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2yeux2oreilles - Page 59

  • Retour à Casablanca

    Nous atterrissons à Casa vers 17h30 heure locale. A notre sortie de l'aérogare, une surprise nous attend : un copain de Yo' est venu nous chercher. Nous savourons notre plaisir car le trajet en train de l'aéroport jusqu'à la gare de Casa-Port prend près de 2 heures.

    La nuit est tombée lorsque nous entrons dans la ville et retrouvons le joyeux bordel qui la caractérise : un flot désordonné de mobylettes et voitures nous fonce dessus, d'abord de la droite, puis de la gauche. Une mobylette transporte 4 passagers, monsieur au guidon, un tout-petit coincé entre lui et madame, et un gamin à l'arrière, cramponné à sa mère.

    Notre hôtel se trouve à la lisière de l'ancienne médina, sur la place Ahmed Bidaoui, anciennement place amiral Philibert, comme en témoigne une vieille plaque. Je le connais car c'est là que séjournait J., que j'ai rencontré ici il y a exactement un an. L'hôtel Central est charmant, doté d'un réseau wifi gratuit et notre chambre, avec ses murs jaune soleil et ses embrasures de fenêtre bleu indigo, repeinte à neuf comme en témoignent les relents de peinture fraîche.

    casablanca,restaurant du port de pêche,la sqala

    Après avoir posé nos valises, nous proposons à Lotte de dîner avec nous et j'entraîne mes compagnons vers le port et l'enseigne lumineuse bleue du restaurant du port de pêche, dont j'avais apprécié l'atmosphère désuète et les assiettes de poissons, l'année dernière. Après une assiette de chipirones à partager en entrée, nous commandons deux tajines de poisson - trop salé pour moi - et Lotte, une friture de merlans. Lorsque nous quittons le restaurant, une queue impressionnante de dîneurs s'étire jusque dans l'escalier orné de filets de pêche.

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    Lotte, fatigué de sa journée de travail, nous donne rendez-vous à Rabat, notre prochaine étape, et reprend sa voiture.Je suis impatiente de revoir les jolis regards de A. et N. et propose à Yo un verre à la Sqala, qui se trouve à quelques centaines de mètres de notre hôtel. N. m'embrasse et nous guide jusque dans le jardin fleuri où un groupe de musiciens chante la chanson préférée de Yo'. K., qui m'avait consacrée son jour de repos l'année dernière, nous installe et nous apporte des glaces aux amandes et à la fleur d'oranger, ainsi que du thé à la menthe.

    Il est minuit lorsque nous regagnons notre chambre. Sur la place, l'animation est encore vive et je sombre vite, bien contente d'avoir toujours sur moi mes bouchons d'oreille ...

  • Brassens est en moi


    Agrandir le plan

    (psst ! Je teste une nouvelle fonctionnalité : dessiner mes itinéraires sur Google maps. C'est top, vous pouvez suivre mon parcours et zoomer à loisir. Je le mettrai en place sur les balades précédentes.)

    Aujourd'hui, je suis partie sur mon vélo, la tête pleine des anecdotes d'un livre passionnant "Je me souviens du 14ème arrondissement", décliné pour chaque arrondissement de Paris. Le temps est magnifique, ces jours-ci, et je ne me déplace qu'à vélo.

    J'ai emprunté l'avenue du général Leclerc, ai reluqué la fesse du Lion de Denfert-Rochereau et y ai décelé la cicatrice de sa blessure de guerre. Hé oui, le Lion, petit frère réduit aux deux tiers de celui de Belfort, s'est fait griller la couenne des fesses un soir de fête où un oriflamme lui est tombé dessus. Car il est en cuivre, le fauve, et pas en bronze comme l'indiquent de nombreux guides. Bref, on lui a cousu une plaque de cuivre sur le cul et ni vu, ni connu, l'affront fut lavé. Il paraît qu'on peut lire des inscriptions sur sa statue, mais je me demande bien qui, aujourd'hui, pourrait traverser la place et atteindre le Lion avant de se faire écrabouiller. Pauvre Lion, tout seul au milieu des bagnoles ..

