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2yeux2oreilles - Page 42

  • Je me suis fait un nouveau voisin !

    En cette fin d'été, perdue dans mes pensées, j'arrive au terme de mon voyage métropolitain quand une voix chaude me tire de mes rêveries. Je tourne la tête, croise son regard, mon rayon de soleil souterrain est là, guitare en main. Une après-midi déjà, je l'avais aperçu, sur le quai opposé, grattant les cordes avec des frères de couleur.

    Terminus, le wagon se vide, je m'attarde, le hèle par son prénom africain, qu'il a remplacé par un pseudo d'artiste plus anglophone. Nous cheminons ensemble en bavardant. Peu de concerts à venir, la gloire annoncée se fait désirer et la carrière d'Oumar semble avoir raté son prometteur envol. Je demande pourquoi Oumar est devenu Kinsy, il s'enquièrt de ma préférence : j'ai toujours aimé l'authenticité.  

    La présence d'Oumar en bout de ligne s'explique : il habite mon quartier et effectue régulièrement le voyage en chantant. Chemin faisant, je demande des nouvelles de son (ex) manager, qui m'avait repérée ici-même et comme il se demande comment je connais Thierry, je lui raconte ce soir de 2007.
    "C'était toi, la blogueuse ?" s'écrie Oumar.

    Mon billet, visiblement, l'avait touché. Il donne son numéro de téléphone, m'embrasse et lève le doigt avant de s'éloigner "Surtout, ne me lâche pas, ok ?".

    A l'air libre, je le regarde s'éloigner. Oumar et moi, ça y est, les présentations sont faites !  

  • D'Alain à l'autre

    Dans le train entre Bruxelles et Paris, j'envoie un sms au groupe d'amis que je dois rejoindre à mon arrivée. La belle Nantaise est parisienne pour quelques jours et à la faveur d'une formation annulée par mon client, je vais pouvoir me joindre à eux pour la soirée. Dans ma boite mail, je découvre, éberluée, l'adresse où mes compagnons festoient déjà. D. a osé ! Après l'Oustaou, voilà que mes proches continuent d'investir mes repaires !

    En retrouvant le quartier de ma jeunesse, je regrette un instant que mon ami ait choisi cet endroit car le fils du boxeur ne sera pas là ce soir. C'est oublier qu'une soirée dans le bistrot jaune est toujours riche en surprises.
    Je soulève le heurtoir, un homme m'ouvre et me demande le mot de passe avant de me livrer passage. Calée par les deux St Feullien que je me suis sifflé en terrasse à Bruxelles, je picore dans l'assiette de la piquante Nantaise tout en racontant ma folle journée à mes camarades.

    Un peu plus tard, un homme vieillissant s'approche de notre table, micro en main.
    "Tiens, tu n'étais pas là toi tout à l'heure !" dit-il en me tendant la main. Il  plonge un regard perçant dans les notres et nous offre "J'me voyais déjà", que nous ne tardons pas à entonner avec lui, puis "Je bois". Je découvre que la belle Nantaise est, comme moi, amatrice des mélodies de Charles. Amusée, je fais le deuil de mon espoir de récupérer ce soir de mes nuits trop courtes. On ne "passe" pas chez le boxeur, on s'y installe et on n'a plus envie d'en partir. Minuit, 2 heures, quelle différence, finalement ?

    Après la poignante "Mamma", je demande "Les deux guitares", ma préférée sans doute, puis l'homme qui enchante ma soirée caresse les cheveux de D. sur "Comme ils disent", nous faisant rire, et enfin nous nous époumonons sur La bohème.
    Vers minuit, je suis en train de danser avec D. sur "Ring ring ring" de De La Soul, puis je valse avec l'homme au visage creusé, le laissant essoufflé. Au hasard des conversations, nous découvrons qu'il habite notre quartier. "Vous venez boire un verre à la maison ?" demande-t-il. C'est parti, nous 3 en voiture, les 2 hommes en scooters.

    Dans l'appartement de notre hôte, baigné d'un sensuel halo bleuté, une barre de métal fixée à la rembarde et ornée de lanières en cuir attise ma curiosité et délie ma légendaire spontanéité  :"Dis donc, tu fais dans le sado-maso ou quoi ?"  
    Après une seconde d'hésitation, il avoue une vie sexuelle un peu débridée, qu'il illustre en ouvrant un placard rempli de gadgets sexuels dont un gigantesque godemiché. Nos têtes éberluées auraient mérité à cet instant, je crois, une photo souvenir ...

