brenot, anthropologue et psychiatre. La plupart des divorces sont demandés pour cause de déception, car le décalage par rapport à l'idéal de soi et du partenaire est renforcé par l'image de tous ces couples parfaits que l'on voit dans les magazines ou au cinéma. »

    Les comités de rédaction des magazines féminins refusent d’ailleurs de parler de sujets graves, comme la misère sexuelle, parce qu’il faut continuer à faire rêver. Les micro-trottoirs vous donnent systématiquement des témoignages de gens qui font l’amour tous les jours et vivent une relation épanouissante.

    Après le mensonge des contes de fées, les magazines féminins entretiennent le mensonge de l’amour idéal. On veut nous faire croire qu’il est normal que ça marche, or c’est l’inverse qu’il faut comprendre : le sexe n'est pas naturel, il est culturel et le fruit d'un apprentissage.

    Après des siècles de domination par l'homme, aujourd'hui la femme ne le craint plus. C'est lui, l'homme, qui vit désormais dans la crainte d'être jugée par elle.

    Sur le secret d’une relation réussie

    Il est primordial qu’hommes et femmes comprennent qu’ils n’ont pas les mêmes attentes.

    Les hommes doivent savoir, car ils l’ignorent, que la femme remet en question et teste son couple pratiquement tous les jours. Le moindre changement d’attitude est source d’angoisse. Elle a besoin d’être rassurée, mais l’exprime rarement. L’homme en revanche est en CDI dans sa relation. C’est ce qui explique d’ailleurs que bien souvent, au moment de la rupture, il tombe des nues devant une catastrophe qu’il n’a pas vu venir.

    Dans huit cas sur dix, les ruptures conjugales sont donc à l'initiative des épouses. « Les motifs de divorce, chez les hommes, sont en règle générale liés à la baisse du désir physique. Tandis que les femmes, elles, expriment une insatisfaction plus profonde, de ne plus exister en tant que personne, d'être un rouage de la machine familiale, de ne plus être entendues et écoutées »

    Le désir naît du manque. Il s’use donc encore plus vite chez les couples fonctionnant sur un mode fusionnel.

    Le secret des couples qui durent réside dans la capacité des conjoints à inventer des couples successifs et à entretenir un érotisme, c'est-à-dire une tension du désir de l'un pour l'autre.

    La sexualité ne survit pas à la possessivité, à la perte de liberté, à la dépendance, au besoin d’exclusivité. En revanche, un couple mature, composé de deux personnes véritablement autonomes, peut réussir à vivre une sexualité épanouie au long cours.

    Sur les sites de rencontres

    Les sites de rencontres satisfont les hommes plus que les femmes. Car les homme s’accommodent plutôt bien d’une vie faite de rencontres successives et éphémères alors que les femmes en souffrent profondément.

    Sur l’échangisme

    Là encore, c’est un comportement qui répond aux fantasmes de l’homme, dans la mesure où sa sexualité est stimulée par la vision d’autres couples copulant. La femme s’y adonne par peur de perdre l’homme.

    Sur la masturbation

    Philippe Brenot fait l’apologie de la masturbation. Il souligne que 95 % des hommes se masturbent, ce qui explique qu’ils n’ont généralement pas de problèmes sexuels parce qu’ils ont fait l’apprentissage de leur corps et se sont « auto-érotisé ». L’érection est un réflexe et contrairement aux croyances, n’est pas lié au désir.

    En revanche, les femmes ont souvent une grande méconnaissance de leur corps. Elles ne découvrent le plaisir qu’à travers la relation sexuelle avec les hommes. A la question « Pratiquez-vous la masturbation », elles répondent d’ailleurs souvent « Pour quoi faire ? Je fais l’amour trois fois par semaine ».

    Sur le célibat

    « Beaucoup de femmes célibataires sont des veuves qui s'ignorent, affirme Philippe Brenot. Nombreuses sont celles qui ont vécu une séparation douloureuse. » Et qui préfèrent élever seules les enfants de leur vie antérieure, dont la nostalgie les mine secrètement.

    Philippe Brenot conclut en observant, malgré toutes les difficultés, le désir de chacun de vivre un couple monogame amoureux de longue durée.

    Et vous, quelle est votre vision du couple ? Quelles sont vos difficultés face à cet autre, si différent et pourtant si convoité ?

  • Cheveux d'homme

    3cded61bcce9f105f782de39a77f239c.jpgUn billet de Filaplomb qui rend hommage à la féminité me donne l'occasion de rebondir sur une nouveauté dont je me réjouis.