    Moi je file sur mon vélo et emprunte maintenant la portion la plus sinistre de l'avenue Denfert-Rochereau, peut-être à cause de la présence de l'hôpital Saint-Vincent de Paul. Je bifurque dans la rue Cassini, à la recherche des traces d'un bougna, bistro et marchand de charbon. Hélas, le café a disparu. La rue Cassini débouche sur l'avenue de l'Observatoire, où se trouve justement l'Observatoire de Paris, plus ancien observatoire en service dans le monde. Les tentes de quelques sans-abri sont installés devant sa grille. L'observatoire indique le "temps universel coordonné" ; il est 17 heures 22, indique un faisceau lumineux. 

    A quelques pas de là, un immeuble singulier et orné d'une fresque à sa base attire mon regard. De retour chez moi, j'apprendrai qu'il s'agit d'un immeuble Art Déco des années 30, construit par Charles Abella. Jean Moulin y aurait vécu.

    mon 14ème,brassens

    La rue Cassini, où vécurent également Honoré de Balzac et Alain-Fournier, méritera une deuxième visite mais pour l'heure, je file sur l'avenue de l'Observatoire, tourne à gauche sur le boulevard du Montparnasse, jette un rapide coup d'oeil à la Closerie des Lilas, repaire d'Apollinaire, James Joyce et F. Scott Fitzgerald avant de tourner à gauche dans la rue Campagne Première. Au n°3, un immeuble quelconque a remplacé le célèbre restaurant "Chez Rosalie", devant lequel Utrillo et Modigliani se battaient quans ils avaient un peu forcé sur la bouteille.

    En haut de la rue, presqu'à l'angle du boulevard Raspail, un imposant et très bel immeuble que j'ai déjà remarqué, en passant en bus à proximité. Il date de 1912 et Aragon et Man Ray louèrent ses ateliers.

    mon 14ème,brassens

    Je traverse le boulevard Raspail et immortalise le Raspail Vert avant d'emprunter le boulevard Edgar Quinet. J'appelle Bibiche qui est chez lui, il descend avec son fils, avec lequel j'ai fait l'andouille en Martinique l'été dernier, beau gosse qui n'en finit pas de grandir. Nous faisons quelques courses puis Bibiche m'accompagne dans ma quête du Montparnasse d'avant. Je prends un cliché du Bobino, où j'allais danser quand j'étais jeune. Même Bibiche se prend au jeu du avant / après.

    mon 14ème,brassens

    Puis nous descendons la rue d'Odessa et nous postons au milieu des bagnoles pour retrouver l'angle du photographe d'alors. Ca n'a pas beaucoup changé, hein ? La banderole lumieuse du Cinéac de Montparnasse, qui diffusait alors chaque heure les actualités, a été remplacé par celui des Galeries Lafayette. Le café "Le Saint-Malo", lui, est toujours là ...

    mon 14ème,brassens

    En remontant la rue d'Odessa que j'ai arpenté dans tous les sens des dizaines de fois, je découvre les traces des Bains d'Odessa; on a même laissé l'enseigne. Depuis que je lève le nez, j'en découvre des choses. Et je ne me suis même pas encore mangé un poteau (mais ça ne saurait tarder ...)

    (en fait, de retour chez moi, je découvre que les Bains d'Odessa sont toujours actifs et même un des plus vieux bains de Paris, reconvertis en sauna gay. Pourtant, leur entrée ressemble à un immeuble d'habitation tout ce qu'il y a de plus normal)

    Bibiche, il assure côté bouffe, il te fait même des petits dômes de riz comme au restaurant. Et il a une collection de pantoufles qui déchirent, je ne m'en lasse pas.

    mon 14ème,brassens

    Après un bon dîner de noix de Saint-Jacques aux épices, je reprends mon vélo.

    "Prends la rue, au feu à droite", dit Bibiche. Tu rejoindras la rue des Plantes, c'est tout droit et il n'y a pas beaucoup de circulation. 

    - La rue à droite, c'est celle qui traverse le cimetière du Montparnasse ?, dis-je avec une grimace.