    Passée la surprise, nous nous installons sur le sofa et D. s'écrie à côté de moi : "Quand je pense que quand j'amène une fille chez moi, je lui montre mon robot Kenwood ! Je suis vraiment à côté de la plaque !"
    - Laisse tomber le Kenwood, D., et trouve-toi un truc qui vibre" lui dis-je en éclatant de rire.
    S'ensuit une bonne demi-heure de déconnades, encouragées par les récits orgiesques de A., libertin depuis plus de 30 ans et inscrit à l'Amicale des Pompiers. Nous nous taquinons et si ça ne vole pas très haut, nous rions de bon coeur. Pourtant, au fil des minutes, son ton se fait plus grave et il se confie à la belle Nantaise :
    " Dans la vie, t'es libertin ou t'es cocu, y'a pas d'autre choix."
    Je renchéris "Tu peux aussi être libertin et cocu". "C'est vrai, l'un n'empêche pas l'autre.
    Il continue, s'adressant à D. : " Tout ce que tu peux imaginer au niveau cul, je l'ai fait. Tu me donnes une feuille, tu écris ce que tu veux, je te coche toutes les cases. Du cul, j'en ai autant que je veux. Je passe un coup de fil, là, j'en ai plusieurs qui arrivent dans la demi-heure. Mais aujourd'hui, je suis comme un con, tout seul, c'est pathétique. Les femmes que j'ai aimées ou épousées, elles se sont toutes barrées.

    Il plonge son regard dans les yeux de la belle Nantaise :
    " Tu sais ce que c'est mon plus grand fantasme aujourd'hui ? Serrer dans mes bras une femme que j'aime, et m'endormir avec elle. Juste la serrer contre moi, même sans cul. C'est triste, hein ?"
    Il narre ses amours défuntes, les morts toujours vivants, ses regrets, ses enfants, les corps s'enchevêtrant, la surenchère de la chair jusqu'à l'écoeurement. Il parle d'amour, nous enjoignant de le vivre à 200%, parce qu'il ne dure pas, jamais, de le dévorer à pleine dents, de savourer le grain d'une peau, d'avaler chaque souffle de vie.

    Je regarde ses mains qui se tordent dans une supplique muette, j'écoute ses mots qui ont perdu leur écho et je suis partagée. Son numéro de clown triste n'est-il pas celui du prédateur espérant attendrir la chair fraîche et si proche ?
    Seul le danger suscite la peur et je ne me sens pas en danger. Je trinque donc au hasard de cette soirée improbable qui nou a tous réunis. Et à cette soif de vivre chaque instant qui me fait dédaigner la raison.
    Il est plus de 2 heures lorsque chacun de nous retourne à sa solitude. Pensive, je regarde le traversin qui orne ma tête de lit. Est-ce qu'un jour moi aussi je dormirai contre lui pour me donner l'illusion d'une présence ?

  • Le Ferdi, bistrot chic et sexy

    Je n'écris pas beaucoup ces dernières semaines mais j'ai de belles adresses gourmandes à partager.
    Jeudi dernier, au coeur du triangle Pyramides-Concorde-Vendôme, je suis enfin entrée dans le restaurant Ferdi, rue du mont Thabor, dont j'avais parcouru la carte avec goumandise, une de ces rares journées ensoleillées de juillet où j'avais pédalé jusque là. Je ne me lasse pas de ce prestigieux quartier, devenu un des miens et inscrit au catalogue de mes balades Parisien d'Un Jour, depuis qe j'y ai rencontré les deux joyeux compères de l'Oustaou
    Le restaurant bar Ferdi, pourvu d'une petite terrasse, est un endroit tout en longueur et baigné de lueurs tamisées, au décor chaleureux.Tout comme l'est l'accueil d'un fort bel homme dont l'invite à nous installer est ponctuée d'un "Bienvenus à la maison".

    Sur la banquette en fond de salle, nous inspectons les murs couverts de photos, jouets d'enfants et clichés pleins d'humour...