    Avez-vous remarqué que la mode actuelle, pour les hommes, n'est plus aux cheveux très courts ou rasés mais aux coupes courtes déstructurées, à l'image du modèle ci-dessus ?

    Au hasard de mes voyages dans les transports en commun, j'ai observé cette nouvelle tendance sur de jeunes garçons. J'ai trouvé l'effet très séduisant et j'ai quelquefois eu envie de plonger mes doigts dans ce beau désordre de mèches soyeuses.

    Rien de plus félin qu'une mèche rebelle sur un homme mal rasé.

    J'envie les jeunes filles d'aujourd'hui. Les cheveux ras et bien rangés des hommes de mon âge me frustrent.

    Qu'en pensez-vous ? Etes-vous séduite, vous aussi ?

  • Les Starloozes en juin

    3 concerts des Starloozes en juin :

    le 2 au pub O'Gradys à Saint Ouen (35 av Jean Jaurès), à partir de 21 h - entrée libre

    le 16 au Cavern dans le 6ème arrondissement (21 rue Dauphine), à partir de 22 heures - entrée libre

    le 21 au parc Pinel au Kremlin-Bicêtre ....

    TOURNEE GENERALE A LA COMETE !!!

     

  • Toritcho

    medium_toritcho_78434.jpgMardi soir, je suis allée rendre visite à ma copine "Honey Bunny" pour lui donner la boîte de thé rapportée de Tokyo. Thé non indentifié, la seule chose compréhensible sur la boîte étant "Ume Konbucha". A l'ouverture, nous découvrons d'étranges vermicelles colorés, je suppose qu'il s'agit de thé instantané. Comme nous n'avons pas encore dîné, je lui propose d'aller manger des sushis dans notre cantine japonaise, Toritcho, que j'ai déjà mentionné sur cet espace. Ce sera aussi l'occasion de leur montrer mes photos de leur pays et de leur donner les drôles de friandises que je leur ai ramenées.

    Nous poussons la porte du restaurant, par chance, il reste des places au comptoir, nous saluons le patron, le serveur ainsi que les maîtres sushis et nous y installons, entre un couple d'occidentaux et 2 vieillards japonais. Nous commandons 2 soupes de udon qui ne figurent pas sur le menu, ce sont de grosses nouilles de blé de couleur blanche. Je montre mes photos de Tokyo au patron et un des vieillards à côté de moi se mêle à la conversation et m'apprend qu'il est né juste à côté de Shinagawa, le quartier ou j'étais. J'apprend que c'est un quartier riche. Je lui montre les photos. Nous commençons à discuter, il m'apprend qu'il est peintre ainsi que son compagnon qui a exposé au British Museum. 

    Il s'appelle M. Sumiya Michio et le peintre célèbre s'appelle M. Kenji Yoshida. M. Yoshida vit en France depuis 42 ans et aura 82 ans le 24 mai prochain; il s'est engagé comme kamikaze sous la seconde guerre mondiale juste avant que la guerre ne se termine. Ce sont 2 vieillards très élégants et souriants, M. Yoshida a un pantalon large à bretelles et une chemise en coton. L'ambiance est très détendue, Honey Bunyy est hilare, la petite fille du patron court dans l'entrée en riant aux éclats et M. Michio nous offre une bouteille de saké que nous buvons avec eux et l'équipe du restaurant. Quand je leur confie que je rêve de retourner au Japon et en particulier à Kyoto, le maître sushi, Isao, m'apprend qu'il est né à Kyoto. Après notre savoureux bol de udon, dans lequel baigne un oeuf, une grosse crevette, du canard et des légumes, M. Yoshida et M. Michio nous font goûter des oeufs de daurade et des oeufs de mulet fermentés. J'ai bien aimé la deuxième proposition. Nous parlons du Japon avec le patron, je les fais bien rire en leur parlant des toilettes japonais. J'apprend aussi que laisser un pourboire n'est pas insultant mais qu'en fait c'est un concept totalement inconnu au Japon et qu'ils ne comprennent pas de quoi il s'agit. Il me dit aussi qu'il est très difficile pour eux d'apprendre des langues étrangères à cause de la prononciation. Nous repartons vers 23h après avoir laissé nos coordonnées aux 2 peintres et ma boîte de friandises au patron. Le Toritcho est vraiment un de mes restaurants préférés, il y règne une ambiance familiale et conviviale dans laquelle je me sens bien.

    Toritcho au 47 rue du Montparnasse, Paris 14ème