    - Oui, pourquoi ? J'ai grandi en face d'un cimetière, répond-il.

    Je prends la rue Emile Richard qui coupe le cimetière dans lequel reposent Sartre, de Beauvoir, la chanteuse Joelle de "Il était une fois" (j'ai encore rêvé d'elle, vous vous souvenez ?), Baudelaire et Gainsbourg. Un crachin breton tombe maintenant et les rues luisent.

    Dans la rue des Plantes, je me ravise et bifurque à droite, rue Hippolyte Maindron, où se trouvait l'atelier de Giacometti, pour rejoindre la rue de l'Ouest et une épicerie indienne, Happy Malikai où j'achète du ghee. Du coup, me voilà au métro Plaisance et le titre de ce billet s'explique.

    En parcourant "Je me souviens du 14ème arrondissement", j'ai appris que la si émouvante chanson "L'Auvergnat" de Brassens fut écrite en hommage à monsieur Malet, patron du café situé à l'angle des rues Bardinet - Alésia, qui eut pitié de l'infortune du poète sétois et lui offit l'assiette de soupe du soir. Chez l'Auvergnat, c'était là :

     mon 14ème,brassens

    La maison de Jeanne est juste là, à quelques mètres, au fond de l'impasse Florimont que j'aperçois en la dépassant. 

    Et vous savez quoi ? Le plus drôle, c'est qu'en arrivant chez moi, je zappe sur les chaînes de télévision et regarde les derniers instants d'une émission sur la 3, "Brassens est en nous", sur le générique de laquelle chante Renaud, un autre habitant du 14ème arrondissement, qui grandit avenue Paul Appell, le long du stade Elizabeth. Alors, je n'ai pas résisté, j'ai écrit ce billet.

    Je n'ai pas fini d'arpenter les rues du 14ème arrondissement, et de vous parler des artistes, des poètes et des Bretons, et de le faire découvrir aussi aux touristes inscrits aux balades de Parisien d'Un Jour ...

    Pour ce soir, c'est fini. J'ai pourtant plein de billets en brouillon mais je m'envole demain pour Casablanca la belle et un périple qui me mènera jusqu'à Tanger, en passant par Rabat, Fès et Meknès. A bientôt !

  • Le chant du cygne

    Elle avait un jour fait irruption sur mon blog. Sans doute en tapant le nom de l'association sur un moteur de recherche, elle avait atterri sur 2yeux2oreilles et laissé un commentaire sympathique sur le billet où j'annonçais mon adhésion à Parisien d'Un Jour. J'avais reçu peu après un mail où dans lequel, ayant sans doute perçu mon goût pour le théâtre, elle me proposait de l'accompagner à l'un ou l'autre des nombreuses pièces auxquelles elle assistait chaque semaine.   
    Après plusieurs ratés, j'avais posé une option sur "Le chant du cygne" de Tchekhov, qu'on jouait au théâtre du Lucernaire, un endroit assez magique, construit en 1975 sur le site d'une usine de chalumeaux, que j'avais furtivement découvert un soir avec F., un copain de mon quartier.

    1316517109_affiche le chant du cygne_300.jpg« Tard dans la nuit, sur la scène d’un théâtre, est resté là, comme oublié, un vieil acteur, qui s’entraine à vieillir, à mourir.
    Lui reviennent, un à un, des personnages qu’il a pu jouer dans le passé de sa vie. Mille rôles de lui-même en d’autres costumés, mille morts, à présent, qui jadis l’ont joué. Fantômes de lui ou ceux des autres, sans cesse lui revenant. Nous revenant.
    Ce soir, de cet effondrement de lui-même en lui-même, dans ce théâtre déserté, seul le vieux souffleur, son ami, son garde-fou, son double, sera le spectateur.
    Il va partager, le temps d’une nuit, le bruit assourdissant des pages d’un livre que le vieil acteur ouvre au hasard : le livre d’un personnage qui se souvient … du livre dans lequel il est écrit.
    C’est la parole soufflée du grand Tchekhov qu’ils parleront tous deux.
    Celle, vertigineuse et souvent drôle, de notre livre oublié. »

    A l'approche du Lucernaire, j'appelle M. "J'ai les cheveux gris et des lunettes rouges, dit-elle. Je t'attends dans l'entrée."
    Nous faisons connaissance et discutons de nos premières visites au sein de PDJ avant de nous installer au 2ème rang du théâtre rouge.
    Le spectacle commence. Sur scène, Nicolas Chupin, sans âge, entame un monologue. Peu après, dans un coin, une forme s'agite : c'est Serge Noël, digne et beau dans sa chemise ouverte, qui joue le rôle du vieillard plongé dans ses souvenirs.