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    On nous présente la carte des "envies" en même temps que la liste des plats indisponibles, précaution d'autant plus appéciable qu'elle est souvent oubliée ailleurs. Peu de choses m'agacent autant que le temps passé à choisir un plat pour s'entendre dire qu'il n'est pas disponible.

    Le beau brun ténébreux entreprend avec nous, bons clients que nous sommes, une joute verbale aussi drôle qu'insolente et satisfait notre curiosité en nous contant la reconversion du patron, auvergnat qu'un accident a privé de son emploi manuel. La carte des envies, c'est la cuisine que sa femme vénézuelinenn aime cuisiner et manger, un étonnant cocktail aux saveurs sud-américaines, espagnoles et américaines.
    On y trouve pêle-mêle une salade César (16€), du coeur de filet de saumon fumé norvégien et ses pommes de terre grenailles (26€), un tarama à la truffe noire et toast viennois (15€), du tomaquet (pan con tomate),  des mini sardines de Galice (10€), des burgers, un risotto aux cèpes (17€), du jambon serrano de Trevelez (14€) et même une sobrassada de Mallorca sur pains grillés (10€), la fameuse pâte à tartiner au chorizo que je mangeais à Jerez lors des pauses avec mes stagiaires andalous.
    Le serveur, qui travaille chez Ferdi depuis 5 ans et voue visiblement une admiration sans bornes à ses patrons, se fait l'ambassadeur des produits raffinés, venant de producteurs, comme le sel de noisette et le nuciola, Nutella corse.
    Après un cocktail, nous distribuons aux deux jeunes femmes qui nous accompagnent leurs cadeaux d'anniversaire et nous résignons à faire un choix parmi toutes les envies, optant pour un assortiment à partager.

    Nostalgique de mes soirées espagnoles avec Cesc et Kique, je choisis des poivrons del Piquillo, avec leur toast à l'ail blanc et vieux Manchego (12€). Bons mais quand on est habitué à débourser moins de 5€ pour la même chose en Espagne, ça fait un peu mal au cul ...(excuse my french)

    La jolie brune à ma gauche jette son dévolu sur un ceviche de cabillaud mariné au citron vert et coriandre (16€), et le seul homme de la table, des peppadews, mystérieux fruits sud-africains farcis de fromage frais. Le grand gagnant,à mon goût, de ce premier set, fut le ceviche, frais et acidulé, sur lequel nous nous sommes tous rués.

    Une assiette Bomba Latina (30€), mélangeant viande effilochée, empanadas, boulettes, arepitas, bananes plantains, haricots noirs, riz avec oeuf de caille et guasacaca dans laquelle nous picorerons, complète notre table. .
    Les arepitas, ce sont des petites galettes de mais de la taille d'une hostie. En 2004, au Venezuela, mon frère et moi en mangions à tous les repas ou presque, de ces mervelleuses galettes chaudes et moelleuses, cachées derrière un linge blanc, que nous tartinions généreusement de crème fraîche. Chez Ferdi, elles sont au parmesan. Le guasacaca (10€ à la carte), bien plus fin que son nom, est une mélange rafraîchissant d'avocat, tomates, oignon doux et coriandre, parfaitement assaisonné.

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    Chez Ferdi, les desserts ne sont pas en reste. Si le chocolat chaud qui les accompagnait, trop liquide, n'arrivait pas à la cheville de son cousin espagnol, mes churros(10€) étaient croustillants et aériens à souhait.

    Les mini babas au rhum et limoncello (8€) du seul homme de la table ne valait pas, à mon avis, qu'on s'y attarde et la madeleine tiède au miel de chataîgniers et sa boule de glace café (8€) me paraissait quelque peu surtaxée. En revanche, le dessert de Pao (10€) de ma voisine de gauche, des abricots rôtis au miel, était joliment présenté et visiblement savoureux.

    Mon verdict ? La note est un peu salée (et les cocktails à 12€ la font vite grimper), quartier prestigieux oblige, la carte riche d'envies plus appétissantes les unes que les autres. Mais surtout, on se sent très bien chez Ferdi, comme à la maison en effet, et l'accueil exceptionnel, ponctué de l''humour polisson de son charmant ambassadeur, y est pour beaucoup. J'y reviendrai ! 