    Je n'ai pas le talent de Marsupilamima pour décortiquer une pièce et transmettre mon enthousiasme. Je peux juste dire, tout simplement, que j'ai été hypnotisée par les jeux de lumière et de miroirs, les costumes, l'énergie et la drôlerie de Marie Frémont, le regard intense de Nicolas Chupin. La gravité alterne brillamment avec le comique. En particulier, le duel entre Marie Frémont et Nicolas Chupin est hilarant. On en s'ennuie pas un instant, j'ai passé un délicieux moment, avant de boire un verre avec M. au café Vavin, à quelques pas de là. Merci, M. !

  • A l'est des rails

    Peu avant 11 heures, je quitte les couloirs chauds du métro pour le parvis glacé, quoiqu'ensoleillé, de la gare de l'Est. Ce matin, j'ai rendez-vous pour une visite du CNOF, le Centre National des Opérations Ferroviaires de la SNCF, au 21 de la rue d'Alsace. "Je viens pour une visite" dis-je aux deux hommes à l'entrée, qui pointe mon nom sur une liste. A l'accueil, sous une verrière lumineuse, on me remet un badge et un homme en costume prend en charge le petit groupe de bénévoles parisiens du jour.
    La visite commence dans le passage qui relie la rue d'Alsace à celle du Faubourg Saint-Denis. Notre guide nous présente d'abord le bâtiment qui fut construit pour abriter le siège de la compagnie ferroviaire d'alors. Le bâtiment de briques de deux couleurs, serti de mosaïques et de grandes fenêtres habillées de métal bleu, jure étrangement avec celui qui le prolonge pourtant parfaitement. Ce dernier fut en effet ajouté quelques années plus tard et son architecture est beaucoup plus classique et imposante, pour s'acorder à l'architecture de la gare. L'"embarcadère de Strasbourg", comme on appelait alors la gare de l'Est, plus ancienne des gares parisiennes actuelles, fut construit en 1849 et inauguré par Napoléon 3.
    Dans le passage, un superbe mur végétal de 1400 m² et 27 mètres de haut recouvre la quasi-totalité de la façade. C'est la plus grande réalisation de Patrick Blanc , inventeur de ce concept.

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    Notre guide nous invite maintenant à pénétrer au coeur du sujet. Tout d'abord, une vidéo nous présente le Centre National des Opérations Ferroviaires, créé en 1999 à l'initiative de Guillaume Pépy et suite aux problèmes rencontrés en 1997 dans le Rhône. En vue de l'ouverture à la concurrence, la SNCF a confié la gestion de ses infrastructures à la RFF. Le réseau SNCF, c'est 30.000 kms de ligne, 15 à 20.000 trains par jour, 1 milliard de voyageurs par an et 500 millions de tonnes de fret. Le CNOF coordonne les actions des 23 centres régionaux.
    Jean-Louis explique les raisons des nombreux problèmes que doit gérer le centre : absentéisme, matériel défaillant, intempéries, incivilités, vol de matériel.
    Les exemples que donnent Jean-Louis me font réviser mon jugement sur les messages d'excuse maintes fois entendus en gare et qui me donnent à chaque fois un rictus agacé.

    Les signaux d'alarme tirés dans les trains ? Dans la plupart des cas, ils le sont pour convenances personnelles : permettre à des compagnons de voyage retardataires de prendre le train, récupérer son bagage oublié sur le quai, obtenir un billet de retard de la SNCF etc.
    Les intempéries (10 cms de neige qui me faisaient doucement rigoler l'hiver dernier) ? Notre guide nous explique que sur les lignes à grande vitesse, la neige se transforme en glace et lors d'un croisement avec un autre train en autant de projectiles qui détériorent le matériel.
    La SNCF fait aussi face à un accroissement des vols de matériel, notamment des câbles qui contiennent un cuivre précieux et cher. Ces actes occasionnent en moyenne 35 dépôts de plainte pour vol par semaine. Pour y remédier, la SNCF, en plus de faire appel à des rondes de police, enterrent désormais ces câbles qui jusqu'ici, étaient enserrés dans des sortes de caniveaux munis d'un couvercle.
    Mes compagnons de visite demandent si les grèves ont un impact. Depuis la loi qui oblige les grévistes à se déclarer, la SNCF prévoir un plan de transport alternatif.


    Nous quittons le hall et rejoignons la plateforme, tour de contrôle du réseau ferré national. Les photos sont maintenant interdites. La plateforme du CNOF emploie environ 100 personnes qui travaillent en 3 x 8. Sur 3 rangées, chaque bureau dispose de 2 à 6 écrans où des lignes matérialisent l'avancée des trains et des rectangles, leur ponctualité (vert) ou retard (rouge). Dans l'angle, le modeste bureau du Directeur des Opérations.
    Après 1 heure 30, notre guide nous invite à remplir une évaluation. En discutant avec lui, j'apprends que notre conférencier, ancien commercial à la SNCF, est maintenant retraité. D'ailleurs, si cela vous intéresse, vous pouvez vous inscire pour une visite .

  • 40 !

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    "Life begins at 40", they say.

    Un petit plaisantin avait coiffé Molière d'un cône rayé. Moi je n'ai pas bu beaucoup d'alcool. Les mélanges improbables étaient dans la salle, des blogueurs (ses), un échantillon impressionant de notre pourtant toute petite famille, quelques hommes perdus sans collier, de vieux amis, collègues et aussi des rencontres mythiques.

    Un beau brun a l'allure de jeune premier a bravé les grèves - vive le covoiturage - pour venir danser avec nous. Il m'a laissé un film chaud comme son sourire, un conte drôle et cruel, que je languis de revoir depuis des années, Zorba le Grec, hymne à la liberté. Le samedi soir, je n'ai pas résisté à sa vingtaine toute fraîche et l'ai emmené manger un mafé du côté de Parmentier.
    Il y avait lui, le solitaire si sensible, et à mon cou, j'ai demandé qu'il accroche un bijou vert comme l'île qui nous a réunis, un soir de coupe du monde. Et puis il y avait elles, leur élégance, leur douceur, que j'ai connues ici, que j'ai imaginées, devinées, découvertes. Il y avait mes hommes, qui m'aiment mieux que ne le font leurs congénères hétéros. Il y avait ma fratrie, mon sang, mes protégés, et ma petite soeur protectrice et généreuse, et son grain de beauté, là, et un autre ailleurs mais c'est classé secret famille.
    Il y avait lui, qui est aussi bavard en petit comité que silencieux en groupe, lui que j'ai réellement découvert en août, au hasard d'une bière du côté de Saint-Germain, une bien belle soirée, un sacré bonhomme.
    Il y avait une main qui pensait être à l'abri des regards pour caresser sa croupe, derrière le rideau de velours, mais c'était sans compter la lucarne indiscrète du passe-plats.
    Il y avait deux entrecôtes sous-vide et deux couillons qui ricanaient de leur bonne blague.
    Il y avait elle, à laquelle je pense chaque jour, et qui répond qu'elle m'aime. Désormais, je l'emmènerai chaque semaine avec moi et peut-être que je me sentirai mois seule. Peut-être.

    Il y avait lui, mon boxeur, que j'ai appelé en larmes quand la fête était terminée et que la pluie tombait.  
    Il y avait ce paquet tellement gros que je ne l'ai pas cru pour moi, et pourtant si. Quel dommage qu'il s'en aille, il m'a touchée en plein coeur, le ténébreux gentleman, et à ses lèvres, j'ai bu le plus enivrant des cocktails. Happy hour.