    Ferdi au 32 rue du mont Thabor, Paris 1er (01.42.60.82.52)

  • Le Patio, restaurant camarguais à Mauguio

    Ils me gâtent, ces deux-là. A chacun de mes séjours chez eux, je repars ragaillardie et ... très alourdie. C'est qu'on n'est pas au régime chez Lancelot ! Assiette de bulots-crevettes (miam !), tarte au citron maison (re-miam !) parsemée d'amandes effilées (à croire que Lancelot connaît mes petits péchés mignons), tout est bon.

    Le samedi soir, ils m'avaient réservé une surprise. Un dîner au restaurant le Patio, à Mauguio. Au bout d'une impasse, une imposante bâtisse en pierres, ancienne ferme, et un cadre très chaleureux. Au-dessus du comptoir d'accueil, de drôles de maximes donnent le ton.
    Dans l'immense salle à manger, vide à notre arrivée, trône un immense grill en fonte. Au mur, des affiches célèbrent la Camargue et un de ses symboles : le taureau. Les couleurs sont chatoyantes, entre rouge, framboise et vert pastel.

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    J'ai lu de très désobligeantes critiques sur internet et il est vrai que le Patio pratique des prix particulièrement élevés mais je dois dire que pour nous, ce fut un sans faute : nous nous sommes régalés. La côte de taureau (28€) me faisait méchamment saliver mais j'ai opté pour la chair délicate et parfumée de l'incontournable lapin grillé à l'aioli (24€), une merveille. Lancelot avait choisi un tajine de taureau aux amandes (17€) et TiNours, je ne sais plus. A la carte, on trouve aussi le cochon de lait de Bigorre à la broche. Et chanter du bout des lèvres avec les musiciens gitans qui ont accompagné une partie de notre repas ne fut pas le moindre de mes plaisirs de la soirée.

    Le Patio, Grand'Rue, impasse Molière à Mauguio (Tél : 04.67.29.63.90)

  • Le seul poème qu'on m'aie jamais écrit

    Toi ma perle du Pacifique
    Toi qui viens d'une de ces îles magnifiques
    Tu es mon soleil, mon été,
    Depuis que je t'ai retrouvée.
    Ta chaleur m'a réchauffé le coeur
    Et je ressens un grand sentiment de bonheur
    Malgré tous les printemps qui nous ont séparés
    Nous voilà de nouveau réunis, c'est notre destinée.
    Je voudrais te pêcher et te garder
    Pour moi, contre moi, m'enivrer
    Du sucre de ta peau
    Et ne pas en souffler mot
    A personne de peur qu'il ne te vole
    A mon être, dont tu es l'idole.

    Toi ma perle magnifique
    Quel est ce don magique
    Que tu as pour réveiller en moi
    Toutes ces choses, cet émoi
    Que nous appelons Amour
    Et qui pour moi rime avec toujours
    Quoi de plus beau que ce sentiment
    Quoi de plus grand, quoi de plus puissant
    Par un seul de tes mots
    Tu peux me faire sourire
    Et pour un seul de tes mots
    Je suis prêt à mourir
    Pour mette fin à ce petit poème
    Je te dis simplement : JE T'AIME !!!

    Sur les photos où les bleus de l'océan et du ciel éclaboussent le regard, nous sommes deux bébés blonds et bruns. J'ai entendu son prénom pendant toute mon enfance car son père était un grand ami de mes parents.Il était mon plus vieux copain, en quelque sorte.

    Et puis, à l'aube de ma vie de femme, le hasard de la vie nous réunit mais son exaltation romantique, ses toujours et ses jamais effraient la jeune fille que je suis alors. La passion ne m'a jamais fait rêver. J'ai fui ses appels et n'ai jamais revu Fabien que je sais aujourd'hui père de famille.

    C'est le seul poème qu'un homme m'ait écrit. Il est touchant mais l'inexpérience de sa jeunesse lui enlève beaucoup de saveur. Je l'ai pourtant conservé toute ces années, pressentant peut-être qu'il serait unique. Comme j'aurais aimé recevoir, ensuite, un poème ou même une lettre d'un homme amoureux qui sait que toujours et jamais n'existent que dans les contes. Un homme qui n'aurait rien promis et m'aurait aimée au présent.

    Et à l'instar de CUI, dont la série "Penses-tu encore à moi ?" me passionne, je me demande quel impact mon indifférence a eu alors et ensuite sur Fabien.